Chapitre 1

Crise de leadership au PQ


"Boisclair prend ses distances du programme du PQ ", titraient les journaux la semaine dernière au lendemain d'un caucus du Parti québécois. Ces manchettes minimisent la portée des derniers propos du chef péquiste. M. Boisclair n'a pas seulement " pris ses distances ". En un point de presse, il a biffé tout le chapitre 1 du programme adopté l'an dernier à l'issue de ce que le parti qualifiait de " processus démocratique exceptionnel ".
De ce processus- " La saison des idées "- était ressortie une conviction: " Pour rallier une majorité de la population à son objectif, le Parti québécois doit proposer un projet de pays concret et emballant. Les engagements électoraux du Parti québécois seront définis en fonction de ce projet de pays (...) ".
Ainsi le " projet de pays " devait être le thème central de la prochaine campagne électorale. La formulation de ce projet, peut-on lire aussi dans le programme, " devra être complétée dans les meilleurs délais afin qu'elle puisse faire l'objet d'une promotion active avant la prochaine élection. "
D'où une série d'étapes qui devaient, avant le scrutin, éclairer les Québécois sur ce que serait un Québec indépendant: études sur l'impact de la souveraineté, rédaction d'un projet de constitution initiale, préparation d'un document abordant " tous les aspects de la transition ".
Ce " programme de pays " n'est pas seulement l'oeuvre de militants rêveurs. Les têtes d'affiche du parti ont participé à sa rédaction tout au long du processus.
Jeudi dernier, quand les journalistes ont demandé à M. Boisclair s'il comptait suivre la démarche prévue dans le programme, il a balayé ces huit pages du revers de la main, refusant d'être lié par ce qu'il a qualifié d'" analyse fine des textes ". Or, nulle exégèse n'est ici nécessaire. Le chapitre 1 est limpide; on est d'accord ou on ne l'est pas.
Durant sa campagne à la direction, M. Boisclair qualifiait le programme de " bien fait et intelligent " et s'engageait à " le porter dans l'opinion publique ". On découvre aujourd'hui qu'au contraire, M. Boisclair s'oppose à ce texte, aussi " intelligent " soit-il, et qu'au lieu de le " porter " il le laisse tomber à la première occasion!
L'an dernier, les péquistes étaient convaincus que la souveraineté ferait un formidable argument de vente électoral. Les " réalités politiques " (i.e. les sondages) amènent le chef à réaliser qu'au contraire, la souveraineté constituera un boulet si elle n'est pas enrobée d'une épaisse couche de " bon gouvernement ".
Les dernières déclarations du leader péquiste laissent les électeurs dans l'obscurité totale quant au cheminement qu'il envisage pour réaliser l'indépendance du Québec. Si le programme du parti ne tient plus, sur quoi peuvent-ils se fonder pour savoir à quoi s'attendre?
Les dirigeants du PQ répètent que le " pourquoi " de la souveraineté doit prendre le dessus sur le " comment ". Permettra-t-on vraiment au Parti québécois de rester silencieux sur ce qu'il entend faire dans les mois précédant le référendum (le défunt programme parle d'une " préparation intensive des questions afférentes à la souveraineté ")? Le PQ ne devrait-il pas nous dire quelle question il compte soumettre à l'électorat (le chapitre 1 parlait d'une consultation portant " directement sur l'accession du Québec au statut de pays ")? Y sera-t-il ou non question d'un partenariat avec le Canada amputé?
Le Parti québécois tentera encore une fois de se faire élire en insistant le moins possible sur le projet qui est sa raison d'être. Voilà qui est révélateur de la fragilité persistante des appuis à la souveraineté au-delà du bassin (très important mais minoritaire) des convaincus.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2006

    Monsieur Pratte,
    André Boisclair a raison de ne pas tenir compte de cette
    partie du programme: l'important pendant la campagne,
    c'est le POURQUOI on doit devenir indépendant et là, il
    y en a des raisons, croyez-moi!
    Le projet de pays, il se fera démocratiquement,
    ce n'est pas une plate-forme électorale.
    Est-ce qu'un seul parti peut décider pour tous les québécois
    dans quel genre de société ils vivront?
    Gesca continue son travail de sape: il faut garder les
    québécois petits et soumis: " Si on aime René Lévesque,
    c'est parce qu'il était un looser, c'est par nostalgie, parce qu'il
    nous ressemblait. Lisette Lapointe, déjà surnommée "Madame",
    est intriguante, ratoureuse, et si elle était nommée au Conseil
    des ministres, ce sera dû au fait qu'elle est la femme de Jacques
    Parizeau.... plus ti-coune que ça... tu meurs!
    Plus Gesca veut nous faire sentir petits, plus nous
    nous nous sentons grands.
    Changez de musique s'il vous plaît, vous n'êtes
    même pous crédibles.
    Thaïs Potvin