Volkswagen est déshonorée

De Volkswagen à Nietzsche

Peut-être menacée de faillite...

Tribune libre

Le peuple allemand est allé au plus profond historique de l’horreur entre 1939 et 1945 avec le régime nazi. Les traces psychologiques sont encore pénibles après des décennies. Suite à ces malheurs, comme c’est souvent le cas, il y a eu un rétablissement très positif : chute du mur déshonorant de Berlin, réunification exemplaire de l’Est et de l’Ouest, mise à profit impeccable des trente glorieuses qui fit de l’Allemagne la locomotive de l’Union Européenne et un modèle économique et social inspirant pour le monde. Helmut Schmidt qui vient de mourir joua un rôle clé dans ce spectaculaire rétablissement. Au centre de cette belle aventure il y avait Volkswagen comme entreprise phare.

Une des plus célèbres maximes du grand Friedrich Nietzsche est : « Ce qui ne nous tue pas nous renforce». Ceux qui sont encore à la tête du grand fabricant automobile germanique et qui ont la lourde tâche de redonner de la noblesse à la « voiture du peuple » et conserver l’espoir pour leur société doivent souhaiter profondément que le célèbre philosophe ait raison dans la tragédie qui les frappe.

Le premier fabricant d’automobiles du monde est à l’agonie suivant plusieurs signes vitaux en difficulté. Tout se profile pour qu’à la gloire succède la déchéance la plus abjecte.

Évidemment Volks est loin d’incarner le premier scandale économique des dernières années sauf que pratiquement tous les autres grands étaient financiers. C’est la finance qui nous a entrainés, avec les États-Unis comme épicentre, dans l’une des grandes crises de l’histoire qui fit des centaines de millions de victimes et dont toutes les nations ne sont pas encore totalement sorties. Mais avec les turbulences de la petite berline pour la première fois ce n’est pas la finance qui est dans la mire mais des industriels et non pas les américains mais les allemands.

Volkswagen est déshonorée et peut-être menacée de faillite quand on voit les chiffres en cause et qui croissent chaque semaine. De plus il n’y a pas qu’une marque qui est entachée, plusieurs autres « brandings » germaniques, les plus célèbres de l’industrie sont touchées par le scandale. Toute l’industrie automobile allemande subit déjà des dommages collatéraux et ce n’est qu’un début. Après tant de gloire : le déshonneur. Sa discipline, son honnêteté, sa persévérance et son génie inventif sont éclaboussés pour longtemps et peut-être à jamais. Les Grecs tellement méprisés par les germains pour ne pas dire persécutés durant leur turbulence financière vont sourire en coin en prenant conscience de ce qui est arrivé au grand allemand. Une certaine revanche pour ne pas dire plus, comme une sorte de bonheur compensatoire!

Les tragédies financières américaines, britanniques et d’ailleurs sont nées d’erreurs systémiques et de mauvais calculs stratégiques comme pour les « sub primes » ou de la complexité de produits dérivés toxiques mais souvent inspirés par une certaine bonne foi et même de naïveté. Dans un contexte néo-libéral porté à l’extrême après l’implosion du communisme.

Chez Volkswagen c’est tout le contraire. Des calculs souvent bien médités avec une sorte de génie malfaisant et conçus de façon méthodique pour berner le consommateur. Ce qui ajoute encore une dimension vicieuse au stratagème allemand c’est qu’il joue sur une grande vertu contemporaine : la protection de l’environnement. Le consommateur achète un produit soi-disant écologique et l’on manipule scientifiquement les données pour instrumentaliser la vertu et pratiquer un vice.

Des marques comme VW, Skoda, et Audi sont concernées par cette scandaleuse affaire. On parle de millions de véhicules et de consommateurs. Des milliers d’Euros de dommage et la somme totale n’est peut-être pas encore connue. Les recours collectifs en marche risquent d’augmenter vers une catastrophe plus grande. Les impostures américaines si scandaleuses sont loin de ces chiffres astronomiques malgré leur ampleur.

Les regards méfiants de l’agence américaine de l’environnement (EPA) vont probablement se transmettre aux autorités de surveillance financières un peu partout maintenant que la réputation de la RFA est ternie et la fameuse crédibilité de ce pays reléguée aux oubliettes.

Nous n’avons pas encore l’évaluation des dommages de la contagion allemande, européenne et même mondiale de cette infamie concertée par des intellectuels et savants de haut niveau qui ont déshonoré leur métier, leur pays et les ont rendu suspects.

La RFA a le fardeau et la lourde responsabilité d’enquêtes et de punitions quant aux responsables de ces agissements aux conséquences qui dépassent ses frontières. Déjà le ralentissement allemand affectait l’Europe et donc le monde. Qu’est-ce que ce sera maintenant?

La crédibilité et l’honneur d’une des premières puissances du monde, espérons-le, ne seront pas tués. Mais avant le renforcement dont parlait le grand philosophe il y a un immense chantier à mettre en place et à réussir et il peut y avoir une belle convergence. Il y a quelques années, Lula, Obama, Sarkosy disaient d’une seule voix à la ronde : le temps est venu de réformer le capitalisme. L’occasion est bonne pour qu’Angela Merkel se joigne à la chorale.

Une première grande opération de convergence entre les gouvernements nationaux et l’OMC, le FMI, l’OCDE et d’autres devraient être la promotion du niveau d’éthique en économie. Son affaissement est au coeur de nos malheurs économiques et sociaux des dernières années et que son rétablissement, un peu comme la lutte aux changements climatiques devrait faire l’objet d’un sommet aussi spectaculaire que celui qui se prépare à Paris.

Avec l’appui de l’Union Européenne et des Nations-Unies une telle rencontre tenue nulle part ailleurs qu’à Berlin passerait à tout le monde la symbolique du message.

En plus de réunir les États la rencontre pourrait convoquer des composantes de la société civile, des universitaires et d’autres acteurs économiques et sociaux. Il s’agirait d’une sorte de Davos spécialisé en éthique.

Afin que tout le monde comprenne que l’on veut s’attaquer sérieusement à l’immoralité et à la rapacité. Une telle rencontre pourrait redorer le blason germanique et permettre à d’autres États plus laxistes encore de tourner la page et rendre plus harmonieux le concert des nations.

L’Allemagne est aussi la patrie de Beethoven. Son inspiration pourrait consolider la maxime de Nietzsche et renforcer les capacités allemandes et universelles de profiter une autre fois d’une catastrophe pour créer le bonheur. Il faut rêver, c’est la façon de croire au bonheur et de le retrouver.

Auf wiedersehen Volks und Bundesrepublik!


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2 commentaires

  • Sauvé stefan Répondre

    29 novembre 2015

    Monsieur Landry,
    Entre cette catastrophe programmée ici, sur la terre des francs...et celle programmée là-bas..., où se trouve la priorité ?
    Nous sommes aujourd'hui plus que jamais, intereppelé à puiser dans nos réserves de courage...
    "La plus grande folie ici-bas,
    c’est d’admirer l’argent plus que la sagesse
    et de donner la préférence à un homme riche,
    portant bonnet de fou garni de grelots.
    On l’élit conseiller
    pour l’argent qu’il peut perdre.
    Plus un homme a les poches bien pleines
    plus on lui accorde de crédit...."

    Sebastian Brant, poète allemand (voir La Nef des fous, p.9 - voir ci-attaché)
    Et pour ceux qui n'ont pas lu:
    "Je crois qu’il n’y a plus rien à faire pour redonner une santé à l’économie, un nouveau souffle, il est déjà trop tard, c’est une mécanique inconsciente qui déballe la pente abrupte et qui ne peut plus s’arrêter, se dirigeant elle-même tout droit vers son effondrement. Et je me demande encore si c’est prémédité ? Car s’en a vraiment les caractéristiques. Et si les adeptes du nouvel ordre mondial croient qu’ils pourront installer cette dictature mondiale par la force avec ce nouveau "false flag" si s’en est un, je crois qu’ils sont très affectés et qu’ils doivent être soignés d’urgence par la Lumière de leur Être." Peter
    "

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2015

    Une entreprise américaine voudrait-elle encore avec la planche à billets illimités acquérir ce fleuron Allemand, comme c'est la tendance actuellement en France? C'est comme si les Américains ou Power Corporation au Québec tentait d'acquérir Hydro Québec pour des lentilles! Bref, ça sent très mauvais cette affaire! Mais très révélateur de la tangente que suit le système de prédation appelé incorrectement économie.
    L'économie réelle en Europe et partout d'ailleurs est émasculée par les spéculateurs financiers corrompus qui n'ont d'autres intérêts que leurs portefeuilles! Les peuples sont actuellement dépossédés et laissés de côté dans le processus soi-disant "démocratique"! Ces entreprises oligarchiques ne se rendent pas compte qu'ultimement cela finira mal, ou bien, dépendant du point de vue, et que finalement ils ne font que se tirer bêtement dans les pieds.
    Il y a des limites à tirer la couverture sur son bord, un moment donné on se ramasse sur le cul en bas du lit lorsque les peuples cessent de consommer et de payer des impôts, par choix ou par obligation. Lorsque l'économie ne sert plus l'homme, mais ne fait que l'asservir, il est temps de repenser fondamentalement le système dans son ensemble et de passer à autre chose. Mais je crois que l'homme ne le fera pas, il est lui-même pris dans l'engrenage et complice de la machine infernale hors-contrôle, et donc en conflit d'intérêts avec lui-même.
    Je crois qu'il n'y a plus rien à faire pour redonner une santé à l'économie, un nouveau souffle, il est déjà trop tard, c'est une mécanique inconsciente qui déballe la pente abrupte et qui ne peut plus s'arrêter, se dirigeant elle-même tout droit vers son effondrement. Et je me demande encore si c'est prémédité? Car s'en a vraiment les caractéristiques. Et si les adeptes du nouvel ordre mondial croient qu'ils pourront installer cette dictature mondiale par la force avec ce nouveau "false flag" si s'en est un, je crois qu'ils sont très affectés et qu'ils doivent être soignés d'urgence par la Lumière de leur Être.