Élections fédérales - Vraiment nécessaires?

2 mai 2011 - Harper majoritaire



Tombera, tombera pas? Ce sera le suspense de la semaine sur la colline parlementaire à Ottawa alors que le gouvernement Harper pourrait être défait. L'opposition a des motifs sérieux de vouloir punir les conservateurs, dont on peut toutefois se demander s'ils sont suffisamment graves pour justifier la tenue d'une élection générale.
Le gouvernement Harper est en place depuis près de 30 mois. D'avoir tenu aussi longtemps en situation minoritaire est presque exceptionnel, puisqu'à quelques reprises, l'opposition aurait eu des raisons fondées de défaire le gouvernement. Ce n'est que grâce à une pirouette procédurale que les conservateurs ont évité la censure sur une mise à jour budgétaire tout juste quelques semaines après avoir été élus à l'automne 2008.
Trente mois de gouvernement minoritaire, c'est de fait long et difficile. Gouvernement et opposition ont été tout ce temps en une tension perpétuelle génératrice de frustrations. Frustrations pour le gouvernement de ne pouvoir faire adopter toutes ses lois et pour l'opposition de devoir voter des mesures à son corps défendant sous la menace d'élections précipitées. Après 30 mois on est tenté de croire, des deux côtés de la Chambre, le moment venu. Et de penser que les électeurs comprendront, même s'ils n'ont pas le même appétit pour un scrutin
La première occasion de défaire le gouvernement sera le discours du budget que fera demain le ministre des Finances, Jim Flaherty. Depuis déjà quelques semaines, l'opposition prépare l'opinion publique à son rejet. L'enjeu principal est la réduction de deux points du taux de taxation des entreprises dont on exige, les libéraux surtout, qu'elle soit abandonnée au profit de mesures sociales.
S'affrontent ici deux visions, l'une plus sociale, l'autre plus économique. Ce nouveau budget ne sera certainement pas différent des précédents quant à ses fondements idéologiques et à son contenu. À moins que le gouvernement n'y insère une pilule empoisonnée pour provoquer sa défaite, il sera difficile aux électeurs de comprendre pourquoi l'opposition rejette ce budget alors qu'elle a laissé passer tous les autres.
L'opposition pourrait choisir une autre voie, celle du blâme pour outrage au Parlement. Il est bien établi que les conservateurs se jouent chaque fois qu'ils le peuvent des règles parlementaires. Récemment, le refus de ministres de donner les informations exigées par la Chambre a fait déborder le vase. Ce mépris du Parlement est révélateur des valeurs qui animent le gouvernement. Il est condamnable sur le plan démocratique. Mais, en soi, justifie-t-il la tenue d'élections?
Quand on additionne tout ce qui peut être reproché au gouvernement, on pourrait conclure que le compte est bon. Mais pour l'instant, il n'y a rien de vraiment différent dans ce bilan de celui que l'on pouvait faire du gouvernement Harper lors de l'élection de 2008. Pas plus qu'il y a trois ans, il n'y a de grands enjeux fondamentaux autres qu'une confrontation entre des approches idéologiques opposées. Et quand on regarde le résultat probable d'une élection ce printemps, on peut se demander pourquoi précipiter un scrutin si c'est pour élire à peu de choses près le même Parlement. Le danger est que les électeurs, pour leur part, se désintéressent de l'exercice et restent en plus grand nombre chez eux...
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bdescoteaux@ledevoir.com


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