Les quelque «occasions» ratées de nous libérer

Tribune libre

1- L’esprit des Lumières à l’ombre de nos clochers

En ce début de printemps 2017, J’entreprends de publier un premier texte d’une série de cinq, lesquels auront tous comme super-titre : Les quelque occasions « ratées » de nous libérer.

C’est à dessein que le mot « quelque » est au singulier. Plutôt que « plusieurs », il signifie « un certain nombre » (d’occasions ratées). C’est que reste toujours subjective l’interprétation que l’on se fait des évènements souvent pourtant les plus signifiants de l’histoire d’un peuple. Dans les cinq « occasions ratées » dont j’ai choisi de mettre en évidence, et qui ont chacune eu leur année cruciale - 1776, 1793, 1837, 1968 et 1995 -, j’en tirerai chaque fois ma propre interprétation quant à savoir si l’occasion pouvait réellement être aussi ratée qu’on pourrait le croire.

Le premier texte concerne l’invasion américaine de la Province of Quebec, laquelle a débuté à l’automne 1775 pour se terminer au début de l’été 1776. Commençons donc par un événement majeur ayant été trop occulté par nos historiens : la brusque diffusion des Lumières en sol laurentien en 1776 et 1777.

Le contexte de l’après-French and Indians War

Guerres de Sept Ans, guerre d’indépendance des États-Unis, Révolution française, nous verrons comment les deux premiers événements à très grande résonnance internationale ont affecté la vie de ceux et celles qui nous ont précédés dans la vallée laurentienne. Et ce sera dans les deux textes suivants que je tenterai de cerner comment la Révolution française a ensuite eu ici-même des impacts.

Pour tenter de comprendre comment la population s’est comportée lors de l’invasion américaine de 1776 et de 1777, il faut d’abord connaître le contexte de l’époque. Pour ce faire, il faut en venir à la principale conséquence qu’a provoquée la guerre de Sept Ans, celle de voir partir pour la France une grande partie des élites les plus influentes.

Un peuple dégarni de ses élites

Y sont tous pour la plupart retournés, tous les grands administrateurs de cet immense territoire qu’avait constitué la Nouvelle France. Les ont également suivis, un grand nombre de marchands, de coureurs des bois et de soldats ayant très tôt vite compris que ne leur servira plus à rien leur forte expertise dans l’exploration des pays d’en haut. Et leur aisance à communiquer avec les Autochtones et les Métis.

Suite à ce grand exode, il ne resta de personnes le moindrement lettrées, que les prêtres, ainsi qu’un certain nombre de médecins, de notaires et d’avocats, tous des professionnels dont la tâche se révèle toujours de forte nécessité en toute société le moindrement organisée.

À ceux-ci s’ajoutèrent quelques seigneurs, lesquels avaient pu, par l’Acte de Québec de 1774, récupérer les privilèges que par la Proclamation royale, ils avaient perdus onze ans plus tôt.

Mais étant donné que pour accomplit les travaux agricoles de l’époque, savoir lire et écrire n’était pas une nécessité, la population était, dû à cet exode massif des cerveaux dont nous venons de traiter, devenue en moyenne fortement illettrée.

Dans l’Angleterre de Georges III, on avait grand espoir d’assimiler rapidement ces nouveaux sujets d’autant plus que l’Acte de Québec ayant rendu caduc le Serment du test, l’évêque de Québec était tout-à-fait disposé à collaborer avec la Couronne. Mais voilà que la révolte de treize de ses plus anciennes colonies d’Amérique vient chambouler cet objectif.

Le grand chamboulement

Cette révolte est en grande partie liée à la décision de taxer les habitants de la Nouvelle Angleterre afin qu’ainsi ils contribuent à défrayer les coûts de la guerre de Sept Ans.

Ils s’y objectèrent, d’abord parce qu’avant d’en décider ainsi, on ne les avait point consultés. Ils se sentirent surtout floués par le fait que la guerre terminée, ne leur furent point accessibles les « Indians territories ». Or, c’était justement pour déloger la France de cet immense territoire au delà des Appalaches que les marchands bostoniens et newyorkais étaient entrés dans un conflit au départ trop européen à leur goût. Et qu’ils ont d’ailleurs toujours préféré appeler: « The French and indians War ».
« No taxation without representation » faisait déjà les titres des journaux d’opinions, lesquels ont très tôt suivi la création dans les treize colonies de chambres d’assemblée pouvant au moins décider des problèmes locaux, les plus régaliens étant laissés au bon plaisir de la Couronne.

Il faut bien admettre ici que la démocratie avait pris une longueur d’avance en Nouvelle-Angleterre, par rapport à la Nouvelle-France. Tout autant dans une France engluée dans la monarchie absolue du Roi-Soleil.

C’est justement à cause de ce pouvoir omnipotent que le Siècle des Lumières s’est amorcé dans un royaume dont la bourgeoisie montante acceptait de plus en plus mal les énormes privilèges accordés aux grands seigneurs ainsi qu’aux membres du haut-clergé.

Mais ce qui devint paradoxal et qui alla bouleverser la planète entière se produisit sous Louis XV. C’est en effet sous le règne de ce roi qu’entre 1725 et 1770, se multiplièrent les salons appartenant aux dames de la haute noblesse, lesquelles pour rehausser leur prestige, se montrèrent très disposées à recevoir les Voltaire, Rousseau, Diderot et autres encyclopédistes. Tous ces philosophes dits « des Lumières » étaient devenues les coqueluches de ces dames au sang bleu.

Le roi prend très tôt conscience du danger que fait courir la multiplication de ces lieux de débats. Et de contestation. Il supporte mal la publication d’essais, de romans de pièces de théâtre sortis de la tête de ces intellos avant la lettre. Sous peine de voir leurs œuvres censurées, ou de se retrouver embastillés, plusieurs d’entre eux préfèrent mille fois s’exiler en quelque pays plus réceptifs à leur message hautement subversif. .

L ’Angleterre devint vite un lieu d’exil privilégié. Elle l’était déjà pour un nombre élevé de penseurs huguenots après la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685.

Le Siècle des Lumières a donc pris naissance en France, mais il a vite traversé la Manche. Il a atterri dans un Londres déjà gagné aux idées libérales des John Locke et de Thomas Hobbes. On se rappelle que la grande bourgeoisie londonienne avait déjà remporté d’appréciables gains sur l’aristocratie lors de Grande Révolution de 1689.

Il arriva que ce fut dans les salons huppés de Londres qu’en 1773, des intellectuels de la trempe de Benjamin des Franklin et de Thomas Paine en sont venus jusqu’à promouvoir le principe républicain, tout se promettant de le mettre au plus en application dans les provinces de Nouvelle-Angleterre.

Un Quebec Act qui bouscule l’agenda

L’esprit des Lumières a définitivement traversé l’Atlantique quand, le 5 septembre 1774, s’ouvre à Philadelphie le « Premier Congrès général de l’Amérique septentrionale ». Et curieusement, c’est tout de suite la Québec qui domine les débats.

Ce qui bouleversa l’agenda, c’est que durant l’été, certains congressistes ont su à travers les branches que le roi Georges III avait sanctionné le Quebec Act rétablissant dans la nouvelle colonie un régime seigneurial que la Proclamation royale avait pourtant onze ans plus tôt aboli.

La colère fut énorme quand une vaste majorité des congressistes l’ont appris. Passe encore cette abolition du serment du Test, mais le retour du régime seigneurial? What a shame! Ce qui fit que the Quebec question monta tout au haut de l’ordre du jour de la première cession de ce Premier congrès.

Fut donc rédigée la « Lette adressée aux habitants de la Province de Québec, ci-devant le Canada » les invitant à s’unir aux colonies désireuses de secouer le joug de la Grande-Bretagne.

Le 26 octobre, cette première Lettre fut, après traduction, approuvée par le Congrès. Elle fut imprimée par Fleury Mesplet et tirée à deux mille exemplaires.

Thomas Walker, un marchand montréalais ayant décidé de représenter sa ville au Congrès, a alors pris sur lui de transporter le gros des imprimés à bon port. De Montréal, le négociant commercial François Cazeau prit le relais pour en assurer la distribution dans les plus grosses paroisses de la province.

Des discours enflammés sur les porches de nos églises

La lettre du Congrès se rendit donc à destination et sera souvent lue les dimanches matins sur les parvis des Église au sortir de la messe. Des lectures écoutées avec enthousiasme.

Une telle réception était en soi une révolution. Jamais pendant le régime français, on aurait osé contester les autorités après la messe dominicale. Il y avait coutume de voir et d’entendre un crieur présentant un message d’intérêt public. Il y eut souvent quelques parlottes avec des coureurs des bois tout frais revenus des pays d’en haut. Suite à leurs incessants contacts avec les autochtones et les Métis, leurs discours pouvaient trancher sur les prêches des curés attendus quelques minutes plus tôt. Mais jamais avait-on entendu parler de révolte contre toute tête couronnée. Peu importe qu’elle soit française ou anglaise.

Pour une raison que j’expliquerai en conclusion, on a très peu enseigné dans nos écoles que la province fut envahie pendant près d’un an par des milices américaines lors de la guerre d’indépendance des États-Unis.

Pendant quelque huit mois durant l’automne1775, ainsi que l’hiver et le printemps 1776, le gouverneur Carlton fut confiné dans une ville de Québec assiégée. Plus que les déboires des troupes du général Arnold ayant eu de la difficulté à guerroyer en plein hiver dans la vallée de la Chaudière, c’est surtout l’arrivée d’une flotte britannique devant Québec au printemps de 1777 qui mit fin à l’occupation.
Une population réceptive aux Lumières

Ce qu’il faut surtout bien saisir ici, c’est qu’à peine dix ans avant que naisse Louis-Joseph Papineau en 1786, la population canadienne se montrait déjà réceptive aux idées que véhiculèrent les trois lettres (car deux autres ont suivie la première), idées hautement républicaines que, soixante ans plus tard, le chef du parti Patriote fera siennes.

Parlant de Papineau, il faut dire que son père, était loin d’être un fervent partisan des rebelles. En plein hiver 1776, c’est avec un dénommé Lamothe que Joseph Papineau, alors âgé de 27 ans, avait fait un dangereux périple entre Montréal et Québec afin, de porter d’importants renseignements au gouverneur Carlton cloitré dans la ville assiégée.

Quand on apprend que les Canadiens furent nombreux à applaudir les envahisseurs, on comprend que Joseph et son compagnon eurent souvent à se réfugier dans des presbytères amis afin de réussir leur périlleuse mission. Il ne suffit de lire que quelques extraits de ce qu’on a appelé la Lettre de Baby pour saisir comment le peuple fut majoritairement enthousiaste à l’invitation américaine de se libérer du joug britannique.

C’est à la demande d’un Carlton enfin libéré que François Baby fit une recherche approfondie afin de savoir comment les lettres provenant du Congrès de Philadelphie furent reçues dans les paroisses environnant Québec. On peut lire dans son très officiel rapport que les capitaines de milice de la région de Québec avaient été les plus ardents propagateurs des trois fameuses lettres.

Confirme les dires de Baby Simon Sanguinet, une autre très royaliste personne devant l’Éternel, Dans son Témoin oculaire de la Guerre des Bostonnais en Canada, cet auteur révèle que « dans l’ensemble du territoire, les Américains étaient assurés de la disposition d’une grande partie des habitants».

À ces deux témoignages s’ajoute la lettre du supérieur des Sulpiciens à l’évêque du Québec. Datée du 7 septembre 1775, donc presque deux mois avant que les troupes du général Montgomery entrent victorieusement à Montréal. Cette lettre d’Étienne de Montgolfier à Jean-Olivier Briand décrit comment la situation a dégénéré dans la vallée du Richelieu. « Les habitants, écrit-il à son évêque, viennent de faire de nouvelles démarches de révolte et de trahison, en arrêtant des convois, tirant sur les troupes du roi, et autres excès publics.»

Une vive mentalité républicaine et laïque

Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est que, treize ans avant la prise de la Bastille de 1789, la population canadienne était déjà gagnée aux thèses républicaines. En page 39 de sa biographie intitulée Fleury Mesplet 1734-1794 (Éditions Patenaude 1985), Jean-Paul de la Grave va plus loin. L’auteur avance que de nombreux curés ayant utilisé leur prêche pour soutenir la cause du roi d’Angleterre, furent blâmées par leurs paroissiens d’avoir ainsi sapé leur autorité spirituelle.

C’était comme si, durant ce trop bref « Printemps » de 1775-1776, le peuple d’ici avait déjà de grands penchants républicains. Et surtout laïques. Ah, quand les langues se délient! Il faut se rappeler que, dans la mère-patrie, la laïcité ne deviendra chose faite qu’en 1905.

La réaction royaliste

Devant un tel enthousiasme du peuple, certains notables fidèles à la Couronne réagirent publiquement, leurs chefs de file étant Étienne de Montgolfier, Hertel de Rouville et… Simon Sanguinet. Au mois de mars, ce dernier fit circuler en sous main une lettre dans laquelle il adjurera ses compatriotes de rester fidèle au roi et « de briser la tyrannie américaine ».

Deux mois auparavant, le général Wooster avait succédé à Montgomery. La veille du jour de l’an, celui-ci avait succombé aux blessures qu’il s’était infligées lors de la vaine tentative de ses hommes de conquérir Québec. Wooster avait fait désarmer Rouville, Sanguinet et quelques autres. Il les avait en outre menacés de bannissement.

La réaction cléricale

Quant à Montgolfier, Wooster était courroucé de voir que le supérieur des Sulpiciens en vienne à refuser l’absolution aux habitants gagnés par les idées républicaines. N’eusse été la demande de clémence de l’épouse de James Price, un riche marchand anglais, le représentant de l’évêque de Québec à Montréal aurait été condamné à l’exil.

En fin de compte, Montgolfier ne fut qu’un digne agent des directives de son évêque. C’est dans sa lettre du 25 octobre 1775 au curé de Saint-Thomas de Montmagny que l’on peut connaître l’état d’esprit « en ces temps difficiles» d’un Jean-Olivier Briand. Dès le début de sa missive, l’évêque se dit flatté qu’on le traite d’Anglais. Il invite son correspondant à penser de la sorte.

Mais il vint même à menacer son correspondant si en celui-ci germait l’idée de tourner le dos à ses directives. « Sont schismatiques et hors de l’Église, lui semonce-t-il, tous ceux qui sont «imbus de l’hérésie des Bostonnais presbytériens. (,,) Ils seraient en conséquemment indignes de recevoir les sacrements que vous ne pourrez leur administrer sans péché mortellement…».

La réponse du Congrès aux semonces de Briand

Il faut d’abord savoir ici que bien des curés ne se sentirent point en état de péché parce que n’ayant pas suivi les directives de leur évêque. Il y avait même bien des presbytères dont Joseph Papineau a préféré ne pas cogner à la porte durant son périlleux voyage Montréal-Québec.

Il reste que les menaces de leur supérieur ont pu faire réfléchir plusieurs curés. Ceux de Berthier et de Saint-Cuthbert avaient perdu leur cure sur le seul motif que Montgolfier les avait surpris à cautionner leurs paroissiens dans leur refus de se joindre à la milice anti-américaine.

À Philadelphie, on ne pouvait que réagir aux discours des Briand et Montgolfier, les deux éminents personnages ayant chacun poussé l’audace jusqu’à souhaiter que la milice anti-américaine use de la force contre les « hors de l’Église ».

Une première réponse vint de la seconde Lettre du Congrès signée par nulle autre que Georges Washington. Elle arriva à Montréal début novembre en même temps que l’entrée des milices de Montgomery dans la ville. « La différence de religion ou de langue, y écrivait Washington, ne crée aucune discrimination aux yeux des colonies. »

La troisième Lettre est encore plus explicite. Invitation était faite pour que les habitants élisent « des députés pour former une assemblée provinciale », laquelle nommerait des délégués devant représenter le Québec au Congrès continental.
Le 12 février 1776, les membres du Congrès acceptent d’entendre un certain Prudent Lajeunesse venu les avertir que les prêtres et les seigneurs avaient entrepris une contre-offensive psychologique où ils interprétaient les trois Lettres à leur toute cléricale façon. Quatorze jours plus tard, l’assemblée accéda à la recommandation de Lajeunesse en créant la Commission Franklin.

Arrivée et brusque départ de Franklin

On avait décidé que l’inventeur du paratonnerre allait présider une commission devant se rendre sur place afin d’amoindrir, la contre-offensive des curés et des seigneurs. En plus de l’éminente personnalité de Benjamin Franklin, deux autres commissaires de renom devaient l’accompagner au Québec. Samuel Chase était un excellant juriste tandis que Charles Carroll de Carrollton avait, à ce moment très opportun, la spécificité d’être un ardent catholique, ce qui ne l’empêcha point, dès 1772, de revendiquer l’indépendance du Maryland.

Ce ne fut qu’à la fin mars 1777 que les trois commissaires mirent le cap sur Montréal. Le voyage fut pénible. Le 15 avril, Franklin écrit à un ami que l’état des lacs non débarrassés des glaces entrave fortement la navigation. « Je commence à craindre d’avoir entrepris une tâche qui, à mon âge, se révélera au dessus de mes forces.»
Ce ne fut que le 29 avril que Franklin et ses compagnons arrivèrent à Montréal, C’est avec fanfare qu’ils furent accueillis. Mais Franklin y resta à peine quinze jours car le 11 mai, la maladie l’obligea à plier bagages. Le 30 mai, Chase et Carroll en firent autant.

C’est que la partie était perdue. Le 15 juin, le général Arnold donna l’ordre à ses troupes de quitter Montréal. Le 17, les soldats britanniques y firent leur entrée. Sans grand fanfare faut-il le dire.

Nos valeureux ancêtres entrèrent alors dans une période de « normalisation » comme ce fut le cas des Tchèques après la fin de leur révolution de velours en 1989. Le Québec en a depuis malheureusement connue plusieurs.

Le mandement du très triomphaliste Briand

Le 12 mai, donc avant même donc que les milices américaines abandonnent Montréal, l’évêque de Québec lança un mandement où il incitait les « insoumis » à se prosterner « avec un cœur contrit et humilié aux pieds des prêtres » et à leur confesser leurs « désordres ».

À propos des Américains, l’évêque écrit que ceux-ci ont bien gros misé sur le fait que les habitants étaient « peu instruits et sans aucune connaissance de la politique, jugés sots et ignorants ». Parmi les plus vieux d’entre nous, ça ne vous rappelle-t-il pas les propos d’un certain Lesage en 1966 ?

De quoi donc avons-nous honte ?

Les « insoumis » et les « peu instruits », il y en aura d’autres dans notre histoire persillées autant de petites victoires que d’honorables défaites. Nos ancêtres ont été très souvent courageux à promouvoir la liberté, mais nos livres d’histoire en parlent peu.

Tant notre situation géographique que notre singulière histoire firent que nous avons été aux premières loges des événements qui, dans l’ère moderne, ont secoué le monde. En 1776-1777, nos ancêtres ont vécu une première secousse avec la guerre d’indépendance américaine. Deux ans plus tard, ils en ont vécu une seconde quand la France se rangea du côté des rebelles. Tout cela vous sera explicité avec mon second texte intitulé Franklin parti, Mesplet prend le relais.

La Révolution française et les guerres napoléoniennes s’ajouteront à la complexité de la vie des gens de l’époque. Et le peuple québécois aura à pâtir pour une troisième fois. Situation encore plus atroce avec l’histoire des Patriotes faisant l’objet de mon troisième texte.

Quant au quatrième, j’étudierai l’époque que, par une dérision certaine, certaines gens appellent la « Grande noirceur ». C’est la plus longue de ces dites périodes, car comme un long fleuve tranquille, elle s’écoule très lentement entre 1840 et 1960. Nous apprendrons que ce sont des communautés religieuses venant de la France catholique qui ont pris une grande part de l’instruction des enfants et des ados de l’époque.

Si nous avons tant honte des exploits de tous ces gens « non instruits » qui ont tenté de nous amener à la démocratie, c’est que bien de ces p’tits frères et de ces bonnes sœur n’avaient, dans leur enseignement grand estime ni pour Voltaire, ni pour Rousseau. Et encore moins pour le révolutionnaire et cruel Robespierre.

Il reste que ce qui fait que le Québec soit une société si distincte aujourd’hui, c est justement le fait que de nombreux membres de nos communautés religieuses ont joué un rôle significatif dans l’amorce de la Révolution tranquille.

À la question à savoir s’il faut retirer le crucifix au dessus de la tête du président de notre Assemblée nationale, je répondrais que d’en rester au statu quo, constituerait un grand oubli pour tous ces insoumis qui, aussitôt que 1776, mais également et surtout en 1837-38, ont préféré rester debout devant quelque dévots les exhortant à s’agenouiller devant une puissance étrangère opprimante. Feues ces valeureuses gens font pourtant également partie de notre patrimoine. On préfère les ignorer.
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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    2 avril 2017

    Beau rappel historique!