On ne réalise pas à quel point les ressources naturelles jouent un rôle important au Québec. Elles comptent pour 10% de l'activité économique, 5% de l'emploi, elles dominent nos exportations, elles alimenteront la croissance dans les années à venir.
C'est de cela que discutaient, la semaine dernière, les membres de l'Association des économistes du Québec, lors de leur congrès annuel. Le développement des ressources naturelles est une question très émotive, qui a donné lieu à des débats politiques intenses, un thème qu'il n'était pas mauvais d'aborder d'une façon plus froide, plus scientifique, plus factuelle.
On peut deviner que ce groupe, par définition sensible aux questions économiques, avait un certain préjugé favorable, qu'un sondage Léger Marketing auprès des membres de l'ASDEQ révélait au début du mois. 60% d'entre eux croient que le rôle des ressources ira en grandissant, 83% favorisent la production d'hydrocarbures au Québec, 78% croient qu'il faut rapidement acheminer ici le pétrole albertain.
Mais une ombre semblait planer sur les débats: la crainte que ce développement soit entravé par la méfiance qu'expriment les Québécois à l'égard des mines et du pétrole ou par les mouvements militants qui ont eu raison de certains projets, comme le gaz de schiste ou l'uranium.
Des craintes dont la ministre québécoise des Ressources naturelles, Martine Ouellet, qui prenait la parole à ce congrès, est consciente. En décrivant les principes sous-jacents de la politique minière qui sera dévoilée très bientôt, elle insistait sur l'importance de l'acceptabilité sociale dans le développement des ressources.
Effectivement, au lieu de dépenser des millions en investissements pour ensuite frapper un mur, il est pas mal plus sage de s'assurer d'obtenir à l'avance l'appui des milieux, et d'y parvenir par la consultation, le dialogue et la transparence. Mais je me demande s'il est encore possible d'obtenir cette acceptabilité sociale. Et je trouve que ce concept, très flou, peut mener à toutes les interprétations.
D'une part, parce qu'il y a une crise de confiance, en grande partie provoquée par les manquements du gouvernement Charest dans le dossier des gaz de schiste qui n'a pas encadré le développement anarchique de cette industrie naissante. Cet échec a laissé des traces. On ne croit plus le gouvernement, on ne croit plus les institutions.
En principe, on peut remédier à cela en confiant les dossiers à un organisme indépendant, le BAPE, comme le gouvernement vient de le faire pour la filière uranifère. Mais encore là, la méfiance envers les institutions est telle qu'il n'est pas évident que l'on fera davantage confiance au BAPE.
Mon pessimisme a été renforcé en regardant, la semaine dernière à RDI, l'excellent documentaire intitulé Uranium, PQ, qui suit, de façon neutre, le débat sur l'exploration de l'uranium à Sept-Îles. On peut certainement interpréter ce documentaire de bien des façons, mais ce que j'en retire, c'est que 10 ou 20 personnes, déterminées et bien organisées, sont capables de bloquer n'importe quel projet.
Dans ce combat inégal, ce ne sont pas les minières ou les pétrolières qui ont le gros bout du bâton. La bataille contre l'uranium n'a pas été jolie. Des médecins qui, dans un chantage odieux, menacent de quitter Sept-Îles, des coups bas des militants, comme les menaces contre un universitaire qui osait dire la vérité sur les radiations. Une guérilla militante, avec la complicité des médias, où tout est permis.
Ma question est la suivante. Qu'est-ce que l'acceptabilité sociale? Comment la mesure-t-on? Dans bien des cas, ce sera l'opinion des groupes militants qui monopolisent l'espace médiatique, ou qui auront réussi à terroriser l'opinion publique, comme sur la Côte-Nord. Et non pas le fruit du dialogue et de la recherche de la vérité.
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