C’est en effet tout un coup de tonnerre qu’a provoqué le texte d’un certain prof étasunien paru dans The Gazette en ce 23 juin, donc à la toute veille du notre Fête nationale.
Depuis la parution de ce Speak French, or resign to becoming American, ne dérougissent plus les commentaires reçus par The Gazette. La plupart sont férocement défavorables. Mais, parmi les 142 comptés en ce matin du lendemain de notre Fête nationale, s’y glissent ça et là quelques réactions de lecteurs, quelques unes servent à féliciter l’auteur pour son franc parler, quelques autres pour dénoncer le Québec bashing de certains des 142 commentaires reçus à ce jour. Et ça ne fini plus d’entrer.
La réaction de certains lecteurs est en effet excessivement violente. Quelques Rhodésiens s’en prennent au messager. De quoi se mêle-t-il ce prof yankee, semble-t-ils exaspérément dire. Renversement de situation : ce sont ces gens qui, avant les années soixante, nous lançaient des Speak white par la tête, qui se font maintenant servir un « Parlez bleu » par une personne étrangère mais amie du Québec.
Dépendant des intérêts des lecteurs de Vigile qui seraient tout aussi estomaqués que moi par le texte en question, je ferai un suivi de ces nombreuses réactions qu’il a provoquées.
En attendant, je vous invite à lire la traduction libre, laquelle j’ai tenu à faire de ce texte de John-Jean Ofrias, professeur de sciences sociales au Suffolk Community College, Long Island, N.Y.
Dans sa présentation, monsieur Ofrias précise qu’il possède une résidence secondaire à Sutton. Belle occasion pour cet Amériquébécois » de discourir avec quelques uns de nos plus âpres Rhodésiens!
Bonne lecture. Veuillez toutefois excuser mon piètre talent de traducteur.
Les deux choix de nos Quebecers
Soit que vous acceptiez de parler bleu
Soit que vous vous résignez à devenir Américains
En ce vingt et unième siècle, le pays de ma naissance s’est malheureusement transformé en États-Unis Inc, prenant irrémédiablement la fade teinte des nos billets verts, une couleur ma foi pas du tout écolo.
Les 400 personnes les plus riches des États-Unis détiennent plus de richesse que les 150 millions de leurs compatriotes les moins riches. C’est donc ainsi que, dans mon pays, le régime économique fait que si peu de citoyens puissent ensemble accumuler plus de ressources matérielles que ce que la moitié de la population possède globalement elle-même. Cette hyper-riche élite s’enveloppe dans un drapeau américain aux couleurs du billet vert. En hauts-lieux de notre gouvernance, crucifix et signe de piastre font ainsi bon ménage.
Au nord du quarante neuvième parallèle, du moins au Québec, il s’est plutôt développé une mentalité de séparer argent, religion et gouvernance. C’est du moins le sens d’une Révolution tranquille toujours en marche.
Or, dans le reste du Canada, on s’arrime de plus en plus et irrémédiablement dans la culture étasunienne. La population canadienne anglaise est chaque jour davantage McDonaldisée, Walmartiée, Starbuckisée.
Certains se demandent ce qui permet au Québec à autant moins dériver vers cette rampante mcdonaldisation. Ce n’est en tout cas ni un quelconque esprit militariste, ni la face de la reine sur les billets de vingt dollars qui a favorisé tant de résistance au modèle étasunien. En fait, c’est plutôt le français qui, encore aujourd’hui, permet au Québec de sauvegarder sa culture et ses valeurs profondes.
À mon avis, ce qui lui sert grandement à se distinguer, c’est cette obligation de « parler bleu ». Je vous en prie, Monsieur qui semblez vous-mêmes vous distinguer en vous identifiant comme Quebecer, parlez français au Québec, sinon vous devrez forcément vous résigner à devenir Étasunien dans le plus mauvais sens de cette identité. Vous n’aurez alors que deux choix : parlez bleu ou aider le dollar américain à éroder davantage l’âme québécoise.
Le Québec a tout ce qu’il faut pour former une nation, une nation hautement capable de faire les distinctions raisonnables entre État, religion et argent. Elle est en train d’aller dans ce sens, une orientation nullement empruntée par son voisin à l’ouest de l'Outaouais. En fait, le Québec embrasse des valeurs propres au modèle féminin : valeurs humaines plutôt qu’archi-matérialistes
Ce qui distingue le Québec, c’est qu’il s’exprime en français, mais son message peut être entendu par quiconque à l’esprit ouvert. Je suis un Amériquébécois, un mâle anglophone ayant grand respect pour le drapeau fleur-de lysé et ceci, malgré le fait que j’aie encore tant de mal à m’exprimer en français. Ce que je veux surtout, c’est ajouter ma voix à tous ceux qui croient encore que nous pouvons - et que surtout nous devons - créer de meilleures formes de gouvernance en ce vingt et unième siècle.
Lors de la dernière campagne électorale au Québec, la question de l’indépendance n’était pas à l’ordre du jour. Mais elle le sera à la prochaine. D’ici là, il est essentiel de bien définir (tant en français qu’en anglais) ce que signifiera la souveraineté de ce pays en train de se faire. Entre temps, please Parlez Bleu.
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9 commentaires
Archives de Vigile Répondre
16 novembre 2014Et monsieur l'Étatsunien Ofrias, croyez-le ou non, n'est pas seul en son pays (car enfin, chacun sait qu'il n'y a pas plus unilingue sur la Planète, de manière générale, qu'un Américain de langue maternelle anglaise. D'où le précieux de l'intervention de ce John-Jean Ofrias) à réfléchir intelligemment sur la Question de la langue française.
Aussi ne saurais-je trop recommander également, et chaudement, la lecture de l'ouvrage récent suivant de Robert J. Berg, professeur à Bowling Green State University :
Péril en la demeure. Regards d’un Américain sur la langue française. Paris, France Univers, 2011.
En complément, voir entre autres la courte recension d'Albert Salon.
Jean-Luc Gouin,
Stadaconé, le 16 nov. 2014
Archives de Vigile Répondre
30 juin 2014Bravo John-Jean!
Je comprend bien l'attitude de certains anglophones outrés de se faire dire de
parler bleu. Ils sont les héritiers des vainqueurs des Plaines d'Abraham et des descendants de Lord Durham. Tout minoritaires qu'ils sont ils refusent de reconnaî-
tre le fait français au Québec. Surtout, de reconnaître la normalité de cette nation
et sa légitimité à réclamer son pays et d'en faire un état français LIBRE.
Plutôt que reconnaître ce fait, ils projettent une image de futurs victimes si le Québec devenait indépendant. D'où leur vote MASSIF pour le parti libéral,leur vassal, même corrompu à l'os. Ces "collabos" fédéralistes et ceux , francophones,
qui votent pour eux sont la honte de la nation québécoise francophone.
Si l'on peut comprendre le désir du vainqueur de vouloir conserver ses privilèges, on ne peut que mépriser les vaincus collabos qui trahissent les leurs en s'associant à leur discours méprisant et terrorisant à l'endroit de l'idée dIndépendance.
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2014Bravo à M.John-Jean Ofrias et à Claude G. Charron pour nous avoir apporté ce texte. La propagande fédérale n'a de cesse de salir le Québec, de le faire passer pour terrible, pour le salir dans l'esprit de ses habitants. On dit même que le Québec ne pourrait pas s'en tirer seul, sans la Canada. S'il fallait que l'on s'étouffe après avoir dit un mensonge, il n'y aurait plus beaucoup de survivants à Ottawa et Toronto dans les milieux officiels et, même ici, nos vendus ne s'en sortiraient pas, les Maxime Bernier, le triumvirat des gros docteurs et leur cliques mafieuses.
Il y a tout de même une question qui me turlupine: si le Québec est si dépendant d'Ottawa, c'est qu'il reçoit plus d'argent du fédéral qu'il n'en donne, non? Dans l'industrie, en toute logique, quand une succursale devient déficitaire, que fait-on? On l'élimine, on la ferme. Alors si le Québec est aussi déficitaire que le claironnent faussement les fédéralistes, pourquoi tient-on tellement à le garder dans le Canada? Ça n'a pas de sens. On ne garde que ce qui rapporte. Qu'en pensez-vous?
Ivan Parent
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2014J'ai pas mal voyagé, je suis trilingue et je me suis toujours identifié comme venant du Québec, la province Francophone du Canada. Je me suis toujours senti bien accepté par les peuples que j'ai rencontré sauf par les Canadiens Anglais qui ont toujours eu du mal a caché la fondamentale hostilité anti-Québec, bien qu'ils soit d'aussi bonnes personnes sinon meilleur que bien des peuples, ils ont été exposés a des décennies de "Quebec Bashing". Il n'y a que les Québécois qui n'on jamais voyagé pour ignorer cette états de fait.
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2014Très bonne réplique, monsieur Carmichael. Effectivement il faut activer le mouvement, au Bloc québécois, tellement à en faire une grosse vague à la chambre des communes.
Luc Lemoine Répondre
25 juin 2014J'ai 65 ans ! Dans ma vie, j'ai rencontré plus d'Américains ouverts aux francophones et prêts à faire un effort pour parler français, que de Canadiens anglais. Pourtant le pays "officiellement bilingue" c'est le Canada, non ? En fait là où il y a le plus de bilingues ou de trilingues c'est au Québec, État dont la seule langue officielle est le Français ??? Curieux non ? Une autre preuve que les Québécois sont ouverts à l'apprentissage de la "langue rouge".
Ce qui différencie le Canada des États-Unis c'est deux choses : La monarchie et le Français, D'ailleurs Stefen Harper en est très conscient. Grâce à son gouvernement majoritaire, il a revalorisé la royauté dans tous les domaines. Faut aussi remarquer qu'il commence la majorité de ses discours en français, sutout à l'ONU et dans ses voyages dans le monde ! Il a même osé reconnaître le Québec comme une "nation" (sans vraiment lui accorder les pouvoirs qui viennent avec !)
Cependant les lobbies de Toronto, de Calgary et de Vancouver ne tiennent pas particulièrement à faire plus de place au Québec. Pourquoi d'ailleurs, puisque les conservateurs ou les libéraux peuvent diriger le Canada de façon majoritaire en se passant de l'appui des Québécois qui votent pour l'opposition, soit pour le Bloc entre 1994 et 2011, soit pour le NPD depuis 2011.
Peu à peu irrémédiablement la proportion des francophones dans le Canada diminue sans appel depuis les 150 dernières années. Pourquoi s'en faire ? Les Canadians refusent de voir que le Québec forme vraiment une Société distincte par sa langue, par ses traditions, son refus de la monarchie, son rejet du Sénat, son attitude anti-militariste, son désir d'un registre des armes à feu, son appui d'une opposition de gauche(NPD) alors que le Canada vote à droite (PCC), sa volonté de réhabiliter les jeunes plutôt que de les emprisonner, son appui à l'avortement à la communauté LGBT et aux mariages gays en général, à son rejet, comme pour la majorité des pays occidentaux, du multiculturalisme, à son sens de "coopération" plus répandu qu'ailleurs, à son sens de l'humour avec son festival Juste pour Rire et ses dizaines de festivals régionaux, à son cinéma et ses séries télévisées typiquement québécoises, à ses poètes, ses chanteurs et ses écrivains "Québécois", à ses frais de scolarité les plus bas en Amérique, à ses goûts de vins et de fromages crus, sa poutine, son pâté chinois, son ragoût de pattes et sa cuisine novatrice,... j'en oublie et ils les ignorent !
La Nation québécoise, comme toutes les nations de ce Monde mérite bien son Pays bien à elle ! Si les 2 millions de Slovènes ou les 4 millions de Danois, à côté des 83 millions d'Allemands, gèrent leur pays, pourquoi pas nous ? Nous ne sommes pas plus innocents que les autres peuples. Pourquoi devrions-nous dépendre d'une autre nation ? Le contraire de l'Indépendance ce n'est pas la mondialisation, mais la dépendance ! Luc Lemoine
Archives de Vigile Répondre
25 juin 2014ce que je lis ici contribue à ma compréhension de Québec
François A. Lachapelle Répondre
25 juin 2014Les Québécois, à titre de minoritaires en Amérique du Nord et ce depuis le Traité de Paris de 1763, possèdent une résilience que les canadiens-anglais ne connaissent pas car ils croient que leur statut de majoritaire les protège contre toute adversité.
Après mon expérience dans l'armée canadienne qui confirme que le québécois minoritaire développe une couenne plus épaisse à cause de l'adversité qu'il rencontre à chaque jour de sa vie, cela produit chez le canadien-anglais une admiration secrète envers l'instinct de survie du minoritaire. Comme le besoin crée l'organe, le minoritaire possède un coffre d'outils très varié, ce qui s'appelle le sens de la débrouille. Pendant ce temps, le canadien-anglais majoritaire se berce d'illusion quant à la permanence de son hégémonie qu'il croit permanente par le simple principe de l'inertie. Sauf que le dynamisme humain né des besoins de la survie est absent chez le canadien-anglais.
L'étatsunien John-Jean Ofrias, professeur de sciences sociales au Suffolk Community College, Long Island, N.Y. invite les canadiens-anglais à parler bleu, de quoi leur donner les bleus, sinon, ils ne leur restent que l'assimilation aux États-Unis selon le prof Ofrias. Pourtant, parler français n'a rien de déshonnorant en soi. Le français une langue belle et riche alors que l'anglais est une langue pratique parce qu'universelle.
En plus de ce professeur québécophile de Long Island, N.Y., je rappelle la sortie publique du professeur J. Paul Grayson du département de sociologie de l'Université de York de Toronto en janvier 2014 qui rappelait aux siens que le contenu du projet de Charte de la laïcité du Québec du Gouvernement Marois contient des données créatives pour gérer des demandes abusives d'accommodements de nature religieuse par des élèves pour éviter tel examen.
Bien sûr que le Québec est un pays riche de tout, de ses richesses naturelles et de celles de ces habitants. C'est sans doute à cause de l'état privilégié du Québec que le Canada n'acceptera jamais de bon gré de se départir d'une partie vitale pour le Canada.
Cependant, malgré tous les déboires récents de la cause de l'indépendance du Québec, Stephen Harper aujourd'hui à Saint-Félicien du Lac Saint-Jean se berce d'illusion en disant, je cite: « « Pendant ma période comme premier ministre, l'appui à la souveraineté du Québec a baissé graduellement et continuellement. Ce n'est peut-être pas notre parti qui a le crédit, mais c'est la réalité. Notre façon de gérer la fédération est meilleure pour les Québécois que les autres. »
C'est pour contredire une telle ineptie qu'il faut appuyer le Bloc québécois au prochain scrutin fédéral à l'automne 2015 et ravir plusieurs comtés aux partis fédéralistes. Un travail de respect de soi et de proclamation de notre identité québécoise et française s'impose.
Archives de Vigile Répondre
25 juin 2014Version Originale Anglaise