Célébrer le FLQ? Une honte!

Que ferait René Lévesque?

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009

Ceux qui se sont soulevés contre la reconstitution de la bataille des Plaines d’Abraham, sous prétexte qu’il ne fallait pas «commémorer une défaite», ont décidé en fin de compte de la commémorer. Mais de le faire à leur manière. Voilà qui est révélateur. Le problème, ce n’était donc pas qu’on voulait commémorer l’événement. C’est que les indépendantistes ne contrôlaient pas la fête.
Et maintenant qu’ils en ont le contrôle, qu’ont-il choisi de faire? Une lecture du manifeste du FLQ! Le réalisateur André Melançon, qui participera au Moulin à paroles, a répliqué à ceux qui ont dénoncé ce geste, notamment le ministre Sam Hamad: «Le manifeste fait partie du parcours du peuple québécois. On ne devrait pas en parler sous prétexte qu’il contient de la violence? C’est complètement ridicule et enfantin.»
Et pourtant, n’est-ce pas exactement ce que disaient ceux qui dénonçaient la reconstitution de la bataille: il ne fallait pas commémorer un événement bien qu’il fasse bel et bien partie du parcours du peuple québécois?
Revenons au manifeste. En quoi est-ce un document important? C’est le manifeste d’un groupe terroriste, qui a enlevé un homme et en a tué un autre. Ce texte est la page la moins glorieuse de l’histoire québécoise et, en particulier, de celle du mouvement indépendantiste.
Le FLQ, c’est l’antithèse de René Lévesque. Si on célèbre l’héritage de M. Lévesque, on ne peut pas célébrer celui des felquistes. Lévesque, lui, n’irait pas sur les Plaines entendre Luck Merville lire le manifeste de 1970. Ce texte qui, rappelons-le, invitaient les Québécois à «chasser par tous les moyens, y compris la dynamite et les armes, ces big boss de l’économie et de la politique, prêts à toutes les bassesses pour mieux nous fourrer.»
Plutôt que le torchon du FLQ, on devrait lire ce qu’a écrit M. Lévesque à l’époque: «Ni les bombes ni à plus forte raison l’atrocité des enlèvements de personnes ne sont moralement, humainement, politiquement justifiables (…)»
On devrait lire aussi le message à la nation du premier ministre Trudeau, le 16 octobre 1970. Je sais bien qu’aujourd’hui, on retient de cette époque les abus commis par les policiers dans leur chasse aux felquistes, et on oublie commodément les gestes odieux commis par ces derniers. Pourtant, sur le fond, qui avait raison? Ceux qui ont enlevé et menaçaient d’assassiner deux hommes, ou ceux qui tentaient de sauver la vie de ces hommes et de rétablir l’ordre?
Écoutons M. Trudeau: «C’est le devoir des gouvernements de s’opposer aux exigences des ravisseurs, mais il ne fait aucun doute que ce sont les ravisseurs qui ont la vie des otages entre leurs mains. Il faudrait une logique absolument aberrante pour penser autrement. Rien de ce que les Gouvernements du Canada et du Québec ont fait, ou n’ont pas fait, n’excuserait jamais le moindre tort que pourrait subir l’un ou l’autre de ces deux hommes innocents. Ceux qui ont le doigt sur la gâchette, ce sont des membres du FLQ. Rien ne saurait donc justifier le mal qui pourrait être fait à ces deux hommes et, si, par malheur, quelque chose leur arrivait, le Gouvernement pourchassera sans relâche les coupables.»
Mais bien sûr, sur les Plaines, personne ne lira Trudeau, qui a commis le crime de s’opposer aux indépendantistes. Et on applaudira les assassins de Pierre Laporte. C’est à lever le coeur.
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Que ferait René Lévesque?

Photo Radio-Canada

Pauline Marois, Gilles Duceppe et nombre de députés péquistes et bloquistes participeront au Moulin à paroles de la fin de semaine prochaine. Par leur présence, ils cautionneront le choix du manifeste du FLQ comme un des textes essentiels de l’histoire du Québec.
Je ne reviendrai pas sur mes arguments du blogue précédent. Sauf sur un aspect: dans les mêmes circonstances, qu’aurait fait René Lévesque? Ceux qui l’ont bien connu pourront mieux répondre que moi.
Néanmoins, j’ai beaucoup de mal à imaginer que M. Lévesque se présenterait à un tel événement, quelles que soient ses qualités artistiques et autres.
Je me souviens de sa réaction lorsque, à l’automne de 1981, les militants du Parti québécois avaient réservé une ovation gigantesque à Jacques Rose. Il était furieux. «Je n’en crus pas mes yeux. C’était Jacques Rose, l’un des membres de la cellule qui avait assassiné Pierre Laporte en 70, raconte-t-il dans ses mémoires. Parmi les applaudissements qui fusaient alors de plusieurs coins de la salle, on entendit même une voix qui saluait avec ferveur un des «vrais pionniers de la libération»! C’était le bouquet.»
Bien sûr, le manifeste du FLQ fait partie de notre histoire, on ne peut pas le nier. Mais le lire lors d’un événement visant «rendre hommage aux gens d’ici et d’ailleurs qui, part leurs mots, leurs écrits, leurs voix ont façonné ce coin du monde» (communiqué des organisateurs, 5 septembre), c’est lui donner une importance, une valeur, une noblesse qu’il ne mérite pas. Il me semble que les chefs de partis qui se targuent de vouloir obtenir la souveraineté du Québec par des moyens démocratiques devraient se tenir à cent lieues.
Et voilà que les organisateurs accusent le gouvernement Charest de vouloir les «censurer». Comment ça? Le gouvernement a simplement fait savoir qu’il ne participerait pas à l’événement, en quoi est-ce de la censure? La censure ne se trouvait-elle pas du côté de ceux qui, le printemps dernier, ont menacé de perturber la reconstitution de la bataille de 1759, forçant ainsi la Commission des champs de bataille à annuler l’événement?

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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