ÉLECTIONS, RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

FINI LE DÉBAT, AGISSONS !

Dominique Paquin, Jean-Patrick Toussaint

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L'urgence est pourtant claire

LES AUTEURS SONT RESPECTIVEMENT CHEF DES PROJETS SCIENTIFIQUES À LA FONDATION DAVID SUZUKI ET SPÉCIALISTE DE SIMULATIONS ET D’ANALYSES CLIMATIQUES. UNE VINGTAINE DE MEMBRES DE LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE QUÉBÉCOISE COSIGNENT CE TEXTE.
Le 27 septembre dernier, était publié le premier d’une série de trois documents faisant office du cinquième rapport sur l’état du climat du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Ce rapport fait suite à celui publié en 2007 pour lequel l’organisme a mérité le prix Nobel de la paix (conjointement avec Al Gore).
Le rapport conclut avec un degré de certitude sans précédent que le réchauffement climatique est réel, que le surplus d’énergie observé dans le système climatique terrestre est lié aux activités humaines, et que le temps commence à manquer pour limiter les bouleversements du climat mondial.
Notre lettre se veut un signal d’alarme de la part de plusieurs membres de la communauté scientifique québécoise. Nous ne pouvons demeurer silencieux devant l’ampleur des enjeux découlant des modifications climatiques causées par l’humain. Il est plus que temps de prendre la réalité des changements climatiques au sérieux et de prendre les mesures adéquates dès aujourd’hui pour éviter les pires scénarios prévus par le GIEC.
La température moyenne à la surface de la Terre a augmenté depuis le début du XXe siècle, particulièrement depuis 1970. Toutes les observations le confirment, il n’y a aucun doute.
Le rapport confirme également avec un degré de certitude très élevé qu’il est possible d’attribuer plus de la moitié de ce réchauffement aux activités humaines, qu’il est la conséquence des émissions de gaz à effet de serre (GES), et particulièrement du CO2.
Le rapport documente également une intensification du cycle hydrologique, une réduction du couvert de glace (particulièrement en Arctique) et une augmentation de certains événements météorologiques extrêmes observés dans plusieurs régions du globe depuis les années 1950 (notamment la fréquence de vagues de chaleur).
Enfin, le rapport du GIEC note que sans mesures décisives visant à réduire nos émissions de GES, nous nous dirigerons au mieux vers une augmentation de température à la surface de plus de 2°C (par rapport à la moyenne des 20 dernières années) pour la fin du siècle, et au pire vers un réchauffement de plus de 4°C. Un tel réchauffement est porteur de conséquences qui remettent en cause plusieurs des fondements de notre civilisation.
Puisque nous savons pertinemment que les GES que nous émettons d’année en année persisteront dans l’atmosphère pour des centaines d’années et que nos émissions actuelles contribuent non seulement à un réchauffement planétaire accru, mais conduiront à des changements sans précédent depuis des millénaires dans le système climatique en entier, force est d’admettre que nous nous devons agir dès maintenant sur cet enjeu, car des délais supplémentaires rendront plus difficiles notre capacité d’action.
D’après le rapport du GIEC, l’objectif de limiter la hausse des températures globales à 2°C, permettant ainsi de limiter les impacts des changements climatiques, est toujours à portée de la main… à condition de prendre de fortes mesures de réduction des émissions de GES. Mais notre occasion d’agir s’amenuise rapidement. C’est pourquoi la future stratégie énergétique s’avèrera un véritable test pour le gouvernement québécois. Le Québec a fait des efforts importants depuis deux décennies, mais nous sommes loin du compte.
Il faut mettre le Québec sur la voie de réductions profondes de ses émissions de GES. Ceci implique une réduction importante de notre consommation de pétrole, une transformation de nos systèmes de transport et l’audace de remettre en question les projets d’oléoducs et d’extraction de pétrole qui vont nous léguer une infrastructure qui verrouillera notre dépendance aux combustibles fossiles pour une autre génération. Et dans une génération, il sera trop tard. C’est donc maintenant qu’il nous faut agir.
L’heure est venue de donner raison à la science et d’avoir le courage de prendre les mesures nécessaires pour minimiser les conséquences des changements climatiques. L’heure n’est plus au débat, mais à l’action !


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