Espoir à Mashteuiatsh

Forum socio-économique des Premières nations


Bien des yeux seront tournés vers les Premières Nations cette semaine. Heureusement cette fois, ce ne sera pas parce qu'il y aura une levée de barricades, un pont bloqué ou une interdiction d'exploiter un territoire forestier. Mais bien, parce que les autochtones veulent discuter avec les Blancs de leur avenir socio-économique. Un forum pour que les élus puissent se donner bonne conscience ? Non, un exercice essentiel quoique fort complexe.
De quel avenir veut-on parler ? Le poids des statistiques est si lourd lorsqu'on brosse le portrait des autochtones qu'on se demande comment un forum de trois jours pourrait changer la donne.
Le travail à faire est colossal.
Rappelons l'état de la situation. Chez les Premières Nations, la moitié des adultes n'ont pas terminé leurs études secondaires. Parmi les jeunes sur les bancs d'école, la moitié ont redoublé une année scolaire. Les prestations de chômage et d'aide sociale assurent 44 % des revenus des autochtones. L'état de santé de ceux-ci est aussi alarmant. Plus de 50 % des enfants sont obèses, 67 % des adultes et 71 % des personnes âgées le sont aussi. Le taux de diabète et de tabagisme est plus important qu'ailleurs au Québec. Il en est de même pour la consommation de drogues et d'alcool. Ce qui donne évidemment lieu à plus de violence verbale, physique et psychologique dans ces communautés.
Comment envisager l'avenir dans un tel contexte ? Comment s'y prendre dorénavant pour que ce futur ne soit pas composé uniquement de misère, de pauvreté et de frustrations ?
Des conditions sont essentielles : ne pas chercher de part et d'autre des coupables pour tous les maux qui affligent les communautés autochtones, et mettre de côté les esprits revanchards. Le regard doit se porter vers l'avenir, sur les moyens qu'il faut prendre pour que ni les autochtones ni les autres Québécois n'aient à rougir des conditions de vie des membres des Premières Nations.
Dans des textes qu'il a fournis à la veille du forum de Mashteuiatsh et que Le Soleil publie dans son site Internet, le chef régional de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, écrit que la balle est dans son camp. "Nos Premières Nations sont à l'avant-garde de cette responsabilité qui consiste à sortir nos peuples du sous-développement et du marasme social qui affligent la majorité de nos communautés". Il ajoute que les gouvernements ont aussi une responsabilité indéniable. Sans le soutien gouvernemental et sans la collaboration des autres citoyens, il est en effet impensable que les autochtones réussissent rapidement à renverser la vapeur. La tâche est trop lourde.
Le défi du Forum est donc de partager un bilan et de convenir de moyens pour le changer positivement. Ghislain Picard fait un parallèle pertinent entre le Sommet de l'économie et de l'emploi tenu par Lucien Bouchard en 1996, le Forum des générations organisé en 2004 par Jean Charest et le Forum sur l'avenir socioéconomique des Premières Nations.
Les effets pédagogiques et mobilisateurs de ce type d'exercice sont tangibles. Qui pouvait nier la nécessité de maintenir le déficit zéro dans les finances publiques après le Sommet de 1996 ? Qui peut ignorer le défi du déclin démographique et l'obligation de rembourser la dette du Québec après le Forum des générations de 2004 ?
Cette fois-ci, il faut sortir du Forum de Mashteuiatsh avec la ferme volonté de tous les acteurs de trouver des compromis et de poser des jalons qui permettront aux autochtones d'aspirer à une qualité de vie similaire à celle des autres citoyens du pays. La situation des autochtones est si déplorable que nous avons l'obligation morale de réussir.


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