Dans le contexte actuel de réarmement du Canada, il est fort pertinent, et même essentiel, de rappeler les revendications du mouvement syndical et populaire du Québec des années 80 en faveur de la reconversion de l’industrie militaire au civil. Le 11 septembre ne pourra pas éternellement servir de prétexte à la droite néolibérale ou conservatrice pour enfoncer dans la gorge des populations des mesures rétrogrades extrêmement coûteuses en fonds publics et approfondissant conséquemment la spirale de l'endettement. Dans un passé souvent rappelé, elles ont complètement failli à offrir aux peuples du siècle précédant une société qui garantisse une sécurité durable.
Et si en plus ce débat nous évite d’offrir la souveraineté nationale du Québec au plus offrant des lobbys militaristes, comme prétendent le faire Harper ou même le Bloc, nous aurons fait un pas de plus pour nous affirmer comme une nation se refusant jusqu'à ce jour à défendre par les armes l’indépendance qu’elle prétend toujours obtenir démocratiquement depuis René Lévesque.
La question n’est donc plus tellement de quelles retombées rêvées nous bénéficierons, mais plutôt dans quel piège absurde nous éviterons de tomber. La militarisation avec l’OTAN des rapports entre nations riches et nations moins bien nanties est une aventure sans lendemain, un gaspillage éhonté de moyens et tient d’une volonté de gouvernance aveugle axée sur une domination impériale du monde désormais impossible. Nos « adversaires » du Tiers-monde ne font, en fait, que se mettre à l’abri de la spoliation appréhendée de « nos » transnationales. Ont-ils vraiment le choix de consacrer leurs faibles moyens à une agression hypothétique du monde occidental alors que leurs populations manifestent des attentes bien plus grandes pour des efforts de développement se prolongeant dans des échanges d’égaux à égaux, de gagnants-gagnants, avec nous ?
Cul de sac énorme pour la relance définitive de l’économie, ce réarmement d’un style qui a abouti lamentablement au cours du XX ième siècle à deux carnages épouvantables et qu’Obama a exprimé le souhait d’éviter, va à contre-courant de l’appel au commerce civil des puissances émergentes. Les échanges militaires seraient à notre désavantage comte tenu du nombre de combattants potentiels sur le reste de la planète.
De toute évidence, une certaine forme de colonialisme tire à sa fin. La solidarité Sud-Sud tente honorablement d’en venir à bout. La sécurité de la planète repose donc bien plus sur des rapports harmonieux avec des partenaires du Sud que sur une hiérarchie obsolète fondée sur un équilibre militaire fragile qui néglige les revendications pour du travail, du pain et une paix étayée par l’équité. Les études voulant que des investissements dans l’éducation et la santé créent plus d’emplois que ceux dans l’armement n’ont pas été contredites à ce jour.
Le bête aveuglement des politiques au Canada leur fait oublier leurs promesses de désarmer devant le mouvement de masse des années 80 où la population exprimait ses aspirations à voir la terre survivre face à un encombrement et un étalage dépassés de moyens de chantage armés contre les peuples qui sont désormais prêts à aller bien plus loin dans nos rapports respectifs puisque leur indépendance, comme la nôtre, penche en faveur d’un développement pacifique.
En plus, et de toute évidence, les mesures antiterroristes sont bien loin d’exiger un tel amoncellement de quincaillerie guerrière qui semble outrageusement disproportionné par rapport aux objectifs de pacification. La reconversion au civil est encore, avec des mesures de commerce équitable plutôt que des traités de libre-échange inégaux, une solution possible aux contradictions inextricables qui président aux relations entre les nations et auxquelles même l’ONU semble se refuser à trouver des solutions autres que celles de faire parler inutilement les armes.
La paix n’est plus le rêve utopique de nos prédécesseurs qui y ont renoncé trop vite. Elle est devenue un projet politique incontournable, non seulement pour assurer la survie de la planète mais aussi celle d’une humanité à laquelle elle peut offrir un avenir radieux.
Si l’Occident, dont le Québec pourrait commencer dès maintenant à se démarquer singulièrement comme nation souveraine, pense s’en sortir les armes à la main ou du bout de la manette qui guide ses drones, il se fourvoie lourdement sur les alternatives qui se présentent à lui pour seulement contribuer, comme les autres et à sa manière propre, à l’émergence d’un monde multipolaire appelé par ceux qui n’ont pas les moyens, eux, de renoncer à nourrir, instruire et soigner leurs peuples.
Dans sa situation de subalterne au Canada, le Québec éviterait le piège du militarisme en réclamant pour lui la proportion des fonds destinés à l’armement excessif et contre-productif du Canada pour consolider ses services à la population, étendre la couverture pour la santé et donner accès gratuitement à l’enseignement. Cela irait dans le sens que la lutte nationale a pris au fil des ans pour que la société québécoise gagne du terrain dans son projet novateur d’indépendance. C’est un choix qui nous tiendrait à l’écart de la pseudo « citadelle assiégée » de l’Occident et de ses traquenards suicidaires, pour nous ouvrir aux libertés conquises du monde nouveau émergent au XXI ième siècle à l’égal de toutes les nations souveraines.
Des retombées militaires
Et si c'était un piège ?
La paix comme exigence urgente de la liberté
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