Caisse de dépôt - Comment gérer le risque?

L'affaire de la CDPQ - conséquences et réformes

Malgré la rumeur, il est trop tôt pour prédire les résultats de la Caisse de dépôt et placement pour l'année en cours. De toute façon, la vraie question est la même qu'au lendemain de l'annonce des résultats catastrophiques de 2008: quel est le niveau de risque acceptable pour un fonds de l'importance de la Caisse pour la sécurité financière de tous les Québécois?
En 2008, la Caisse a perdu près de 40 milliards, soit 25 % de ses actifs, et pour les six premiers mois de 2009, le résultat a été nul. On ne connaîtra les résultats de 2009 qu'en février prochain, mais si la tendance se maintient sur les marchés, la Caisse devrait terminer l'année avec un rendement positif, sans pour autant faire mieux que ses pairs et encore moins battre les indices du marché.
Malgré la présence d'un nouveau capitaine, la Caisse souffre encore des effets de la crise qui l'a frappée plus durement que ses semblables à cause d'erreurs majeures commises par la direction précédente. Sous la présidence d'Henri-Paul Rousseau, aujourd'hui vice-président multimillionnaire dans l'empire Power Corporation, la Caisse a trop utilisé l'effet de levier, a mal investi dans l'immobilier, a trop risqué dans des produits de couverture qui devaient pourtant servir d'assurance tous risques, sans oublier la gaffe des gaffes, l'achat massif de papiers commerciaux pourris.
La politique Rousseau avait pour objectif de contourner les rendements jugés anémiques des produits d'investissement classiques et faire mieux que le minimum de 7 % à long terme attendu par les déposants. Un savant régime d'encouragement constitué de primes au rendement avait été institué. Cela a fonctionné aussi longtemps que les marchés ont été positifs, mais le jour où le vent a tourné, l'échafaudage s'est écroulé.
Partie de loin en 2009 et privée des liquidités nécessaires pour faire le plein de titres au rabais au lieu de vendre à perte, la nouvelle direction présidée par Michael Sabia n'a pas pu profiter de la reprise. Encore aujourd'hui, nous payons pour les erreurs du passé.
Depuis son entrée en fonction au printemps dernier, le nouveau président aurait, dit-on, procédé à un grand ménage et mis l'accent sur la gestion du risque. Tant mieux, mais il doit maintenant prouver que la Caisse peut faire aussi bien que ses pairs, aussi bien que les marchés eux-mêmes, ce qui n'est pas nécessairement difficile.
Dans le merveilleux monde du placement, on s'interroge de plus en plus sur la pertinence d'une gestion active de portefeuille comme elle se pratique encore dans la plupart des caisses de retraite. Le problème, c'est que très peu d'entre elles réussissent à battre les indices de référence des marchés. À la Caisse de dépôt, par exemple, le rendement annuel moyen a été de 1 % inférieur à un portefeuille type composé exclusivement d'indices du marché au cours des cinq dernières années! C'est dire que si la Caisse s'était contentée d'une gestion totalement passive en achetant les mêmes produits, dans les mêmes proportions que ses 16 indices de référence, elle aurait dégagé un rendement supérieur à celui de son armée d'experts.
La nouvelle direction de la Caisse ferait une grave erreur si son insistance à vouloir gérer le risque grâce à un bataillon de nouveaux employés avait pour conséquence de coûter encore plus cher sans générer le rendement indispensable aux déposants. Si la Caisse choisit de maintenir un type de gestion active pour la totalité de ses 120 milliards d'actifs nets, d'acheter et d'administrer elle-même des centres commerciaux et des aéroports, elle a l'obligation de fournir des résultats supérieurs à ceux d'une gestion passive. Sinon, on pourra dire que la Caisse sert d'abord les intérêts de ses propres employés avant ceux des Québécois.


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