Gentilly-2 - Fin de parcours

Énergie nucléaire - Gentilly



Le 26 avril prochain marquera le 25e anniversaire de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Depuis, aucun autre accident majeur ne nous avait rappelé les dangers inhérents à cette industrie jusqu'à ce que survienne, le 11 mars, le désastre à la centrale de Fukushima, au Japon. Ce drame force tous les gestionnaires de centrales nucléaires à refaire leurs devoirs sur le plan de la sécurité et tous les pays à revoir leurs politiques du nucléaire.
Comme ailleurs, une telle réflexion s'impose ici, d'autant plus que les raisons pour lesquelles le Québec a recours au nucléaire ne sont pas de l'ordre de l'indispensable. Gentilly-2, ce n'est que 3 % de notre bilan de production d'électricité, toutes sources confondues. Cela va d'ailleurs diminuant à mesure que se terminent de nouvelles centrales hydro-électriques.
Débattre du démantèlement de cette centrale sera d'autant plus à propos qu'Hydro-Québec prépare la mise à niveau de Gentilly-2 pour prolonger sa vie utile de trente autres années. Le projet qui attend le feu vert de la Commission canadienne de sûreté nucléaire comporte nombre d'incertitudes, dont son coût évalué à 2 milliards de dollars, comme on l'a vu au Nouveau-Brunswick avec la réfection en cours de la centrale soeur de Pointe Lepreau.
Les raisons invoquées pour fermer Gentilly-2 sont d'abord de l'ordre de la sécurité. Si cette centrale n'a jamais connu de problèmes majeurs, il y en a eu des mineurs au cours de ses 28 années de fonctionnement. L'accident de Fukushima nous rappelle avec insistance que le degré zéro en cette matière n'existe pas. Il n'y aura pas de tsunami sur le Saint-Laurent, mais la technologie du Candu utilisée pour cette usine a ses failles. S'ajoute par ailleurs le danger que représente l'entreposage des déchets radioactifs à proximité de la centrale dont le caractère temporaire apparaît être sans fin.
En faveur de son maintien, il y a bien sûr les 800 emplois liés à l'exploitation de Gentilly-2, dans une région qui compte ses chômeurs. Il y a l'expertise qu'Hydro-Québec désire conserver dans le domaine nucléaire. Il y a l'investissement fait dans le passé, dont la rentabilité sera accrue par la prolongation de la vie de la centrale.
Qui a raison? A priori, on peut croire qu'il y a davantage de raisons d'abandonner le nucléaire que de le conserver, d'autant plus que le Québec n'a aucun projet de construction de nouvelles centrales nucléaires et que, par ailleurs, la technologie du Candu semble presque condamnée. Au-delà du risque de sécurité, il y a un risque économique réel.
Une large coalition de groupes environnementaux et de santé publique réclamait hier la fermeture de Gentilly-2, tandis que la chef du Parti québécois, Pauline Marois, s'engageait à le faire dès son arrivée au pouvoir. Il ne faudrait pas que le gouvernement Charest se braque et veuille faire un débat partisan. Le sujet impose plutôt la transparence et la sérénité. Quand Hydro-Québec a proposé, il y a deux ans, un plan de réfection de Gentilly-2, il n'y a pas eu de véritable débat. Saisissons l'occasion de sortir d'une logique qui ne tient plus la route.


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