Québec -- La communauté anglophone est très mécontente du peu de place que le premier ministre Jean Charest a réservé aux élus anglophones au sein de son dernier conseil des ministres. Les anglophones, qui ont voté massivement pour les libéraux le 26 mars dernier, comme à leur habitude, ne sont représentés que par Yolande James, une jeune ministre sans grande expérience, alors qu'au dernier remaniement de février 2005, ils pouvaient compter sur trois ministres chevronnés, soit Lawrence Bergman, Geoffrey Kelly et Thomas Mulcair.
«On est inquiets», a livré hier Sylvia Martin-Laforge, directrice générale du Quebec Community Groups Network, un organisme, financé par le gouvernement fédéral, qui a pris le relais de la défunte Alliance Québec. Mme Martin-Laforge se demande si Yolande James pourra «porter le fardeau de représenter la communauté anglophone du Québec. C'est toute une responsabilité».
«On nous tient pour acquis», estime la mairesse de Westmount, Karen Marks. «On a toujours eu une représentativité quand on était avec un gouvernement libéral et, oui, c'est un changement. C'est difficile de croire que ça n'a pas été pensé du tout, que c'est une erreur qui s'est produite.»
Les libéraux, qui ont gagné haut la main dans leurs forteresses de l'ouest de l'île de Montréal aux dernières élections, ont tout de même perdu plusieurs dizaines de milliers de voix, a souligné Mme Marks. La mairesse a cité l'exemple de la circonscription de Jacques-Cartier, où la majorité de l'indélogeable Geoffrey Kelly a fondu de près de 10 000 voix. Ce député a obtenu un pourcentage des votes de 18 points moins élevé qu'en 2003 même s'il a recueilli 70 % des suffrages.
Alors que le gouvernement Charest est minoritaire, l'Action démocratique du Québec pourrait maintenant constituer un choix possible pour les anglophones, croit-elle. «Avant, on n'avait qu'un choix. Avec l'ADQ, ça ouvre une autre porte», a-t-elle dit, précisant que Mario Dumont devra tout de même expliquer clairement aux anglophones ce qu'est l'autonomisme. «Parmi les anglophones, il y avait une méfiance.»
En outre, les électeurs ont tendance à voter pour un parti qui a des chances de prendre le pouvoir. «Il n'y avait personne qui pensait que l'ADQ pouvait gagner. Ce n'est plus le cas», a-t-elle fait valoir.
Dans son éditorial d'hier, le quotidien The Gazette a réagi avec colère à la composition du conseil des ministres arrêtée par M. Charest. C'est une «insulte aux anglophones», écrit le journal, «une gifle méprisante envers les anglophones et les allophones qui lui ont permis de demeurer en poste».
Pour sa part, le député de D'Arcy-McGee, Lawrence Bergman, profondément déçu, panse ses plaies après avoir perdu son portefeuille du Revenu. Il a indiqué hier qu'il entendait «travailler d'arrache-pied comme député à l'Assemblée nationale pour être une autre voix pour la communauté anglophone du Québec».
Au cabinet du premier ministre Charest, son attaché de presse, Hugo d'Amours, a précisé hier que les anglophones n'ont pas de représentants attitrés au sein du conseil des ministres mais que les députés de leur circonscription, souvent des francophones, sont chargés de les représenter. «C'est un cabinet de 18. On a dû faire des choix. C'est un exercice difficile qui ne rend pas tout le monde heureux», a-t-il plaidé.
Les anglophones se sentent trahis
Jean Charest a nommé une seule des leurs au conseil des ministres
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