Une peur manifeste

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009




Tant de haine peut-on lire en ce moment dans différents médias à propos de la lecture publique d’un texte qui a marqué une époque, le manifeste du FLQ de 1970, comme le Manifeste du Refus global aura marqué la sienne, en 1948:
«Colonie précipitée dès 1760 dans les murs lisses de la peur, refuge habituel des vaincus; là, une première fois abandonnée. L'élite reprend la mer ou se vend au plus fort. Elle ne manquera plus de le faire chaque fois qu'une occasion sera belle.»
Pourquoi ces insultes enragées, presque des appels au lynchage, lancés par ces «faux guides de l’humanité», ici un ministre fantôme d’un gouvernement qui a toujours eu peur d’assumer l’avenir du peuple qu’il est censé représenter, là un maire de pacotille, ti-jos connaissant pathétique, spécialiste de l’esbroufe et partisan avoué de la peine de mort?
Les événements d’Octobre 1970 auront plongé le Québec dans un bain de politisation comme jamais auparavant . En octobre 1970, quelques jours après la lecture du Manifeste, une majorité de gens se disait d’accord avec ses objectifs, mais contre la violence. Rien de plus normal, personne n’est pour la violence. Ce jour-là, les gens au pouvoir ont paniqué, ils n’en croyaient pas leurs oreilles, eux qui avaient calculé que la lecture du manifeste produirait l’effet contraire. Ils se sont agités fort dans les officines du pouvoir à Ottawa pour frapper un grand coup, avec une tragi-comédie concoctée à la hâte: Ce soir, on fait peur au monde. On envoya l’armée dans les rues du Québec et on arrêta plus de 400 innocents, poètes, syndicalistes, mères de famille, étudiants, etc.
Six ans plus tard, malgré les campagnes de peur du gouvernement Trudeau, malgré les bombes et les faux attentats attribués au FLQ mais perpétrés par la police fédérale, le Parti québécois prenait le pouvoir, moins de dix ans après sa naissance. Quelque chose venait de se briser ce jour-là, la grande chape de plomb de la peur.
«Hier, nous étions seuls et indécis.
«Aujourd'hui un groupe existe aux ramifications profondes et courageuses; déjà elles débordent les frontières.
«Nous poursuivrons dans la joie notre sauvage besoin de libération.» (Refus global)


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé