Charest va proposer un compromis au PQ

Les stratèges péquistes assurent qu’on peut trouver une solution sans nécessairement passer par une diminution des baisses d’impôts déjà annoncées.

Sortie de crise


Les Québécois ne seront pas forcés d’aller voter en juillet. Le gouvernement Charest va proposer aujourd’hui un compromis au Parti québécois afin de sortir de la crise qui risquait d’entraîner le Québec dans une nouvelle campagne électorale deux mois après le dernier scrutin.



Il proposera de conserver intactes les baisses d’impôts de 950 millions annoncées jeudi, en échange de quoi il mettra en place des mesures pour les soins à domicile et les élèves en difficulté d’apprentissage.
«On ne veut pas, les Québécois ne veulent pas aller en élections», a laissé tomber hier Jean Charest, de passage à Sherbrooke.
Selon ce qu’a appris La Presse, Québec a déjà trouvé la source de financement qui ne forcerait pas la réouverture du budget de jeudi dernier. On prévoit prendre cet engagement par une déclaration ministérielle de la titulaire des Finances, Monique Jérôme-Forget. Ce geste devrait être fait avant l’adoption du budget à l’Assemblée nationale, vendredi prochain.
Durant une bonne partie de la journée d’hier, les conseillers de Jean Charest et de la ministre des Finances ont planché sur cette proposition. Elle sera transmise aujourd’hui au chef intérimaire du PQ, François Gendron, ainsi qu’au critique en matière de finances, François Legault. Un élu libéral avait hier le mandat de tâter le terrain du côté du PQ. Sa conclusion, vers 21 h hier soir, était sans équivoque: le Parti québécois était tout aussi désireux que le gouvernement de trouver une solution à la crise. «Le PQ est disposé à trouver une solution», résume-t-on.
Même si le vote sur le budget est prévu pour vendredi, on tenait de part et d’autre à entreprendre des discussions avant le prochain caucus du PQ, demain à Québec.
On voulait surtout éviter que les élus péquistes ne creusent encore le fossé apparu jeudi soir dernier après leur réunion.
La plateforme électorale du PQ réclamait 1500 spécialistes de plus pour aider les élèves en difficultés d’apprentissage et 450 millions supplémentaires pour les soins à domicile des personnes âgées. La proposition du gouvernement sera «très en dessous» de ces balises, prévient-on. Aussi les libéraux n’ont-ils même pas sondé l’ADQ sur ses intentions.
Pour Jean Charest, une seule chose n’est pas négociable: il faut garder intactes les baisses d’impôts de 950 millions prévues dans les budgets de Michel Audet et de Monique Jérôme-Forget. «Pas question de jouer là-dedans», a-t-il résumé à Sherbrooke hier.
Du même souffle, il a laissé transparaître sa volonté d’éviter d’être défait sur son budget au vote de vendredi prochain. « On ne veut pas d’élections », a-t-il dit en ajoutant que le gouvernement était ouvert aux propositions du PQ.
Dans les coulisses, on indique que le gouvernement sait déjà comment il financera les demandes du PQ pour les personnes âgées et les élèves en difficulté. Pas question toutefois d’abolir une mesure du dernier budget de Michel Audet ou de celui de Mme Jérôme-Forget. Le titulaire des Finances a le pouvoir de prendre des décisions de nature fiscale simplement en publiant un bulletin d’information – Michel Audet avait procédé ainsi, par exemple, fin 2006, pour assouplir la fiscalité des couples à la retraite.
Du côté du PQ, on soutenait hier ne pas avoir eu de signe «officiel» du gouvernement, mais on reconnaissait que «bien des députés libéraux avaient téléphoné à leurs collègues péquistes pour passer des messages». Après le baroud d’honneur de samedi à Boucherville, on sent que l’aile parlementaire péquiste souhaite aussi éviter une campagne électorale estivale. Beaucoup au PQ s’attendaient à la publication de sondages encourageants en fin de semaine. Or, il n’y en a pas eu.
Les stratèges péquistes assurent qu’on peut trouver une solution sans nécessairement passer par une diminution des baisses d’impôts déjà annoncées. Samedi, à Boucherville, François Legault avait pourtant donné l’impression inverse.
Hier à Sherbrooke, le premier ministre Charest avait clairement mis de côté le ton belliqueux qu’il avait adopté à l’Assemblée nationale vendredi. Il a ouvert la porte à des négociations avec le PQ. «La porte est très grande ouverte, on va voir ce qu’ils vont nous proposer» a-t-il soutenu.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé