Loi 21: indignation à géométrie variable de Cotler

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« L’hypocrisie d’un premier ministre qui dénonce la haine des juifs tout en finançant un organisme qui en fait la promotion »


Irwin Cotler représente le Canada au sein de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. Sa tâche consiste à lutter contre l’antisémitisme, une chose très importante. M. Cotler, qui a été ministre de la Justice sous Jean Chrétien, a jadis défendu Nelson Mandela à l’époque de l’apartheid ainsi que des dissidents sous l’ancienne Union soviétique. Il s’agit d’une personne méritoire à plusieurs égards et très crédible dans le rôle qui est le sien. De façon incompréhensible toutefois, il s’est livré le 5 janvier dernier à une charge contre la loi 21 sur les ondes de la CBC.


Puisque Irwin Cotler est un grand responsable de la lutte contre l’antisémitisme au Canada, sa critique laisse nécessairement croire que la loi 21 est antisémite, ce qui n’est absolument pas le cas. De façon prévisible, les médias anglophones ont sauté sur l’occasion pour casser du sucre sur le dos du Québec.


Selon Irwin Cotler, la loi 21 «viole les dispositions de la charte sur l’égalité parce que ça crée de la discrimination à l’embauche». Il se réfère ici à l’interdiction des signes religieux pour certains emplois. Or, la législation ne vise pas seulement les juifs, mais toutes les religions. La règle est la même pour tous. Ajoutons à cela qu’il y a de nombreux pratiquants du judaïsme qui appuient la loi 21.


Il est intéressant de noter par ailleurs que M. Cotler ne trouve rien à redire sur le fait que les juifs, les musulmans et les protestants ne peuvent enseigner dans les écoles catholiques de l’Ontario, qui sont financées par l’État. En fait, seuls les catholiques le peuvent. Cette discrimination est inscrite dans la Constitution. Pourquoi M. Cotler n’en parle pas?


De façon plus grave encore, il se tait devant l’antisémitisme de la Canadian Muslim Association of Canada (MAC), un dossier qui devrait être prioritaire pour lui. Celle-ci a reçu de l’argent de l’Ontario pour faire des vidéos contre l’«islamophobie» destinées aux écoles de la province. Dans l’une de celles-ci, une présentatrice voilée affirme qu’il existe une «industrie de l’islamophobie». Cette situation serait le résultat d’un complot ourdi entre autres par les juifs, explique-t-elle.


Tout cela est inconcevable chez nous. Les Québécois de religion juive ont le droit de travailler dans toutes nos écoles. Notre laïcité le leur garantit, tout comme elle protège nos enfants de la propagande antisémite des islamistes. M. Cotler devrait féliciter le Québec au lieu de le blâmer!


Pour revenir à la MAC, dans le cadre de formations qu’elle donne à ses membres, elle invite régulièrement des orateurs qui prônent l’assassinat des juifs. L’un d’eux, le Koweïtien Tareq Al-Suwaidan, qui a été invité deux fois, est même interdit de séjour dans certains pays occidentaux. L’été dernier, quand le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a dénoncé cette situation, M. Cotler a choisi de garder le silence.


Il faut dire que son patron, Justin Trudeau, venait d’annoncer qu’il verserait 226 000$ à la MAC. En de telles circonstances, critiquer l’antisémitisme de cette organisation aurait exposé au grand jour l’hypocrisie d’un premier ministre qui dénonce la haine des juifs tout en finançant un organisme qui en fait la promotion.


Si M. Cotler est sérieux dans son travail, qu’il nous fiche la paix avec la loi 21! Sa tâche la plus urgente consiste à convaincre M. Trudeau de couper les vivres à la MAC et à persuader l’Ontario de cesser la diffusion de ses vidéos propagandistes à des enfants.



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Frédéric Bastien167 articles

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Titulaire d'un doctorat en relations internationales de l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève, Frédéric Bastien se spécialise dans l'histoire et la politique internationale. Chargé de cours au département d'histoire de l'Université du Québec à Montréal, il est l'auteur de Relations particulières, la France face au Québec après de Gaulle et collabore avec plusieurs médias tels que l'Agence France Presse, L'actualité, Le Devoir et La Presse à titre de journaliste. Depuis 2004, il poursuit aussi des recherches sur le développement des relations internationales de la Ville de Montréal en plus d'être chercheur affilié à la Chaire Hector-Fabre en histoire du Québec.





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