L'absence de Mario Dumont au plus fort de la crise budgétaire la semaine dernière est durement jugée par les Québécois. Trois personnes sur quatre estiment qu'il aurait dû rester à Québec pour négocier avec le gouvernement Charest.
C'est le constat que fait la maison CROP à partir d'un coup de sonde réalisé pour La Presse entre vendredi et dimanche soir. Sur les 1001 personnes jointes, pas moins de 74% disent "désapprouver l'attitude de Mario Dumont" lors des discussions qui ont précédé l'adoption du budget de Monique Jérôme-Forget, vendredi dernier.
Le chef de l'ADQ avait annoncé ses couleurs et prévenu que son parti allait voter contre le budget. En outre, en fin de journée jeudi, lors des dernières discussions entre Jean Charest et le Parti québécois, M. Dumont avait choisi de se rendre à Montréal pour des rencontres plutôt que de se rendre disponible à Québec.
On retrouve 21% des répondants favorables à la décision de Mario Dumont. Chez ceux qui ont voté pour l'ADQ lors des élections du 26 mars, la désapprobation est moins nette, mais elle reste évidente, au-delà de la marge d'erreur de 3 points de pourcentage. Ainsi 51% de ceux qui ont voté pour l'ADQ désapprouvent M. Dumont, contre 44% qui le cautionnent.
"Même s'il avait annoncé ses couleurs, les gens estiment qu'il aurait dû être là, qu'il est désormais chef de l'opposition officielle", résume Claude Gauthier, vice-président de CROP. Pour le sondeur toutefois, cette perception négative devrait être de courte durée. Ce n'est pas le genre de faux pas qui reste longtemps attaché à un politicien, selon lui.
Selon le sondage, l'ADQ a perdu des plumes au terme de cette semaine où l'avenir du gouvernement Charest paraissait incertain. Ainsi 38% des répondants estiment que l'ADQ "sort perdante de cet affrontement", tandis que 25% estiment que ce sont les libéraux qui ont eu à souffrir de cette joute politique. Seulement 18% des gens pensent que le PQ a mal joué ses cartes. En revanche, quand on demande quel parti "sort gagnant de cet affrontement", 34% estiment que c'est le Parti libéral, contre 26% pour le PQ et 12% pour l'ADQ.
En matière d'intentions de vote, les trois parti sont désormais pratiquement à égalité. Après répartition proportionnelle des 9% d'indécis, on retrouve adéquistes et péquistes sur la même marche, à 29%, et les libéraux juste derrière à 28% un écart non significatif - bien inférieur à la marge d'erreur de 3 points.
Par rapport au tout récent CROP express publié fin mai, l'ADQ est en recul de trois points, le PQ en prend deux, et le PLQ reste au même niveau. Les libéraux maintiennent leurs 21% d'appuis chez les francophones, comme à la fin mai, mais les péquistes prennent trois points à 34% et les adéquistes en cèdent autant, à 32%.
Pour Claude Gauthier, ces résultats sont cohérents: pendant une semaine l'ADQ a été absente des médias, éjectée par le bras de fer entre libéraux et péquistes. Aussi, les libéraux sont parvenus à "faire passer leur budget et à conserver intactes leurs baisses d'impôts", observe le spécialiste.
Quand on leur demande s'ils sont favorables à la position du gouvernement Charest durant cette crise, 42% des gens se disent très ou assez favorables, contre 49% qui affirment être défavorables. La désapprobation est plus nette chez les francophones: 54% des gens réprouvent "la position du gouvernement Charest durant cette crise", contre 37% qui l'approuvent.
La position du PQ remporte plus l'adhésion: 51% des gens sont favorables à la stratégie de François Gendron contre 36% qui la réprouvent.
Finalement, cette fois encore, c'est l'ADQ qui a le moins bien joué ses cartes. Ainsi, 54% des gens ont une lecture défavorable de la position de Mario Dumont et de son parti durant cette crise, tandis que 31% des répondants l'approuvent.
De plus, la population a désapprouvé l'insistance de Jean Charest à maintenir intactes, à 950 millions, ces baisses d'impôts. Pour la moitié des Québécois, le premier ministre n'avait pas raison de tenir à ce qu'elles restent au niveau annoncé. Inversement, 39% des répondants approuvent sa décision de maintenir le cap. Chez les électeurs libéraux, on approuve à 72% cette décision tandis que 19% sont en désaccord.
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