Je ne suis pas très intéressé par la stratégie. Il semble que les militants du parti québécois ont souvent besoin de longues discussions sur la meilleure stratégie à adopter, peut-être parce que plusieurs continuent à voir le résultat du référendum de 1995 comme un échec. Pour moi, ce résultat a constitué un grand pas en avant.
On dit souvent que c’est un manque de confiance en eux-mêmes qui empêche les québécois de se donner un pays. Un aspect déterminant de ce manque de confiance est lié à l’incapacité apparente de maintenir des finances publiques saines tout en conservant les services auxquels nous sommes habitués. Le pessimiste à cet égard a été nourri par le laisse-aller du gouvernement Charest dans la gestion des fonds publics depuis son arrivée au pouvoir, on aurait pu faire beaucoup mieux durant cette période économique favorable, ainsi que par le ton alarmiste du dernier discours sur le budget. En outre, le gouvernement fédéral a beau jeu de faire mal paraître le Québec puisqu’il collecte autant d’impôts que bon lui semble et prétend ensuite jouer au bon samaritain. À quand une révision des programmes de dépenses fédérales par les provinces?
Aucun parti ne sera élu au Québec sans proposer un plan budgétaire crédible. Malheureusement, la population est parfois crédule. Le parti libéral s’est fait élire en 2003 en promettant des finances équilibrées et des baisses d’impôt, sans réduction de l’accès aux services publics. À la prochaine élection, il y aura des partis pour promettre un redressement budgétaire, mais en affirmant que la seule façon d’y arriver est que les québécois paient plus pour les mêmes services, cela accompagné d’une diminution du rôle de l’État. Ils vont trouver des économistes et des éditorialistes pour les appuyer mais il s’agit là d’une position idéologique dont la justesse n’a jamais été démontrée et qui ne s’appuie pas sur une théorie économique reconnue.
Le parti québécois devra assez rapidement développer et communiquer une proposition quant à la gestion des finances publiques. Malgré la stratégie courageuse qui a mené au déficit zéro, le parti québécois n’est pas perçu actuellement comme capable, une fois au pouvoir, de gérer correctement les finances publiques. En raison du sabotage des finances opéré par le gouvernement Charest, les québécois n’ont jamais profité des bénéfices qui auraient dû découler des sacrifices acceptés pour éliminer le déficit.
Est-ce que l’élaboration d’un plan budgétaire pourrait être rendue difficile par un clivage idéologique à l’intérieur du parti? On a écrit encore récemment que pour réaliser son objectif le parti québécois devait être une coalition regroupant la droite et la gauche politique. Je crois plutôt que le parti doit regrouper les gens du centre qui privilégient une approche pragmatique et qu’il n’a pas besoin de militants qui essaient de troquer leur appui contre l’acceptation d’un parti pris idéologique. Si des militants tentaient de pousser le parti vers des positions idéologiques de droite, même d’un point de vue strictement électoral, il faudrait leur demander de se trouver un autre parti.
Le parti québécois doit annoncer ses orientations mais il n’est pas nécessaire qu’il propose un plan budgétaire détaillé. Plus que jamais les aspirants au pouvoir, incluant un nouveau chef libéral, pourront plaider qu’ils doivent analyser la situation des finances et poser un diagnotic avant de proposer des mesures concrètes. Les déficits prévus dans le dernier budget surviennent après dix ans d’équilibre budgétaire, si on oublie les notes de bas de page, et à la suite de la pire crise économique depuis 70 ans. Cela ressemble tout à fait à une situation de déficits conjoncturels et l’interprétation des données budgétaires a été contestée par de nombreux analystes compétents. On dirait que la droite a voulu profiter d’une conjoncture favorable pour faire avaler ses potions indigestes.
Un danger réel de dérapage dans les finances du Québec provient de la comptabilité des dépenses en immobilisations qui fait que, depuis une réforme pertinente datant d’une dizaine d’années, les dépenses de l’année courante ne sont pas visibles dans le déficit courant. Cela fait que, dans les débats sur le discours du budget, on se limite au contrôle des dépenses courantes et que des dépenses de milliards de dollars investis dans le béton ne sont pas contestées. Soudainement, on peut refaire toute l’infrastructure routière de la province et, dans les installations les meilleures au monde, les médecins québécois pourront faire les recherches les plus poussées, mais, cherchez un médecin… Il y a toujours de l’argent pour les grands projets et, on le sait, quand l’argent est abondant il y a moins de contrôle, plus de gaspillage et plus de corruption.
Pour retrouver sa crédibilité, le parti québécois pourrait proposer la mise en place d’une série de mesures, et possiblement la création de quelques organismes, visant à contrôler beaucoup plus strictement les administrations publiques et à contrer efficacement le gaspillage et la corruption. La chef du parti pourrait donner l’exemple avec une législation renforçant le mandat du vérificateur général et lui garantissant une pleine indépendance face au parti au pouvoir. Cela devrait éliminer la présentation partisane des données budgétaires qui prévaut depuis au moins trois décennies et permettre ainsi aux citoyens d’avoir l’heure juste quant à l’état des finances publiques.
Il y a beaucoup de travail à faire avant de gagner le prochain référendum.
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3 commentaires
Pierre Gouin Répondre
16 novembre 2010Je pensais avoir été clair. Je demande au PQ de ne pas accepter les solutions proposées par la droite. J'ai lu récemment que les militants de droite pourraient quitter le PQ si le parti ne les écoute, je dis qu'il faudrait leur montrer la porte.
Cependant, je serais en désaccord avec quelqu'un de gauche qui dirait que la situation des finances publiques n'est pas un enjeu électoral. Je soutiens que le PQ doit démontrer aux électeurs qu'il est capable de gérer correctement les finances du Québec parce que les électeurs en doute et que le parti québécois ne sera pas élu si cette perception ne change pas. Je ne vois pas comment l'indépendance pourrait se réaliser sans un parti indépendantiste au pouvoir.
Archives de Vigile Répondre
16 novembre 2010Ce n'est pas avec un programme de droite comme vous proposez que l'indépendance se fera. Je suis moi-même un fervent indépendantiste, mais je suis également social-démocrate et je ne voterais JAMAIS pour un tel programme rétrograde.
Si l'indépendance doit être droit devant, il faut la faire en premier et on se divisera quant à la meilleure façon de gérer un pays plutôt qu'une province
Archives de Vigile Répondre
16 novembre 2010Pauvre Québécois,
Pendant que nous discutons du peut-être que si ou du peut-être que non, un gouvernement libéral utilise le parlement ainsi que plusieurs petits royaumes que sont les villes du Québec pour utiliser les capacités de taxer et de s'endetter ( les Canadiens Français principalement) pour enrichir la mafia afin que celle-ci les aide à financer leur réélection. Cela va jusqu'au point même où nos programmes sociaux, l'éducation et la santé en souffre.
Vous ne voyez pas que l'honnêteté et les discussions ne servent à rien contre ces gens-là? Voyez-vous que le seul outil que nous avons pour nous défendre est vigil.net qui n'est financé qu'avec quelques milliers de dollars alors que les anglophones nous taxes pour utiliser Radio-Canada contre nos intérêts? Québécor sort à quelques occasions les drapeaux bleus du placard mais on sait maintenant où ils se situent lorsqu'ils ont embauché Lapierre qui dîne avec Fava. Qui nous défend? On est 6 millions et le seul force que l'on a est le gouvernement du Québec et celui-ci travaille pour les Italiens?
Les Canadiens Français n'ont plus d'élites. Ceux-ci n'ont plus de morale. L'argent et l'individualisme les ont corrompus.
Sans argent et sans média important pour en faire le propagande, la souveraineté n'est pas possible. Nos ennemis par l'entremise de leurs médias travaillent à chaque jour pour changer les mentalités des jeunes tandis que les souverainistes y travaillent que quelques jours par année.
Ce n'est pas l'idée qui est mauvaise, c'est sa promotion qui l'est. Pourtant il y a au moins 35% de la population qui la veut. Ils faut trouver le moyen de les solliciter directement. Il faut les identifier ou fonder une média pour eux, une radio pour commencer? Je n'ai pas assez d'argent tout seul mais peut-être qu'à nous tous on pourrait y arriver? Où sont les élites souverainistes?