Sur le Réseau liberté-Québec

Un peuple de gauche au Québec

Réplique à Guillaume S. Leduc dans le Soleil

Tribune libre

Pourquoi les idées de s’émanciper, de se libérer ou de venir à bout des carcans que le capitalisme et la démocratie libérale traînent dans leur sillage ont influencé l’opinion publique des Québécois ? Parce qu’à l’expérience ce type de société, qu’on oppose habituellement au socialisme, rétrécie de façon notable les possibilités d’exercer une réelle liberté. Qu’on pense aux garderies qui facilitent l’accès des femmes au travail. En plus, elles sont le résultat d’une volonté de ces gens, que l’on voudrait éternellement soumis et que la droite disqualifie pour l’exercice de pouvoir, de porter sur le terrain politique le précieux souci qu’ils-elles ont du traitement que l’on offre à leurs enfants.
Le débat actuel sur la collusion des pouvoirs, libéraux entre autre, avec les intérêts privés, le montre bien : alors que se manifestent tant de besoins à satisfaire en santé, en éducation ou en protection de l’environnement, les représentants politiques ou lobbyistes de ces intérêts en rajoutent et en demandent toujours plus en contrats publics ultra-rentables, en primes coûteuses et en opportunités d’affaires. Il n’y en a que pour les transnationales québécoises ou autres. Malgré les affirmations paranoïaques et insipides de la droite radicale, le pouvoir est loin d’être de gauche actuellement au Québec.
Que ce pouvoir dévoué au statu quo soit combattu par la gauche rend cette tendance sympathique à la population parce que qu’on commence à y percevoir que les intérêts populaires sont mieux servis par cette option politique que par une droite qui réserve son influence pour consolider l’hégémonie des bien nantis. La population n’est pas dupe et finit par adhérer aux valeurs de gauche dans lesquelles elle reconnaît ce avec quoi les Québécoise-e-s se sont familiarisé-e-s au cours de leur histoire : la solidarité.
La droite pourrait se demander quelle responsabilité elle a eue dans l’intérêt que les Québécois-e-s ont manifesté pour les programmes de gauche et de progrès social. Peut-être que ses dogmes ont heurté et choquent encore les Québécois-e-s. Il faudrait lui rappeler, par exemple, que même Céline Dion s’est démarquée d’un Bush dangereux pour appuyer Obama. Ce qui, à mon avis, illustre toute l’importance que la grande famille québécoise, d’où a émergé Madame Dion, attache encore au rôle d’un État social pour palier à la triste incapacité du capitalisme à servir le plus grand nombre.
Une majorité des salarié-e-s, qu’on ne peut pas indéfiniment accuser de « gras durs » ou de « paresseux », et toute à la fois exposer à leur vue l’opulence d’une riche minorité jamais assouvie dans sa soif de généreuses rentes aux actionnaires, cette majorité subalterne n’est pas sans capacité de se questionner sur ses dirigeants. Le réflexe coopératif des Québécois-e-s est une autre preuve d’une espèce d’allergie nationale à l’individualisme et à des valeurs liberticides qu’offre une droite extrême comme celle de Maxime Bernier. C’est en fait le rassemblement de nos forces qui assure le mieux ce bien-être que notre histoire « collectiviste » nous a légué.
À vrai dire, en s’affirmant résolument contre les progrès de société qui préoccupent une grande partie des citoyen-ne-s, la droite invite la population à tendre l’oreille aux politiques alternatives de la gauche pour peser le pour et le contre. Si le jugement populaire s’exerce plus souvent finalement à gauche, c’est qu’il y a au sein même de la société une forte aspiration à des avancés de civilisation pour lesquelles la droite n’a qu’aversion. Ce n’est donc qu’elle-même que la droite, divisée sur toutes sortes de questions, peut interroger sur l’influence qu’elle peut ou non imposer à un peuple pas toujours dupe sur ceux qui aspirent à le gouverner contre ses intérêts et valeurs. La forte proportion de Québécois-e-s opposé-e-s à la guerre en Afghanistan, et la façon dont on tente de lui vendre cette agression d’un peuple pauvre, explique plus que tout notre peu de propension à voter Conservateur.


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