Laval-Les Îles - Le Congrès hellénique appelle à ne pas voter pour la libérale... non grecque

2 mai 2011 - Harper majoritaire

Hélène Buzzetti - Guelph — Le Congrès hellénique du Québec a lancé un appel à ses membres de ne pas voter libéral dans la circonscription de Laval-Les Îles parce que la candidate... est d'origine haïtienne plutôt que grecque.
Le conseil de direction du Congrès a pris sa décision unanime le 19 avril dernier. Dans une annonce spéciale envoyée à ses membres, il «conseille aux électeurs d'origine grecque dans la circonscription fédérale de Laval-Les Îles [...] de prendre en considération, avant de voter, que le Parti libéral a décidé arbitrairement de nommer une candidate d'origine non grecque, malgré le fait qu'il y a plus de 30 000 électeurs d'origine grecque dans cette circonscription qui votent régulièrement pour le Parti libéral. Nous exhortons ces votants d'origine grecque à reconsidérer leurs habitudes de vote et à exprimer leur désapprobation en ne votant pas libéral dans cette circonscription».
En entrevue avec Le Devoir, le président du Congrès, Peter Georgakakos, était furieux de se faire demander s'il était normal de baser une recommandation de vote sur l'ethnicité. «Pourquoi me posez-vous cette question? Pourquoi ce deux poids, deux mesures? Le mouvement syndical fait cela continuellement au Québec, recommander de voter pour certains candidats. Vous ne connaissez pas votre histoire du Québec.»
Lorsqu'on lui demande s'il sous-entend par là que les syndicalistes invitent les gens à voter pour des Blancs, il s'emporte. «Ne me lancez pas cette merde! Ça n'a rien à voir avec la couleur. Il y a 30 000 Grecs dans cette circonscription et ils nous prennent pour acquis.» Mais n'y a-t-il pas aussi une importante communauté haïtienne? «Non, il n'y a pas d'Haïtiens. Les Haïtiens sont dans une autre partie de la ville.»
La circonscription Laval-Les Îles est un bastion libéral. La députée sortante, Raymonde Folco, a surpris sa formation en annonçant la veille du déclenchement électoral qu'elle ne se porterait pas candidate. Le PLC a désigné Karine Joizil, une avocate associée dans un grand cabinet de Montréal. La jeune femme d'origine haïtienne est enceinte et déjà mère de deux jumeaux. La communauté grecque aurait préféré que l'ex-députée Eleni Bakopanos soit nommée. Mme Bakopanos s'est présentée pour le PLC dans Ahuntsic, mais a mordu la poussière contre la bloquiste Maria Mourani.
Le chef Michael Ignatieff a visité le local électoral de Mme Joizil dans cette circonscription très multiethnique jeudi. Les bénévoles reflétaient cette diversité culturelle.
Un bénévole outré
L'affaire s'est toutefois envenimée aujourd'hui quand un bénévole libéral travaillant pour l'ex-ministre et candidat Martin Cauchon, apprenant la position du Congrès hellénique, a envoyé par courriel une réponse outrée.
«Pourquoi ne pas renvoyer ces fascistes en Grèce? Ils y trouveront plein de personnes "d'origine grecque" pour qui ils pourront voter!», écrit Fabrice Rivault. M. Rivault a déjà été candidat pour le PLC, mais il est considéré comme un électron libre et est du coup peu apprécié. «Il n'y a pas de place pour ces racistes d'extrême droite au Canada où le vote se fait sur la base des idées et des valeurs, non sur celles de l'ethnicité et de l'origine. Que ces fachos rentrent chez eux. Ils ne sont pas les bienvenus dans notre pays.»
M. Rivault s'est excusé par la suite, plaidant que son courriel avait été envoyé alors qu'il était «très fatigué par une longue nuit de travail dans le cadre de [s]on activité professionnelle» et qu'il n'avait «pas mesuré le poids de [s]es mots». Il maintient toutefois qu'il a été «profondément choqué par la position du Congrès hellénique du Québec».
Le Parti libéral s'est malgré tout dissocié de M. Rivault. Martin Cauchon a écrit qu'il avait rompu ses liens avec lui. Il qualifie «d'inadmissibles, inacceptables et choquants» les propos de M. Rivault.


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