L'industrie gazière apporte à son tour son appui au rapport du BAPE sur l'exploitation des gaz de schiste. La boucle est bouclée. Il en ressort un consensus apparemment parfait sur les recommandations faites par les commissaires. Reste à convenir maintenant de la nécessité ou pas d'exploiter cette ressource. L'exercice sera exigeant.
La déclaration de lundi du président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, Lucien Bouchard, était attendue. Après avoir provoqué une levée de boucliers par des comportements désordonnés, et parfois irresponsables, dans leurs activités d'exploration, les membres de cette association ont manifesté une volonté bienvenue de se comporter en bon citoyen corporatif.
La nomination de l'ancien premier ministre à la présidence de cette association laissait présager ce renversement d'attitude. Les entreprises gazières indiquaient par là être conscientes de l'ampleur de leur problème de communication avec une société dont on n'arrivait pas à comprendre les valeurs et les sensibilités. Ce qu'ils n'avaient pas saisi, et qu'ils admettent maintenant, est que «le développement de la ressource gazière ne se réalisera qu'à la condition de passer le test de l'intérêt public». Comprenons que M. Bouchard a apporté à ses mandants le sens politique qui leur manquait.
La question, maintenant, est de savoir comment se définira concrètement l'«intérêt public» dans ce dossier. Le consensus présent n'est que sur la forme. On accepte la nécessité de faire une pause pour se donner une connaissance scientifique des enjeux reliés à l'exploitation future du gaz de schiste par le biais d'une évaluation environnementale stratégique. Mais demain, alors qu'il s'agira d'en déterminer les paramètres et de la réaliser, on peut croire que l'intérêt particulier de chacun des acteurs les éloignera à nouveau.
La prochaine étape devrait amener le gouvernement à lancer l'évaluation stratégique. La composition du panel d'experts à qui elle sera confiée sera cruciale. Les pressions ne manqueront pas pour influencer ce choix. Certains pourraient vouloir que le gouvernement définisse lui-même le devis de l'évaluation pour mieux s'assurer du point d'arrivée.
Le souhait du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) est autre. Ainsi, il propose que la rédaction du devis de l'évaluation soit laissée au panel d'experts. Puis que ce devis soit soumis aux commentaires du public préalablement au début des travaux et que des ateliers soient tenus pendant le cours de l'évaluation. Et enfin, que les recommandations du comité soient soumises à une consultation publique avant la présentation d'un rapport final.
Cette démarche est essentielle pour que le débat puisse se poursuivre en toute transparence. La pire chose serait que le gouvernement veuille influencer le cours du débat en déterminant d'avance ce qu'est l'intérêt public. C'est ce qu'il avait fait en donnant en septembre 2010 le mandat au BAPE de se pencher sur le dossier des gaz de schiste. Il attendait de celui-ci qu'il définisse le cadre dans lequel se ferait l'exploitation de cette ressource. Tous ont été surpris de la liberté avec laquelle les commissaires ont interprété leur mandat. Il faut que le comité chargé l'évaluation stratégique jouisse de la même liberté. Le ministre de l'Environnement a accueilli l'idée d'une évaluation stratégique en disant qu'il n'y aurait aucune conclusion arrêtée d'avance. Il faut maintenant avoir le sentiment tout au long de celle-ci qu'il en est bien ainsi.
Gaz de schiste
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