Après la fronde des magistrats, voici celle des diplomates. Où? En France. Cette semaine, un collectif d'ambassadeurs, certains en poste d'autres à la retraite, ont exprimé le désarroi qui les habite à la suite d'une série de bévues portant l'empreinte de Nicolas Sarkozy et ses proches conseillers. Après trois ans d'une politique où la confusion fait bon ménage avec l'agitation qui se dispute l'improvisation, la voix de la France, de suggérer ces messieurs-dames, est aphone.
Dans un texte publié dans le quotidien Le Monde, ces fonctionnaires assurent que «l'Europe est impuissante, l'Afrique nous échappe, la Méditerranée nous boude, la Chine nous a domptés et Washington nous ignore». Autrement dit, l'influence de la République a été réduite à une peau de chagrin. Ce constat, juste au demeurant, a ceci d'affligeant que la France est le pays qui accorde aux relations internationales la plus importante enveloppe budgétaire après les États-Unis dans le monde.
La réaction des porte-parole du gouvernement a été à l'image de celles entendues lors d'affaires antérieures et tout aussi délicates. Mais encore? Les porte-parole sont en réalité des porte-flingues. Ils fustigent aujourd'hui les diplomates comme hier les juges. Ils s'en tiennent à la surface, soit la méthode choisie par les diplomates, pour mieux se dérober. Sur le fond, sur les questions légitimes que posent ces derniers, la garde sarkozienne s'en tient à la seule parade qu'elle maîtrise: un chapelet de sophismes enrobé d'injures. À preuve, elle a ravalé le souci exprimé par les professionnels des affaires étrangères à un communiqué composé par le Parti socialiste.
C'est pathétique. D'autant qu'après les deux années au cours desquelles Bernard Kouchner, titulaire du portefeuille, avait cantonné la fonction à celle de paravent des politiques commandées quasi exclusivement à l'Élysée, Alain Juppé et Hubert Védrine, deux anciens chefs de la chancellerie, avaient publié, en juillet dernier, un texte dans lequel ils se disaient «inquiets des conséquences pour la France d'un affaiblissement sans précédent des réseaux diplomatiques et culturels.»
L'automne dernier, à la faveur d'un remaniement ministériel, Michèle Alliot-Marie succédait à Kouchner. On connaît la suite. Elle survole la Tunisie dans l'avion d'un ami de Ben Ali, ses parents font des affaires. Elle est là alors que le soulèvement se poursuit. Elle va jusqu'à proposer l'expertise française en matière de sécurité. À peine nommé, le nouvel ambassadeur que l'on sait proche de Sarkozy se montre aussi cassant que méprisant. En moins de trois semaines, «la voix» de la France en Tunisie et dans le Maghreb francophone a pris les accents de la médiocrité. Le pire, alors que la politique française dans cette région part à vau-l'eau, Madame est maintenue. Une tablette au quai d'Orsay...
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