L'opinion de Bernard Landry #20

De quoi fêter

Nous avons de bonnes raisons de célébrer dans la joie notre fête nationale.

Fête nationale 24 juin 2009


Nous avons de bonnes raisons de célébrer dans la joie notre fête nationale. D'abord le fait d'avoir conservé notre langue et notre culture dans des conditions extrêmement difficiles, démontre un courage et un dynamisme qu'il est nécessaire de fêter. Des peuples valeureux, comme les Écossais, Les Gallois et les Irlandais, ont à toutes fins pratiques perdu les leurs, sous la même pression anglaise à laquelle nous avons victorieusement fait face.
Dans notre cas, en plus d'avoir à résisté à nos puissants colonisateurs qui avaient décidé de nous assimiler -pour notre bien, disaient-ils- nous avons eu à faire face à la formidable pression culturelle états-unienne, une des plus fortes de l'histoire humaine. D'ailleurs nous avons perdu près de la moitié de notre population dans un exode massif vers notre voisin du sud. Leur brave résistance ne dura évidemment que quelques décennies. Ils sont américanisés aujourd'hui, et l'on peut dire que c'est normal.
Triste phénomène du même ordre au Canada hors Québec. Malgré de courageux efforts, le taux d'assimilation de ces minorités rejoint 50% par génération dans la majorité des cas. Même nos dynamiques frères Acadiens du Nouveau-Brunswick (il y a par ailleurs un million de descendants d'Acadiens au Québec) ne sont pas totalement à l'abri de cette érosion bien que vigoureusement combattue.
On dit que la deuxième langue parlée au Canada hors Québec, est le chinois. Ce qui rend encore plus invraisemblable et fumeux le rêve d'un Canada bilingue de Pierre Trudeau qui n'avait pas prévu la montée du mandarin.
Cela prouve encore une fois l'importance d'avoir un état national fort qui jouira le plus tôt possible de tous les pouvoirs d'un pays "complet et reconnu" comme l'a dit René Lévesque quelques mois avant sa mort.
Notre appartenance au Canada complique d'ailleurs énormément nos devoirs d'accueil et d'intégration des nouveaux arrivants. Plusieurs statistiques récentes sont angoissantes. La constitution canadienne imposée au Québec contre sa volonté signifie à l'immigrant qu'il arrive dans un pays "bilingue et multiculturel". Comme il parle souvent déjà l'anglais, il se met spontanément à vivre en anglais à Montréal.

Plusieurs pays ont à gérer l'intégration des immigrants. C'est le cas notamment de la France et des États-Unis. Il serait impensable qu'un immigrant dans ces pays ait le choix d'une autre langue que la langue nationale. Il se verrait même refuser la citoyenneté s'il ne la parlait pas. Pourrait-on trouver normal qu'un Américain ou qu'un Français ait le droit de votre sans être en mesure de suivre la campagne dans les médias nationaux. Pourtant au Québec, dans le carcan canadien, la chose est possible pour tous les niveaux d'élection et de référendum. Cela jouxte l'absurde au point que l'on dirait que nous nous y sommes habitués dans un fatalisme qu'il faut maintenant combattre sans relâche. Cette nécessaire intégration de notre important flux migratoire, entravée par notre appartenance au Canada, constitue d'ailleurs une raison de plus s'ajoutant à des milliers d'autres pour faire l'indépendance nationale au plus tôt.

Quant au reste, notre aventure nationale est aussi impressionnante, au delà de la langue, car elle témoigne d'un rayonnement culturel presque invraisemblable pour une nation de moins de huit millions d'habitants. Il est vrai que Guy Laliberté s'en va dans l'espace, mais son Cirque domine déjà l'espace culturel de son genre d'activité. Céline Dion, sans s'éloigner de notre planète est allée aussi loin: c'est l'une des grandes vedettes mondiales de notre temps et de sa catégorie.
À Las Vegas, haut lieu d'activités ludiques chez nos puissants voisins, il n'y a pas moins d'une demi-douzaine de spectacles québécois en position dominante. À croire qu'un jour, les Américains vont nous accuser d'impérialisme! Pour ne parler que de culture, une valeur première. Mais nos succès économiques sont également spectaculaires et nous y avons des vedettes qui s'illustrent aussi partout dans le monde.
Et nous pourrions aller beaucoup plus loin encore si nous disposions de tous les moyens qu'ont les nations libres. Particulièrement dans le contexte de la mondialisation des marchés qui nécessite notre présence à la table des nations où se prennent de plus en plus des décisions vitales pour notre destin et l'avenir de la planète. Quand ce sera fait, nous pourrons fêter d'une manière encore plus grandiose ce beau jour de juin.
Bonne fête nationale, chers compatriotes!
Bernard Landry


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