LISE THÉRIAULT ET L’ÉVASION D’ORSAINVILLE

Dur atterrissage

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Le rôle étrange du juge Louis Dionne, ancien DPCP sous Jean Charest et Jacques Dupuis

L’évasion héliportée de trois détenus dangereux à Orsainville a provoqué un dur atterrissage pour Lise Thériault dans son poste de ministre de la Sécurité publique. Non pas qu’elle aurait dû prévoir une telle chose dès son arrivée en poste fin avril. Mais depuis l’évasion spectaculaire de samedi soir, la ministre a été difficile à suivre. Et les questions sans réponse se multiplient sur cette histoire à la Mesrine qui mériterait une enquête.​

Lise Thériault, qu’on avait sentie en pleine maîtrise lorsqu’elle était aux commandes du ministère du Travail, a été difficile à suivre ces deux derniers jours. Les contradictions se multiplient : elle nous dit d’abord que la décision récente d’abaisser la cote de sécurité des présumés meurtriers Serge Pomerleau, Denis Lefebvre et Yves Denis était « questionnable », pour après révéler que c’était là l’ordonnance d’un juge. Elle affirme lundi que cette décision était publique, puis se ravise et révèle qu’elle fait l’objet d’une ordonnance de non-publication. Elle certifie que le matériel pour bloquer l’accès à un hélicoptère dans plusieurs prisons a été acheté pour ensuite se raviser ; rien de cela n’avait été acquis. Un jour, elle est loquace, le lendemain, elle rejette toutes les questions sur l’évasion en prétextant la même ordonnance de non-publication et le danger de faire avorter un procès. Bref, lundi, par ses commentaires, elle aurait violé l’ordonnance et mis le procès en péril ? La (vice-première) ministre est-elle en période de rodage ou est-ce cette invraisemblable affaire d’évasion héliportée qui la met devant des faits déroutants, voire des failles déconcertantes de notre système correctionnel ?

Comment, en effet, un aéronef aussi peu furtif qu’un hélicoptère peut-il atterrir dans une cour de prison qu’on présume hypersurveillée, cueillir ses « clients » et quitter les lieux de manière aussi rapide ? Comment cette sorte d’évasion a-t-elle pu se produire après celle de mars 2013 à Saint-Jérôme ? Comment les détenus ont-ils pu avoir eu accès à des ordinateurs et des téléphones cellulaires aussi facilement à l’intérieur de la prison ? Comment des détenus aussi dangereux peuvent-ils voir leur cote de sécurité abaissée ? La ministre Thériault de lundi avait toutes les raisons de qualifier cette décision de contestable, surtout que le complot d’évasion était connu des policiers. Qui a demandé cet assouplissement ? Habituellement, expliquait-on au bureau de la ministre mardi, c’est l’« établissement de détention » (jargon administratif pour « prison »…) qui fixe cette cote. Mais selon ce que la ministre (version loquace) a révélé lundi, c’est bel et bien le juge Louis Dionne qui, cette fois, l’aurait ordonnée. Si c’est le cas, il s’agit d’une curieuse ingérence, non, de la part de l’ancien directeur des poursuites criminelles et pénales ?

On comprend la Coalition avenir Québec d’avoir réclamé une enquête sur cette affaire. Celle-ci serait interne, mais ses conclusions seraient rendues publiques et étudiées en commission parlementaire. Depuis mars 2013, rien n’a été fait pour empêcher une autre évasion impliquant un hélicoptère. Estimant qu’il n’y avait aucun risque qu’un événement aussi spectaculaire se reproduise, le gouvernement a choisi de ne pas investir dans l’installation de filet ou autre mécanisme de protection. L’évasion de samedi et les dépenses qu’elle impliquera en recherche, en report de procès, etc. nous font comprendre qu’il aurait été plus rentable d’investir tout de suite dans l’installation de mécanismes anti-évasions aériennes. L’interdiction de vol, obtenue par la ministre, au-dessus de certains établissements semble un expédient peu convainquant. « On le voit venir [l’aéronef], c’est ça, la différence », a-t-elle expliqué mardi. Conclusion ? Avant, on ne voyait rien ?


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