Dégel rapide des droits de scolarité

Québec impose une première hausse de 50$ pour septembre

Université - démocratisation, gouvernance et financement

Québec - Le gouvernement Charest procédera sans attendre au dégel des droits de scolarité. Dès septembre, les universités québécoises hausseront les droits de 50 $ pour la session d'automne, comme l'a promis le Parti libéral du Québec durant la campagne électorale. Cette première hausse sera suivie par des augmentations de 50 $ à chacun des semestres pour les cinq prochaines années.
C'est ce qu'a confirmé, hier, le cabinet de la ministre de l'Éducation, du Loisir et des Sports, Michelle Courchesne. La ministre fera rapidement la recommandation du dégel des droits de scolarité universitaire au Conseil des ministres et au Conseil du trésor, a précisé, hier, son attachée de presse, Valérie Grenier.
Le gouvernement a la main haute pour fixer les droits de scolarité qui font l'objet d'un gel depuis 1994. Point besoin d'un projet de loi qui aurait entraîné un débat et un vote à l'Assemblée nationale, ni même d'un décret gouvernemental. La simple modification par le gouvernement des règles budgétaires du ministère relatives aux universités est suffisante. Le dégel, ce n'est donc pas une question qui peut menacer le gouvernement minoritaire de Jean Charest.
Si le Parti québécois s'oppose au dégel des droits de scolarité, l'Action démocratique du Québec est favorable à ce dégel. Mais il doit se limiter à l'indexation des droits de scolarité en fonction du coût de la vie, a précisé le chef de l'ADQ, Mario Dumont, en campagne électorale. Or, c'est à un rattrapage d'environ 5 % par an que procédera le gouvernement Charest, en tout point conforme à son engagement électoral. Ainsi, les droits de scolarité, qui sont fixés à 1668 $ pour une session de 15 crédits dans toutes les universités québécoises, passeront à 2168 $ en 2011-2012, une augmentation de 30 % en cinq ans.
Parallèlement, le gouvernement entend majorer les prêts et les bourses pour faire en sorte que les étudiants les moins bien nantis ne soient pas touchés par cette hausse. Michelle Courchesne entamera prochainement des consultations sur les modalités d'application de cette bonification du programme de prêts et bourses, a indiqué Mme Grenier.
Selon le recteur de l'Université Laval et président de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ), Michel Pigeon, les universités ont suffisamment de temps pour modifier les droits de scolarité dès septembre si le gouvernement annonce sa décision ce printemps. «Pour nous autres, charger [sic] plus cher, ce n'est pas une affaire compliquée», a-t-il dit au Devoir.
M. Pigeon a rappelé que la CREPUQ n'avait pas de position sur le dégel des droits de scolarité. Lors de la commission parlementaire en février, les recteurs des universités se sont tous montrés favorables à la hausse des droits de scolarité - Université Laval, Université de Montréal, Université McGill, Université Concordia, Université de Sherbrooke - sauf les recteurs des composantes de l'Université du Québec, qui craignent l'effet de ces augmentations sur l'accès aux études universitaires.
Hier, Michel Pigeon se réjouissait que le gouvernement Charest remplisse sa promesse électorale. «Ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait le plus de monde possible qui puisse aller à l'université. Donc, il faut que ceux qui ont les moyens de payer paient et que les autres, on les aide. Ce n'est pas mystérieux comme principe», a-t-il indiqué.
Les associations étudiantes, comme la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), entendent se mobiliser pour contrer le dégel des droits de scolarité. Mais selon M. Pigeon, «une augmentation modeste et bien prévisible, ça ne créera pas de dérangement majeur». Les associations étudiantes en font une question de principe, estime le recteur, «mais l'étudiant moyen, je pense, il est beaucoup plus tolérant».
En cette fin d'année scolaire, les associations étudiantes auront du mal à serrer les rangs. Les étudiants «n'auront pas le temps de se mobiliser au mois d'août mais ils vont peut-être tenter de se mobiliser en septembre et octobre», croit-il.
C'est au gouvernement de convaincre la population et les étudiants que le dégel est une bonne chose. «Ce qui est important, c'est qu'ils tentent de faire la démonstration à la population et aux étudiants que ce n'est pas pour les empêcher d'aller à l'université [...].S'ils font bien leur job, ça devrait passer», prévoit Michel Pigeon.


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