Mise à l'écart de Chantier Davie

Pas d'explications des conservateurs du Québec

JJC - un fédéraliste impuissant...


Marie Vastel Ottawa — Au lendemain de l'échec de Chantier Davie à décrocher un lucratif contrat fédéral de construction navale, les conservateurs du Québec ont refusé d'offrir les explications qui leur ont été réclamées par les travailleurs. Et si le gouvernement québécois s'est avoué «déçu» du résultat, l'opposition à Québec l'a accusé de ne pas en avoir fait assez pour pousser la candidature du chantier de Lévis.
La nouvelle étant tombée tard mercredi, les députés conservateurs du Québec avaient aisément évité de commenter. Mais ils se sont montrés tout aussi avares d'explications hier.
Tour à tour, ils ont plaidé l'indépendance du processus de sélection des chantiers navals qui ont reçu, au total, 33 milliards de dollars en contrats fédéraux. Trois chantiers avaient soumissionné; ce sont ceux de Vancouver (25 milliards) et d'Halifax (8 milliards) qui sont sortis gagnants. Chantier Davie a vu lui échapper ce second contrat.
Alors que l'opposition fédérale a questionné le gouvernement à sept reprises aux Communes, le député de Lévis-Bellechasse, Steven Blaney, est resté bien assis sur son siège, laissant le soin au premier ministre ou à la ministre des Travaux publics de répondre à sa place. Muet depuis la veille, M. Blaney a finalement consenti à répondre à quelques questions des journalistes, mais en catimini, à l'extérieur du parlement et loin des micros du foyer de la Chambre.
«C'est un processus transparent, équitable, qui a pris en compte tous les paramètres. Donc, c'est un processus qui s'est tenu à l'écart de la politique», a-t-il répété, à l'instar de ses collègues québécois qui ont martelé ad nauseam que cet appel d'offres «compétitif» et «indépendant» avait été «apolitique».
Mais ces critères de sélection vantés par M. Blaney, et qui ont mené à l'exclusion de Chantier Davie, c'est justement ce que lui avait demandé d'expliquer le président du syndicat de l'entreprise, Paul-André Brulotte, dans un communiqué envoyé en après-midi. Pas de réponse, cependant. Les conservateurs arguent que le processus a été transparent, mais ils n'en expliquent pas les paramètres.
D'autres contrats
Les conservateurs québécois se sont en outre contentés de répéter qu'il restait d'autres contrats à attribuer, comme la construction d'une centaine de petits navires au prix de 2 milliards, ou 5 millions par année pour l'entretien des nouveaux navires qui seront construits. Là encore, pas moyen de savoir comment le gouvernement entend s'assurer d'aider Chantier Davie à obtenir sa part de la mise.
C'est justement ce que réclamait l'opposition fédérale, sans toutefois savoir expliquer de quelle façon les conservateurs pourraient favoriser l'entreprise de Lévis sans faire de l'ingérence politique.
À Québec, la chef péquiste Pauline Marois a déploré, lors de la période des questions, le fait que les contribuables québécois financeront le sauvetage des chantiers maritimes retenus alors que le soumissionnaire de leur province a été écarté.
«Ça veut dire que chaque Québécois qui paie des impôts à Ottawa va verser 1800 $ de sa poche pour la construction de ces navires et n'en retirera rien», a-t-elle accusé.
Sa députée de Duplessis, Lorraine Richard, a quant à elle reproché au gouvernement de Jean Charest de ne pas avoir pris la peine d'aller vanter son chantier à Ottawa, comme l'a fait le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrel Dexter. Une critique rejetée par le premier ministre Charest, qui a affirmé avoir «tout mis en oeuvre» pour soutenir Davie, se reconnaissant lui aussi «déçu de la décision».
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Avec La Presse canadienne


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