Constitution: Charest indispose ses homologues

Conseil de la fédération - les "fruits amers"...



Le pavé dans la mare constitutionnelle lancé cette semaine par le premier ministre Jean Charest a créé un certain malaise parmi ses homologues des autres provinces, qui convergeaient tous, mercredi, vers Moncton, pour la réunion annuelle du Conseil de la fédération.

Québec a relancé cette semaine le débat autour d'un nécessaire cadre à imposer au pouvoir fédéral de dépenser, qui pourrait faire partie d'une charte du fédéralisme d'ouverture à enchâsser dans la Constitution.
Il n'en fallait pas plus pour indisposer certains des leaders politiques du pays.
À son arrivée à Moncton, le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, n'a pas mâché ses mots pour dire que toute discussion de nature constitutionnelle détournait l'attention des premiers ministres des véritables enjeux qui confrontent les provinces.
«Je crois qu'on n'a pas besoin de parler de Constitution. Je crois qu'il est temps de commencer à régler les problèmes. Je pense que c'est une façon d'éviter de parler des vrais problèmes qui touchent directement les provinces», a-t-il tranché, lors d'un point de presse en matinée.
Ces sujets ne sont pourtant pas à l'ordre du jour de la rencontre de trois jours, mais ils feront «certainement» partie des discussions de corridor entre les premiers ministres, a convenu M. Charest, lors d'un point de presse en fin de journée.
Un des premiers ministres intéressés à avoir une discussion sur le sujet avec M. Charest sera sûrement son homologue de l'Ontario, Dalton McGuinty, qui a dit vouloir «mieux comprendre sa position».
Mais l'idée d'une charte du fédéralisme d'ouverture, proposée au départ par le premier ministre Stephen Harper et réclamée par Québec, «n'est pas une priorité pour nous en Ontario», a-t-il déjà tranché.
Il ne favorise pas non plus l'idée d'interdire à Ottawa de créer des programmes pancanadiens dans le domaine de la santé ou des garderies.
«Un Canada fort, un gouvernement central qui est fort, ça fait des provinces plus fortes aussi», a renchéri Robert Ghiz, le premier ministre de l'Île-du-Prince-Edouard.
D'autres comme Gary Doer, du Manitoba, ou Lorne Calvert, de la Saskatchewan, n'ont même pas voulu aborder la question, sous prétexte qu'elle n'était pas à l'ordre du jour.
Quant à lui, l'hôte de la rencontre, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham, il n'a pas voulu jeter de l'huile sur le feu. Selon lui, la rencontre annuelle du Conseil de la fédération 2007 est la première «où il n'y a pas une grande crise de division».
«Nous allons parler de dossiers qui nous unissent et non des dossiers qui nous divisent», a-t-il ajouté, en se disant «prudemment optimiste» d'obtenir des résultats.
Le premier ministre Charest, quant à lui, s'est présenté à Moncton en affichant des attentes modestes, espérant faire avancer certains dossiers, sans espérer d'hypothétiques consensus.
«C'est pas une chapelle le Conseil de la fédération. C'est pas une secte religieuse. Étonnez-vous pas s'il y a de vives discussions, s'il y a des zones de discussions et des zones de désaccord. C'est le contraire qui serait anormal», a plaidé M. Charest.
Le premier ministre a rappelé que le Québec privilégiait une approche bilatérale Québec-Ottawa dans le dossier du pouvoir fédéral de dépenser, donc qu'il ne souhaitait pas nécessairement voir cette question inscrite à l'ordre de jour de la rencontre du Conseil de la fédération de l'an prochain.
«On n'est pas rendus là», a-t-il dit.
Jeudi et vendredi, les premiers ministres des provinces tenteront surtout de dégager des consensus et de signer des ententes essentiellement dans trois dossiers: les changements climatiques et la réduction des gaz à effet de serre, la vente et le transport interprovincial d'énergie, sans oublier la réduction des barrières au commerce d'une province à l'autre.
Dans un autre ordre d'idées, les premiers ministres se sont entretenus avec les leaders autochtones avant le début comme tel de la rencontre du conseil. Ils ont convenu de faire en sorte que cette rencontre informelle devienne désormais statutaire et que chaque année les premiers ministres rendent des comptes sur les progrès enregistrés dans leur province pour améliorer les conditions de vie des autochtones.


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