12 000 litres de diésel utilisés pour forer les Îles-de-la-Madeleine

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Les dégâts durent longtemps

Connues pour la beauté de leurs paysages et prisées des vacanciers, les Îles-de-la-Madeleine ont aussi plusieurs fois été la cible de travaux d’exploration, notamment gazière. Une dizaine de forages ont été réalisés au début des années 70 par la Société québécoise d’exploration minière. Celle-ci a utilisé au moins 12 000 litres d’hydrocarbures pour forer.
Selon ce que révèlent des documents obtenus par un journaliste de Radio-Canada, des milliers de litres de diesel ou d’«huile» — un mot habituellement dérivé de l’anglais «oil», qui signifie pétrole — ont ainsi été injectés dans le sol de la plage de Sandy Hook, à Havre-Aubert, dans le but de déterminer s’il était possible d’exploiter un éventuel gisement de sel. Il s’agissait à l’époque d’une méthode de forage courante.
Le hic, c’est qu’une vidéo diffusée la semaine dernière sur une plage semble indiquer que du diesel a migré vers la surface. Investissement Québec, dont la Société québécoise d’exploration minière (SOQUEM) est aujourd’hui une filiale, a refusé de commenter les informations divulguées par Radio-Canada. Des documents indiquent toutefois que la SOQUEM aurait interrompu dans les années 70 après avoir constaté la pollution que l’injection d’hydrocarbures dans le sol engendrait.
En plus des risques environnementaux que pourraient représenter ces hydrocarbures, les Îles-de-la-Madeleine doivent aussi vivre avec les conséquences du naufrage de l’Irving Whale, en 1970. À l’époque, les autorités avaient décidé de mettre le sable imbibé de pétrole dans des sacs. Pas moins de 200 000 de ces sacs avaient été enfouis dans les dunes des Îles. Ils y sont toujours.
De la SOQUEM à Gastem
Aux îles de la Madeleine, une dizaine de puits ont été forés au fil des ans. Entre 1972 et 1974, la Société québécoise d’exploration minière a effectué neuf forages. Mais les données disponibles auprès du ministère des Ressources naturelles et obtenues par Le Devoir sont incomplètes. Elles ne permettent donc pas de savoir si, par exemple, des hydrocarbures ont été découverts.
Le dernier forage sur les Îles remonte à 1999. L’entreprise Corridor Resources n’a rien détecté avec son puits de 686 mètres de profondeur. La pétrolière souhaite maintenant forer la structure d’Old Harry, située en plein cœur du golfe du Saint-Laurent.
C’est désormais l’entreprise Gastem, dirigée par l’ancien ministre libéral Raymond Savoie, qui contrôle les droits d’exploration sur le territoire des Îles. Au prix actuel, soit 10 ¢ l’hectare chaque année, il lui en coûte 1752 $ par année pour conserver ses droits.
Gastem souhaite explorer le potentiel gazier des Îles en forant un premier puits à Fatima, au nord-ouest de Cap-aux-Meules. M. Savoie estime que tout ce secteur pourrait renfermer de grandes quantités de gaz naturel conventionnel. Mais pour démontrer qu’il y a un potentiel commercial, il doit d’abord faire des forages.
Le hic, c’est que les projets de la gazière ont soulevé de vives inquiétudes parmi la population, inquiète des impacts sur les nappes phréatiques. Le gouvernement Marois a donc annoncé, en avril, qu’il mandatait le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement pour étudier les impacts possibles de l’exploration et de l’exploitation de pétrole et de gaz aux îles.
Une décision qui a été dénoncée par M. Savoie. « On ne fait pas de BAPE pour l’exploration », a-t-il dit. L’archipel, a-t-il rappelé, aurait tout intérêt à remplacer le mazout qu’il consomme actuellement pour produire de l’électricité par du gaz naturel.


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