C'est le temps de nouvelles élections à Ottawa

Il ne manque pas de graves raisons de faire tomber ce gouvernement...

De Kyoto à Bali

Au diable la spéculation! Je connais une bonne poignée de raisons de renverser le «nouveau» gouvernement du Canada et de sommer l'électorat de trancher des questions de vie et de mort pour le pays.
J'exagère? Le discours des environnementalistes, par exemple, devient de plus en plus dramatique: le comportement du gouvernement fédéral face au réchauffement de la planète serait déterminant pour les générations futures. Mais si c'est aussi grave que les oppositions le disent, pourquoi ne forcent-elles pas des élections?
Il est important de rappeler que l'un ou l'autre des trois partis d'opposition peut présenter aux Communes une motion de non-confiance. Avec ses 125 élus, sur 308, le Parti conservateur ne peut continuer à diriger le pays sans l'appui d'au moins un des trois partis d'opposition. Alors, allons-y pour les raisons de faire tomber ce gouvernement minoritaire.
Je ne pense pas que ce soit jamais arrivé qu'un gouvernement, ici ou ailleurs, tombe sur une question liée à la gestion de l'environnement. Mais on ne rit plus. Les prédictions les plus catastrophiques se multiplient. D'ici une cinquantaine d'années -- deux générations d'êtres humains seulement -- la planète au complet serait menacée. La plupart des pays du monde se sont entendus sur une réplique -- le protocole de Kyoto -- qu'il est urgent d'exécuter. Le Parti libéral du Canada, le Bloc québécois et le Nouveau parti démocratique sont d'accord avec ça. Mais plus le gouvernement s'entête à refuser d'appliquer le protocole, ou plus il gaspille son énergie à vouloir préparer autre chose, plus il nous rapproche de l'échéance fatidique. Alors vite! Une motion de censure...
Le ministre de la «Dépense» nationale, Gordon O'Connor, semble en proie à une véritable folie dépensière. Par exemple, tout en affirmant que le Canada n'a pas l'intention de s'éterniser en Afghanistan, il passe la commande d'une centaine de chars allemands «Léopard» de deuxième génération. Les livraisons ne commenceront pas avant l'an prochain, quelques mois avant le retrait des troupes du Canada d'Afghanistan! Nous achetons des hélicoptères, clés en main, de Boeing, mais nous les payons deux fois plus cher que l'armée américaine! Ces achats «exceptionnels» s'ajoutent à un programme d'achats déjà lourd à porter pour le Trésor public. Arrêtez-le! Il est fou! Vite, une motion de censure.
La politique étrangère du Canada et notre stratégie de défense nationale sont en train de nous isoler des pays modérés de la planète qui voyaient le Canada comme un élément temporisateur face aux «va-t-en guerre» du Pentagone et de l'OTAN. Il avait fallu presque un demi-siècle -- depuis Lester B. Pearson en fait -- pour bâtir une telle réputation sur la scène internationale. Nous sommes en train de la détruire irrémédiablement. Il serait temps de mettre fin à cela par une motion de censure.
Après de pénibles débats, un consensus s'était fait au Canada pour assurer au moins l'enregistrement des armes à feu afin que les policiers sachent à qui ils ont à faire lorsqu'ils interviennent dans un domicile. La semaine même du massacre de Blacksburg, en Virginie, le gouvernement fédéral confirme qu'il va poursuivre le démantèlement du Registre. Qu'attend-on pour censurer un tel cynisme?
Et sur un plan plus régional, j'aimerais beaucoup voir les ministres de l'Industrie, Maxime Bernier en Beauce, et du Développement économique régional, Jean-Pierre Blackburn, au Lac-Saint-Jean, se présenter devant leurs électeurs et défendre leur politique de désindustrialisation du Québec. Cela fait des mois que le ministre de la Défense arrose des multinationales américaines de plantureux contrats totalisant presque la vingtaine de milliards de dollars. Il faudra attendre trente ans avant qu'une telle manne repasse. Les deux ministres refusent d'assumer leurs responsabilités d'assurer une répartition équitable des retombées économiques. Vite une motion de censure pour que l'on sache ce qu'en pensent les Québécois!
Le gouvernement conservateur a rempli toutes les promesses de la dernière campagne électorale. Il s'engage maintenant dans de nouveaux programmes et prend des orientations politiques qui n'ont pas été vraiment débattues. Certains auront des conséquences qui se répercuteront sur des décennies. Peut-être, après tout, que les Canadiens veulent cela, mais on pourrait quand même le leur demander.
On ne peut pas, chaque jour vers 15 heures ou le vendredi midi, après la quotidienne période de questions à la Chambre des communes, déchirer sa chemise en annonçant l'Apocalypse et permettre à ce gouvernement minoritaire -- il a été élu par moins du quart (23,3 %) des électeurs inscrits! -- d'engager l'avenir à tel point. Est-ce parce que les partis d'opposition ont peur? Qu'ils n'ont pas les organisations ni l'argent nécessaires? Qu'ils n'ont pas le bon chef?
Allons! Il ne manque pas de graves raisons de faire tomber ce gouvernement...
L'exemple démocratique de la France
Étant inscrit sur la liste électorale pour l'élection présidentielle de ce week-end, j'ai reçu chez moi une grosse enveloppe dans laquelle un fonctionnaire de la République avait glissé un tract électoral de quatre pages -- format 21X29 -- réalisé par chacune des organisations des douze candidats. Eh oui, douze tracts!
C'est donc l'État qui paie -- 1,86 $ -- la distribution d'une publicité électorale minimale. En France, c'est aussi le Trésor public qui assure un affichage équitable et ordonné dans les villes, les villages et les quartiers. Et, bien sûr, pour les dernières semaines de campagne, chacun des candidats, du plus important au plus petit, a rigoureusement droit au même temps d'antenne de radio et de télévision, non seulement pour les déclarations partisanes comme ici, mais aussi dans les bulletins de nouvelles et les émissions d'affaires publiques.
Ici, à chaque élection, se pose la question de la couverture médiatique des nouveaux partis, les Verts en particulier, mais aussi Québec solidaire. Jusqu'ici, je pense que les électeurs contribuables ne s'opposeraient pas à ce que ces deux partis soient traités d'égal à égal avec les autres partis traditionnels. Mais il y a quinze partis reconnus au plan fédéral, et treize au Québec. Accepterait-on que notre gouvernement assure la publicité du Bloc pot ou du Parti marijuana? Ou que l'Animal Alliance Environment Voters Party of Canada ou le Parti conscience universelle du Québec jouisse du même temps d'antenne?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé