Les Québécoises et les Québécois de Montréal et de l’Outaouais sont déjà pas mal ouverts à l’anglais, certains diront même trop. À Montréal et en Outaouais, c’est le festival de l’anglais à l’année longue.
Quand c’est rendu qu’on a de la misère à exiger qu’une journée par année, comme la fête nationale, soit consacrée à la culture et ce, dans la langue de la majorité, c’est symptomatique d’une ambiguïté identitaire grave.
Par ailleurs, on n’a pas de leçons d’ouverture à recevoir des anglos et de leurs assimilés qui sont fermés à la langue et à la culture de la majorité. Pour eux, il y a toujours la fête bilingue de l’unifolié du 1er juillet pour laquelle Ottawa consacre 80% de ses fonds au Québec.
Personnellement, ça ne me dérange pas qu’on invite un groupe anglophone à un spectacle de la Saint-Jean, en autant que ce groupe démontre son ouverture en faisant l’effort de faire sa prestation en français.
La très inter-culturelle Françoise David nous a déclaré - donnant ainsi une nouvelle définition au terme « à-plat-ventrisme » - « Que la fête nationale des Québécois et des Québécoises doit réunir toutes les personnes attachées au Québec, à sa culture, au fait français et à la diversité des populations qui l’habitent. Si des groupes anglophones veulent chanter dans une fête pour célébrer la Saint-Jean, la meilleure chose à faire est de leur ouvrir grand les bras. La minorité anglophone du Québec fait partie de l’histoire de notre peuple. Le Québec est fort de son apport. »
Pour sa part, ne voulant être de reste, Gérald Larose a déclaré que : « la Fête nationale doit se faire massivement en français. Il peut y avoir « quelques clins d’oeil à la richesse linguistique et culturelle du Québec. Ça ne pose pas de problème que deux groupes anglophones se produisent en anglais dans un spectacle dominé par des artistes francophones. »
Pierre Curzi et Christine St-Pierre se sont opposés à la décision de l’Association culturelle Louis-Hébert d’exiger le retrait des groupes Bloodshot Bill et Lake of Stew du spectacle alternatif « L’Autre St-Jean », qui aura lieu le 23 juin à Montréal.
Et Guy-A Lepage a déclaré qu’il « n’a absolument rien contre la présence de l’anglais dans une célébration de la Fête nationale. Au contraire. « Que deux groupes anglophones aillent chanter à la Saint-Jean plutôt que d’aller chanter à la fête du Canada, mettons, je trouve que c’est un geste d’amitié et de respect, ajoute-t-il. Je trouve ça extrêmement touchant. »
Je ne vois pas ce qu’il trouve de touchant là-dedans. Tout ça n’a rien à voir avec du respect ou de l’amitié. Une marque d’amitié ou de respect - et j’insiste là-dessus - ça aurait été que ces artistes anglos nous mettent la table et qu’ils nous servent une quarantaine de minutes de chansons dans notre langue.
Il ne faut pas rêver, la minorité hyper privilégiée des anglos du Québec et leurs assimilés se sont toujours faits un devoir malin et méprisant de se démarquer de tout ce qui est québécois. Leur vecteur de ralliement, c’est l’anglosphère. Mme David et les autres n’ont peut-être pas encore saisi que les anglos et leurs assimilés sont d’abord des canadians américanisés, d’abord et avant tout hostiles à nos symboles, à notre langue et, dans un sens plus large, à notre identité.
Dans une très forte proportion, la minorité anglophone, ainsi que leurs assimilés, tant à Montréal qu’en Outaouais, sont plutôt détachés voire même résistants par rapport à notre langue, notre culture et notre drapeau, qui devraient être les repères uniques lors des rassemblements pour notre fête nationale, comme ça aurait dû être le cas également pour le 400e de Québec. On fête qui au juste sacramant?
Que ce soit à Montréal où en Outaouais, quelqu’un qui insiste à faire respecter la langue de la majorité dans l’espace public est maintenant taxé automatiquement d’intolérance de fermeture.
Le problème demeure autant à Montréal qu'en Outaouais, deux modèles culturels aux moyens très inégaux s’affrontent quotidiennement. En ce sens, ça ne prend pas des statisticiens et des analystes pointus pour comprendre que le danger pour le français, c’est précisément l’anglais et la question demeure à savoir si on lui laisse encore plus de place ou si on priorise finalement la nôtre, censée être la langue nationale ? Qui vivra verra.
Daniel Sénéchal
Montréal
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 juin 2009Non mais, les Curzi, Larose, St-Pierre et Françoise David ont-ils écouté les commentaires d'un membre du Groupe Lake of Stew a l'effet que la période de la Fëte Nationale sous le gouvernement de René Lévesque en avait été une de 'bullshit' que ce temps la était dépassé de mëme que la Société St-Jean Baptiste. Et c'est ce genre de groupes qu'on ose inviter prétenduement pour manifester notre ouverture a la culture anglaise au Québec? Faut etre masochiste et aplät-ventriste pas a peu près pour avoir un comportement pareil. Entre vous et moi, Lake of Stew devrait plutöt s'écrire Lake of Bullshit.
Daniel Dupuis, Montréal
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2009Article pour mettre les barres sur les T,les points sur les I et surtout lire entre les lignes.Bravo pour votre lucidité.
Guy A. Lepage par sa rengaine ''Nous avons le Québec que nous méritons'',peut sembler toucher juste mais il aurait du justement dénoncer le 80% du budget fédéral appliqué au Québec pour l'ensemble de la fête du Canada ainsi que le parti Libéral du Québec pour les scandales non-résolus de la Caisse de Dépôt, des F.I.E.R. et du code d'éthique parmi les ministrés du PLQ.
Ce sont des états de faits hors de notre contrôle,et il aurait pu en tenir compte au lieu de nous transférer le blâme la journée de notre fête nationale.
''Nous'' l'avons réélu?D'accord.Mais la p'tite joute médiatique de peur et de dénigrement perpétuel pour tout ce qui respire la souveraineté du Québec, supporté par la grande majorité des médias disons enlignés, laisse volontairement planer un air difficilement respirable pour quiconque n'est pas familier avec ce genre de propagande.
Au lieu de valoriser notre action d'être une nation souveraine,le discours du parti au pouvoir au Québec se fait obsessivement dénigrant à notre endroit.
À titre d'exemple le ministre Dupuis(bonjour la police)nous traitait de ''sépulcres blanchis''parce que nous désirions devenir propriétaires des terrains de l'assemblée nationale du Québec.
Alors ceci porte fruit.Un peu comme les expériences sur les chiens de Pavlov,les gens commencent à associer souveraineté et dénigrement publique et même avec le pire gouvernement de crosseurs comme ceux qui sont au pouvoir actuellement,il ne réussissent pas à passer par dessus le mur psychologique que le PLQ a mis en place.Et çà donne ce qu'on a vu la semaine dernière avec deux partielles de perdues et peut-être un Legault qu'on aurait peut-être pu garder.Le PQ a du pain sur la planche pour recontacter les électeurs et leur faire sentir que voler de leurs propres ailes n'est pas un honte.
C'est selon moi leur prochain défit.
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2009[ « Au fond, disait Groulx, ce qu’une catégorie d’Anglais ne nous pardonne pas, c’est d’exister ». Il serait à peine exagéré d’ajouter que c’est aussi ce qu’une certaine catégorie des nôtres ne se pardonne pas... Et c’est ça d’abord être colonisé. Groulx et nous" de Serge Cantin ]
sortir de la grisaille
Michel Guay Répondre
26 juin 2009La question linguistique reste incomprise par tous au Québec et cette imcompréhension nous tueras dans l'anglicisation.
Ils ont réussis à angliciser le Canada dans les neuf provinces canadians avec l'utopie bilingue pour les francophones seulement et ils réussiront au Québec à moins d'un éveil miraculeux
Même Parizeau n'a rien compris à la question linguistique.
Jean-François-le-Québécois Répondre
26 juin 2009Quelle attitude faible et inconsciente que celle des Québécois qui ouvrent grand leurs bras à cette anglicisation progressive de notre nation!
Guy A. Lepage, notamment, me tourne l'estomac à l'envers!
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2009Si j'avais du talent, j'aurais écrit exactement la même chose, mot pour mot...