ÉCOLES JUIVES

Deux poids, Dieu mesure!

Mais où mènera la solution apparemment magique de l’école à la maison?

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Une propension systématique à réclamer un régime d'exception

« Tout le monde mérite une chance égale d’écrire son avenir. » C’est le message que diffusait dans Le Devoir de samedi la Centrale des syndicats du Québec à l’occasion de la rentrée scolaire. Tous ne semblent, hélas ! pas de cet avis. Le 19 août, le professeur Pierre Anctil lançait dans ces pages un cri d’alarme. Si la société québécoise ne se ressaisit pas dans le dossier des écoles hassidiques, il soutient que des centaines d’enfants, leurs parents et leurs communautés seront les victimes d’abus intolérables. L’amicus curiae des intégristes ultraorthodoxes brandit la Charte québécoise des droits et libertés pour nier à l’État le droit de dire son mot dans le cursus scolaire des enfants alors qu’ils sont à l’intérieur des murs de leurs établissements d’enseignement.

Le professeur sait fort bien que l’État et la société québécoise ne s’opposent aucunement à ce que des groupes minoritaires transmettent leur langue, leur religion et leur culture à leur progéniture. Ce qui est vraiment intolérable, c’est que cette transmission se fasse au détriment du droit à l’éducation que cette même Charte québécoise garantit en toutes lettres. Il s’avère qu’en matière d’éducation, bien que ces écoles religieuses se nourrissent de généreuses subventions gouvernementales, elles n’ont jamais respecté le régime pédagogique prévu dans la Loi sur l’instruction publique.

Quand, du matin au soir, six jours sur sept, des enfants hassidiques sont forcés d’étudier presque exclusivement les textes fondateurs du judaïsme, nous sommes aux prises avec une gigantesque entorse à l’esprit de la loi. D’ailleurs, M. Anctil avait lui-même déjà fort bien illustré l’ampleur du problème. Dans une autre lettre ouverte au Devoir, il rappelait que si ces institutions ne respectaient pas les exigences officielles du ministère, c’était que leur programme religieux était tellement exigeant que les enfants devaient y consacrer de nombreuses heures chaque jour. Et c’est ce même pédagogue qui vient aujourd’hui nous raconter que la voie de l’enseignement à la maison mérite d’être valorisée ? Qu’il nous dise quand les enfants vont s’y atteler. Le soir, après une journée harassante ? Guidés par leurs parents qui ont fréquenté les mêmes écoles talmudiques un quart de siècle plus tôt ?

Pour respecter l’essence de la loi, il faudrait au contraire que l’école offre les matières « séculières » durant le jour et que les parents s’organisent à la maison pour leur inculquer leurs précieuses valeurs cultuelles. Après tout, n’est-ce pas la discipline qu’ils possèdent comme nulle autre ?

Après s’être penché sur les cas de 203 familles dont des enfants sont éduqués à la maison, Sylvain Bourdon, professeur à la Faculté de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, a pu départager les familles en deux groupes. Il y a celles qui veulent réellement enrichir l’expérience de leurs enfants et maximiser leur intégration sociale, puis celles qui cherchent une façon d’extirper leurs enfants de la société pour les maintenir en marge. Si les performances des jeunes du premier groupe semblent aussi bonnes ou parfois meilleures que celles des enfants fréquentant le milieu scolaire, le pronostic serait bien moins reluisant dans le cas du deuxième groupe. En dépit du fait que le DPJ ait dû recourir à l’assistance des forces policières pour avoir accès aux enfants et qu’aucun acquis éducationnel n’a été évalué, l’anthropologue yiddishophile a bon espoir que la vie, le développement affectif et intellectuel des jeunes ne soient aucunement menacés. Faut-il donc qu’un Moïse Thériault tranche le bras d’une adepte pour que l’on se préoccupe du sort des enfants du Québec ?

En juin 2014, pourtant, la situation des écoles hassidiques illégales était si préoccupante que la ministre responsable de la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois, n’avait pas hésité à assimiler la fréquentation de ces écoles à de la maltraitance ou à de la négligence pouvant y conduire. À la même époque, Camil Bouchard, ancien professeur au Département de psychologie de l’UQAM, rappelait que ces enfants sont tout simplement « piégés dans une communauté et ne peuvent espérer jouer un rôle de citoyens responsables ».

Dans Le phénomène des sectes, un ouvrage publié par le Centre de documentation et de consultation sur la pensée sectaire, on fournit certaines caractéristiques permettant de détecter les groupes pouvant être dommageables pour l’intégrité physique et psychologique des membres. Le zèle et la confiance absolue que les membres peuvent porter au leader, la nécessité de recourir au leader avant de prendre plusieurs décisions de la vie, l’obligation de socialiser ou vivre seulement avec les autres membres du groupe, les interdits sur ce que le membre peut lire, peut écouter ou voir, la possibilité de se marier librement dans le groupe, l’autorisation pour les enfants de jouer avec des enfants non membres font partie des signes à surveiller.
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