Le scénario de l'apocalypse

L'apocalypse serait donc celle de Jean Charest et du Parti libéral du Québec

PLQ - le parti du Canada... anglais, du West-Island, des fédéralistes purzédurs

Pas l'apocalypse pour tout le monde d'ailleurs puisqu'elle devrait asseoir Mario Dumont dans le fauteuil du chef du gouvernement avant la fin de l'année, et permettre à André Boisclair de sauver sa tête! L'apocalypse serait donc celle de Jean Charest et du Parti libéral du Québec.
Évidemment, pour que tout cela se réalise, il faudrait qu'il y ait des élections au Québec, c'est-à-dire que Jean Charest, de son plein gré ou contraint par un vote de non-confiance, en réclame. Quand on m'a présenté ce «scénario», mercredi dernier, je n'y ai tout simplement pas cru. Mais trop d'indices se confirment les uns après les autres pour qu'il n'y ait pas anguille sous roche.
Premier indice: la vie devient de plus en plus impossible pour le chef péquiste, André Boisclair. Certains chroniqueurs se chargent d'ailleurs de la compliquer davantage chaque jour. Il est clair que le chef du PQ ne pourra tenir longtemps sous une telle pression. Quelque chose devra donc survenir qui détourne l'attention des grognons du PQ, le plus vite possible, dans quelques semaines s'entend.
Deuxième indice: Monique Jérôme-Forget devrait présenter un nouveau budget dans le courant du mois de mai. Son patron lui a déjà confié le mandat de diminuer les impôts des Québécois, en particulier de la classe moyenne. L'augmentation des versements fédéraux au titre de la péréquation devrait lui permettre cette générosité mais cela ne suffira pas et, attendez-vous, après le dégel des frais de scolarité, à une augmentation des tarifs des Centres de la petite enfance. Il n'y aura décidément plus rien de sacré avec ces libéraux!
Troisième indice: Mario Dumont a déjà annoncé qu'il sera fidèle à la tradition parlementaire britannique voulant que «la très loyale opposition de Sa Majesté» refuse systématiquement sa confiance au gouvernement, donc s'oppose à tous ses budgets. La surprise viendra cette fois d'André Boisclair, qui annoncera à la dernière minute que sa formation aussi votera contre le budget - en osant s'en prendre aux sacro-saintes garderies à sept dollars par jour, les libéraux lui fourniront une bonne excuse. Les forces en présence à l'Assemblée nationale opposeraient donc les 47 libéraux aux 77 membres de l'opposition. Même si quelques députés péquistes devaient refuser de participer à cette opération - hypothèse bien improbable d'ailleurs --, le gouvernement est trop loin du compte pour espérer sauver sa peau.
Le verdict à Lise Thibault?
Que peut-il arriver alors? La lieutenant-gouverneur, Lise Thibault, pourrait consulter des experts dont quelques-uns lui diront sans doute que, si tôt après une élection générale, elle serait justifiée de demander à Mario Dumont de tenter de former un autre gouvernement. Outre que celui-ci refuserait sûrement, Mme Thibault n'a plus la crédibilité ni l'autorité morale pour tenter un tel coup. Des élections sont donc inévitables et André Boisclair devient un intouchable.
Il est probable qu'en cas d'élections générales, le chef du Parti québécois sauvera sa peau pour plus longtemps qu'une simple campagne électorale. Quoiqu'on en parle moins, la grogne est aussi forte dans les rangs de la députation libérale que dans celle des péquistes. Le chef Jean Charest a refusé de nommer d'anciens ministres estimés comme Geoffrey Kelley, Lawrence Bergman ou Pierre Paradis, ou encore Fatima Houda-Pepin, à des postes d'adjoints parlementaires. Yvon Marcoux et Jacques Chagnon ruminent leur vengeance dans un coin. L'acharnement de Jean Charest à refuser d'offrir au moins quelques lots de consolation aux ministres limogés est considéré comme de la mesquinerie.
On peut s'attendre à ce que cela n'aille guère mieux que la dernière fois dans les circonscriptions à majorité francophone du Québec, où Jean Charest n'a fait élire qu'un seul député sur une cinquantaine. Selon Jean-Marc Léger, à peine un quart des électeurs francophones sont prêts à appuyer des candidats libéraux. Quant aux communautés anglophones, juives et arabes de Montréal, elles sont particulièrement mécontentes d'être mal représentées au sein du cabinet provincial. On peut s'attendre à un ressac de l'ampleur de celui qu'on avait vu en 1976 contre Robert Bourassa et sa politique linguistique faisant du français [Loi 22] la langue officielle du Québec.
Résultat de ce scénario d'apocalypse: Mario Dumont premier ministre, André Boisclair chef de l'opposition officielle, et le Parti libéral réduit au rang de tiers parti. Ce ne sera pas forcément fatal pour le PLQ, mais cela sauvera pour un temps la tête d'André Boisclair...
La grogne est aussi forte dans les rangs de la députation libérale que dans celle des péquistes.
«Tu m'en dois une!»
Mario Dumont n'est pas de bonne humeur: quelques ministres conservateurs - Jean-Pierre Blackburn, Lawrence Cannon, Michael Fortier... - n'ont pas fait ce qu'il fallait pour faire élire des candidats de l'Action démocratique dans leur région. Une semaine après les élections, j'ai rencontré privément Mario Dumont et je lui ai lancé, un peu à la blague: Stephen Harper a dû vous dire que vous lui en devez toute une avec les résultats du 26 mars!
«Ce serait plutôt le contraire», a répliqué le bonhomme d'un ton sec. Oups! Et le chef de l'ADQ de poursuivre, avant même que j'aie eu le temps de l'y inviter: «Il n'a pas beaucoup collaboré avec nous pendant cette campagne-là, certains de ses ministres en particulier... On a des gens qui s'étaient commis beaucoup pour eux [lors de la campagne fédérale de janvier 2006]. On s'est parlé... Je suis un gars franc!»
Si vous aviez vu les yeux du chef de l'Action démocratique, vous auriez compris qu'il est vraiment fâché! Tous ces ministres conservateurs qui se prétendent lieutenants de leur chef au Québec auront un sérieux examen de conscience à faire. La prochaine fois risque d'être très différente: Jean Charest n'est plus un cheval sur lequel il est prudent de parier.


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