PQ, ADQ, même combat !

Gesca charge à la baïonnette de toutes ses ressources

Sortie de crise

Je viens de dire une énormité. Il est clair que PQ et ADQ ont des visions
non seulement différentes, mais divergentes de l’avenir du Québec. Il est
clair qu’il faudra un jour choisir entre plus de liberté individuelle, plus
d’ordre, plus d’initiative personnelle, un retour aux valeurs morales sur
lesquelles traditionnellement s’est bâti le Québec … et plus d’affirmation
collective, plus de tolérance, plus de solidarité, un engagement dans les
valeurs sociales issues de la révolution tranquille… Il faudra bien choisir
entre la gauche et la droite, n’est-ce pas ?
Vraiment ? Vous êtes bien sûrs ? Il n’y a pas un optimum, quelque part ?
Qui veut nous persuader que quiconque tient à TOUTE sa liberté
individuelle, y compris au droit de réussir et d’en tirer profit, doit
nécessairement s’opposer aux droits des groupes et des nations, comme le
Québec, d’exprimer leurs particularités et de les faire respecter ?
Qui veut nous faire croire qu’on ne peut être tolérant et donner toutes
ses chances à celui qui pèche, sans laisser les rues aux gangs et la
gouvernance à la corruption ? Qui vient prétendre que le respect et
l’honnêteté sont incompatibles avec une volonté de progrès et un désir de
mieux faire ? Qui suggère qu’un peuple qui s’appuie sur son passé n’a pas
d’avenir ?
Qui nous fait ce lavage de cerveau intensif ? GESCA. Les médias québécois,
scandaleusement concentrés et aux services de ceux qui les exploitent,
montent aujourd’hui aux barricades, pour faire la campagne des Libéraux et
de Jean Charest avant même que des élections ne soient en cours. Passe
encore qu’en éditorial, le vendredi 25 mai, André Pratte vienne nous dire,
que l’attitude des Péquistes et Adéquistes est « irresponsable et
pathétique » ; c’est bien pour ça qu’il est payé et qu’il est là. Mais ça se
gâte, quand des journalistes de bonne réputation, comme Dubuc le 26 et
Marissal le 27 , sortent des tranchés comme les poilus à Verdun pour sauver
la Troisième République. Difficile de penser qu’ils n’ont pas un pistolet
sur la nuque.
Quand Dubuc nous dit que les Québécois « semblent » étrangement «
impophiles » - alors que les sondages sont en noir sur blanc depuis
plusieurs jours ! – ce n’est pas le rigoureux Dubuc qu’on connaît. Ce n’est
pas du Dubuc, c’est du Gesca. Dubuc transparaît, cependant, quand il
confirme en passant que 42 % des Québécois ne payent pas d’impôts directs
et que c’est au palier des taxes indirectes qu’on les attend. Merci, pour
ce clin d’œil. Comment mieux dire qu’une réduction d’impôt n’est pas pour
le monde ordinaire, mais pour les mieux nantis ?
Comment mieux rappeler que ce n’est pas une baisse d’impôts qui garantira
aux Québécois un système de santé acceptable, ni une justice fonctionnelle,
ni des écoles où il vaille la peine d’envoyer ses enfants ? Le contribuable
québécois qui gagne 70 000 $ par année ne veut pas vraiment que l’État lui
retourne quelques centaines de dollars ; il veut que l’État se serve
INTELLIGEMMENT de cet argent et mette fin au sempiternel ballet dilatoire
des Libéraux, s’en serve pour lui donner enfin des services convenables et
une société qui fonctionne
Quand Marissal nous dit que « ça fait vachement colonisé de voir le
sous-représentant de la reine décider qui dirigera le gouvernement de la
nation québécoise. », il m’étonne. Cet appel grossier et sans pertinence
aux idiosyncrasies de l’adversaire n’est pas dans le ton Marissal. Ce n’est
pas du Marissal, c’est du Bernays de salle paroissiale, c’est du Gesca.
Le Lieutenant Gouverneur n’a d’autre rôle que de permettre que l’Assemblée
Nationale souveraine ait l’opportunité d’accorder ou de ne pas accorder sa
confiance au gouvernement qu’un parti lui propose. Le reste est démagogie.
Démagogie exécrablement primaire.
Heureusement pour sa dignité, Marissal a aussi une petite poussière dans
l’œil : « Sans compter que le « scénario LG » (Lieutenant Gouverneur)
signifierait la fin de Jean Charest, remplacé vraisemblablement par
Philippe Couillard… ». Vous croyez ? Quelle tristesse ! Ca va, on a
compris… vite une coalition ADQ–PQ ... et sinon, vite à l’isoloir !
Gesca charge à la baïonnette de toutes ses ressources. On sent la peur
panique du pouvoir que les choses ne changent, que la structure des petits
copains et des ascenseurs qui font la navette, que le basilaire de
corruption sur lequel reposent nos hôpitaux vétustes, nos garderies en
carence et nos viaducs qui tombent ne s’effondre lui aussi. La peur panique
que la population ne choisisse enfin AUTRE CHOSE.
Autre chose, c’est tous les autres. Ensemble. Union sacrée. Il est sain
que, dans les détails, PQ et ADQ offrent des options distinctes : c’est ça
la démocratie. Mais c’est aussi la démocratie de faire le constat que, sur
l’essentiel, « gauche » et « droite » peuvent être d’accord : c’est pour ça
qu’il peut exister une nation et qu’on peut faire consensus. Un consensus
sur l’essentiel, qui est aujourd’hui de se débarrasser enfin de cette
répugnante administration libérale dont le rapport Grenier vient de montrer
une ultime facette de la turpitude.
Turpitude impardonnable, parce que les Libéraux ont triché alors que le
peuple québécois décidait de son destin. C’est une infamie. Ils ont triché
alors que de bonne foi, naïvement confiant dans l’intégrité de ses
gouvernants, les Québécois prenaient démocratiquement la décision la plus
cruciale de leur histoire. C’est un crime pour lequel, en d’autres temps,
on les aurait dits scélérats et on les aurait pendus. Contentons-nous de
les chasser et de les oublier.
Pendant qu’on voudrait nous convaincre de ne pas les chasser, cependant,
souvenons-nous : pendant que les Libéraux trichaient, les médias. dont
c’est le rôle de suivre l’actualité et de commenter sur les gestes du
pouvoir, n’ont rien fait pour sonner l’alarme. Pendant que les Libéraux
trichaient, Gesca applaudissait…
Que PQ et ADQ prennent le pouvoir ensemble. Qu’ils nettoient la maison.
Qu’ils prennent les mesures évidentes pour que les malades soient soignés,
que les enfants puissent apprendre, que les bandes disparaissent des rues
de Montréal, que les roues tournent, que les Québécois soient au travail et
qu’on s’affaire à régler les problèmes plutôt qu’à tirer des ristournes de
leur continuité.
PQ et ADQ ont le devoir de nous sortir du marécage libéral par le plus
court chemin et il n’y en a qu’un. Ils ont le devoir de faire route
ensemble jusqu’à ce qu’on en soit sorti. PQ, ADQ, aujourd’hui, même combat. Après, on verra. Pauline, Mario… donnez-nous deux ans de coopération sincère. Pour le Québec.
Pierre JC Allard

http://www.nouvellesociete.org
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[Avocat (1957), économiste (1965)->http://nouvellesociete.wordpress.com/auteur/]. Premier directeur général de la Main-d’oeuvre au gouvernement du Québec, directeur général de l’Institut de Recherches et de Normalisation Économique et Scientifique (IRNES) et vice-président adjoint (Finance/Administration) du Groupe SNC.





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2 commentaires

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    29 mai 2007

    J`aime bien l`esprit de votre texte moi aussi !

  • Jacques Bergeron Répondre

    29 mai 2007

    Cher monsieur Allard, que vous dire de plus, que j'ai bien aimé votre article. Vous avez touché là où les choses peuvent aller mieux. En touchant les «valets» de la presse fédéraliste, la compagnie Gesca plus précisément, vous avez touché le noeud du problème, et en même temps , celui de la solution. Merci d'avoir écrit cet article pour nous tous et toutes.
    Jacques Bergeron