Budget Marceau

Compromis ou compromission ?

Chronique de Louis Lapointe

Que pouvions-nous attendre d’autre de la part d’un gouvernement sous haute surveillance?

Après tout, les Québécois ont élu un gouvernement minoritaire.
Bien sûr, la majorité des Québécois aurait préféré que la taxe santé et la hausse des tarifs d’électricité soient abolies, mais, étonnamment, ils étaient nombreux à ne pas vouloir que ces baisses de tarifs régressifs soient financées par des hausses progressives d’impôts des plus riches.
Devant l’impasse budgétaire laissée par leurs prédécesseurs libéraux, sous la pression des agences de notation et des partis d’opposition majoritaires, le gouvernement du parti québécois n’a pas pu mettre en œuvre son programme parce qu’il n’en avait tout simplement pas la possibilité.
Nous devrons donc nous satisfaire d’une taxe santé et d’un impôt un peu plus progressif, d’une hausse moins dramatique des tarifs d’électricité, d’une augmentation des taxes sur l’alcool et les cigarettes, d’un gel des droits de scolarité, de compressions budgétaires et de l’attrition de 2000 postes chez Hydro-Québec.
Ce budget conservateur nuira-t-il au gouvernement ?
Tout dépend de sa ferveur indépendantiste.
Dans l’esprit de plusieurs indépendantistes, de gauche comme de droite, ce budget pourrait être considéré comme un bon compromis s’il préparait à l’indépendance.
Par contre, si ce budget ne visait qu’à faire réélire majoritairement un «bon gouvernement» qui mettra le projet indépendantiste sur la glace, il ne faudrait alors pas s’étonner que plusieurs, parmi ceux qui ont voté pour le PQ aux dernières élections, y voient plutôt de la compromission.
Pour que ce budget puisse être qualifié de compromis acceptable par ses électeurs plus à gauche, le PQ devra s’appliquer à mettre sur pied le plus rapidement possible une véritable coalition indépendantiste avec Québec solidaire et l’Option nationale, assortie d’un pacte de non-agression dans une trentaine de circonscriptions électorales du Québec.
Dans cette perspective, le budget que vient d’adopter le PQ pourrait alors contribuer à élargir sa base et, par conséquent, celle du mouvement indépendantiste, en vue de la prochaine élection et d’un éventuel référendum.
Le prix du compromis à droite serait alors compensé par la concession d’une coalition indépendantiste avec des partis plus à gauche.
Ce qu’on appelle communément le réalisme politique.
***
Sur le même sujet:
De la coalition indépendantiste à la gouvernance nationale
La peur du vrai changement
Un juste retour des choses
Pour en finir avec l’indépendance

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 880 810

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2012

    Je ne suis pas certain que le PQ est forcée pas sa situation minoritaire de ne pas faire un budget trop progressiste.
    Le passé du PQ démontre qu'il est aussi bon que les autres partis pour défendre les intérêts de la riche classe capitaliste de la finance et des affaires.
    Pendant que des centaines de milliers de Québécois vivent l'insécurité alimentaire (c'est l'ONU qui le dit), les gouvernements successifs à Québec continuent à faire des budgets pour plaire à la classe riche prédatrice.
    Désolant.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2012

    @ Gilles (?)
    Avec votre UNION NATIONALE PÉQUISTE, vous vous dirigez directement comme l'ancienne Union Nationale directement vers la disparition. Pour moi, je ne vois aucune différence entre l'autonomie provinciale de l'ex-Union Nationale et la gouvernance souverainiste de Marois. Après 42 années avec le PQ, le pays n'est toujours pas là! expliquez-moi pourquoi?
    André Gignac 22/11/12

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2012

    Merci monsieur Dion. Effectivement comme vous le dites : «LE RÉALISME POLITIQUE DOIT MAINTENANT PRÉVALOIR. Les alliances des forces progressistes devront être négociées AVANT la prochaine élection générale.».
    Est-ce que les gens intelligents peuvent comprendre ça que les matémathiques élémentaires conduisent à cette logique?
    Est-ce qu'on aime ça voir le gouvernement se faire bafouer à jet continu, sans vergogne et grossièrement par la CAQ et les libéraux qui se comportent comme un troupeau de hyènes?
    Est-ce que c'est ça qu'on veut voir durer ? Est-ce qu'on pense que ça fait avancer la question de l'Indépendance cette situation loufoque qui prévaut actuellement à l'Assemblée Nationale transformée en cirque?
    Est-ce qu'on va se réveiller ou bien si on préfère sombrer corps et biens dans et avec notre intransigeance et notre pureté totale et absolue?
    Banzaï? Pas pour moi. Moi je veux un pays. Et je veux qu'on prenne les bons moyens pour y arriver. Le suicide ça ne m'intéresse pas!

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2012

    Le réalisme politique consiste a négocier secrètement et discrètement des pactes de non-agressions avec Québec solidaire et avec M. Aussant. Les résultats par comté sont maintenant connus.....et une entente secrète, en prévision de la prochaine élection, serait possible.
    Dans l’intérêt de la gauche, (incluant le centre-gauche) Québec Solidaire aurait le champ libre dans disons....3 comtés et M. Aussant dans 2 comtés. En échange, le PQ , dans le but de former un gouvernement majoritaire de gauche et progressiste, aurait le champ libre dans les autres circonscriptions.
    Un avocat d'expérience, a la retraite, pourrait très bien mener a terme cette négociation.
    La gauche doit s'organiser de manière
    stratégique. Les frères Desmarais, eux, ont déjà étalé
    leur stratégie en finançant, (via Sirois) la CAQ. Ensuite,
    André Pratte (reportages de presse favorable a Mme David PAR EXEMPLE) a manipulé l'opinion publique dans le sens
    requis par son patron. Cette division du vote souverainiste et progressiste a réussi .
    La même stratégie a été utilisé, par Pratte et son patron,
    dans le cadre de l'élection fédérale. En présentant la meilleure image possible de J. Layton AU QUÉBEC, celui-ci
    a favorisé l'élection d'un gouvernement majoritaire conservateur.
    LE RÉALISME POLITIQUE DOIT MAINTENANT PRÉVALOIR. Les alliances des forces progressistes devront être négociées AVANT la prochaine élection générale.

  • Chrystian Lauzon Répondre

    21 novembre 2012

    Monsieur Lapointe,
    Excellente hauteur, profondeur, enfin, perspective réconciliante, d’analyse, au sujet d’un flottement identitaire et politique reflété par l’Argent, fameux bout-de-jouet, comme dirait Sol, pour ne pas dire un bout d’crr…, incontournable poteau d’or aveuglant ou invisible au centre du Chemin.
    « réalisme politique », tiens donc?! Je cherchais justement l’expression qui pouvait signifier ce qui manquait au fort éloquent commentaire « marchand », c’est le moins qu’on puisse dire! de madame Andrée Ferretti - cf. l’article de Pierre Bouchard, Explications pour Louis Champagne, R. Barberis-Gervais, Andrée Ferretti, … .
    J’espère, si seulement elle vous lit, cette haute dame, en dehors de sa sacro-sainte Revue, qu’elle y prendra une leçon pratique de compromis non-directive, même si côté humour, elle devra faire avec ou sans… compromisssion.
    Le « réalisme politique » dans mon livre à moi, pas que littéraire, ça s’appelle la praxis… socialisante, s’il peut en être une autre. Et c’est là qu’à votre billet dans le ton, monsieur Lapointe, je n’ai perçu que des bémols de la politique Marois/PQ jusqu’à présent. D’un œil positif, quoiqu’essentiellement critique dans mon cas, je dis « re-gardons le cap!», à défaut d’un volant défini, tant par le peuple que par l’amirauté au pouvoir.
    Si au moins, pour le temps qu’il y est, au pouvoir, ce gouvernement Marois/PQ VOULAIT prendre d’assault la fenêtre médiatique, Télé-Québec au moins, fenêtre grande ouverte politiquement – son temps d’antenne est supérieur à tout autre parti présentement. Car ce ne sera que par le médiatique qu’un avenir électoral se fera, que dis-je, se fait déjà, à chaque pas, à chaque instant, pied à terre ou tête en l’air.
    La télévision, de tous les médias confondus, c’est démontré, fait le résultat démocratique ou pas ou peu. Le peuple lit peu, mais regarde sans cesse. Que de trivialités documentées il faut dire pour que le « rien faire » se maintienne tout de même intact, insensible, intouchable, indifférent. Les communicateurs/stratèges politiques sont-ils tous muselés au PQ?
    @Gilles,
    À tous les « Guy » dont vous parlez sans les nommer, qui tiennent de tout sauf de saints, je dis ce qu’ils confirment : ce dont on ne peut (doit pas ou ne veut pas) parler on doit le taire. Et, irrésistiblement, verbaveusement, ils le font. À une logique d’oppositions, plus forte se trouve à être une créativité de propositions. À mes questions, au-delà de ma pseudonymie toute contextuelle que j’ai expliquée ici*, il n’y a d’intelligentes réponses que des arguments réfléchis, pas des invectives gratuites.
    Le sens critique de Vigile peut provoquer diversion ou disparité superficielle par faiblesse d’esprit ou un zèle émotif inarticulé, forcée par l’embrigadement partisan, mais c’est cette qualité fondamentale, le sens critique, qui m’y maintient personnellement sur ce site, comme lecteur ou auteur, peu m’importe.
    Je fais confiance, et plus que jamais selon l'allure, à l’effort des Amis de Vigile. Le nerf de la guerre ici est relié à la grandeur de la cause qui peut s’exprimer librement, c’est sans doute l’élément majeur du combat que mena, par marée haute ou basse, tempête ou pas, le gardien du phare Bernard Frappier. Je crois servir cette vision jusqu’à présent. À l’éditeur, au pluriel, salut!
    Si je suis bien lu, malgré un style vitaliste, chacun peut danser avec sérieux sans s’y prendre ou méprendre. Dire des vérités n’est pas ma question. J’adhère à votre commentaire, monsieur Gilles, d’autant s’il se veut sans parti « pris », uniquement défensif de la cause politique, la nationale en question, s’il n’en reste encore « qu’ » Une, cause ou question nationale.
    * Dans un commentaire-réponse à monsieur Robert Bertrand, titré Cristal de Paix expliqué, suite à mon texte Coupable d’être un peuple en devenir, ou en souffrance de lui-même?
    Si sa profondeur se résume à son commentaire ici, je ne peux qu'adresser à madame Andrée Ferretti cette remarque que je faisais au début de Cristal de Paix expliqué : « Le texte signe l’être, notre histoire citoyenne est un pseudonyme du Québec vers son identité collective, en marche. »
    Madame Ferretti au lieu de traiter les vigiliens, et leur lectorat par ricochet, pédantesquement d'ignares et pointer d’un doigt supérieur et unilatéralement directif, quoi acheter, quoi lire, quoi faire, quoi penser et qui suivre politiquement, soit à la place de la voix du peuple, des crises sociales, ou celle des partis politiques, devrait se ré-imprégner de la danse des casseroles à hauteur de rue, littéralement plutôt que littérairement. La question nationale, en effets et actions, demeure un devenir concret sans une réponse à sens unique venue d’en Haut, si Haut soit-il ce Très-Haut, en religion politique, en argent ou en milieu intellectuel élitiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2012

    Bien c'est ça monsieur Gignac. Et continuez de voter avec votre coeur. Vous pourrez observer ensuite le cirque que vous contribuez à alimenter de votre créativité électorale.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2012

    @ Gilles (?)
    J'aime mieux cette bande d'énervés atteints de la crise de la danse de St-Guy que ces Québécois myopes qui continuent encore à croire au PQ et au Père Noël. Ils devraient tous aller passer une couple de jours à Montréal; ils constateraient assez vite où se situe l'avenir du Québec. Il y a une limite à être colonisé et à s'écraser tout le temps! Pas surprenant avec la classe politique vendue que nous avons au Québec.
    André Gignac 21/11/12

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2012

    J'aime bien le réalisme politique auquel vous faites alusion en conclusion de votre article.
    À côté de la bande d'énervés que l'on voit s'agiter ici de temps à autres quand ils sont saisis d'une crise de la danse de Saint Guy, votre réalisme fait du bien...