Les nouvelles balises seraient tellement peu exigeantes que les experts en investissements de la Caisse de dépôt et placement trouvent «gênant» d'en profiter. Photo: Robert Mailloux, archives La Presse
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Denis Lessard (Québec) - Pour convaincre ses employés stratégiques de rester, la Caisse de dépôt et placement a instauré pour 2009 un régime de bonus «de rétention» dont les cibles sont particulièrement faciles à atteindre.
À l'interne, on confie que les nouvelles balises sont tellement peu exigeantes que les experts en investissements de l'organisme trouvent même «gênant» d'en profiter. Au lieu de s'appuyer sur la croissance, «la valeur ajoutée», les bonus 2009 se mesurent à l'aune des «renversements de pertes sur papier».
Avec la reprise économique, bien des organisations ont du mal à conserver leurs employés les plus performants. À la Caisse, cette mobilité générale s'ajoute au traumatisme de l'année 2008: pertes gigantesques, controverse des papiers commerciaux et arrivée inattendue de Michael Sabia après un processus de sélection réduit à sa plus simple expression. Les départs d'employés sont une préoccupation constante au conseil d'administration de la Caisse, qui a eu à approuver ce programme de rétention, une première dans l'histoire de la CDP, confie-t-on.
Cette «stratégie de rétention» s'ajoute à un programme général de bonus destiné à l'ensemble des employés de la Caisse, a indiqué hier le porte-parole Maxime Chagnon. Pas question de divulguer les barèmes de l'une ou l'autre opération, «pour des raisons de compétitivité évidentes», explique-t-il. Pour 2009, les bonus seront calculés sur «la performance individuelle des employés et la performance globale de la CDP», a expliqué le porte-parole.
Au cours des dernières semaines, les départs se sont multipliés parmi les hauts dirigeants. Il y a quelques jours, le vice-président aux opérations, Jacques Lavallée, un vérificateur interne promu sous Michael Sabia, a annoncé son départ, ajoutant une chaise vide à la longue liste des démissions au sommet de la pyramide depuis un an. À l'interne, on indique que l'équipe du nouveau président n'est pas parvenue à dissiper le climat de méfiance.
Mesure transitoire
Le retour des bonus à la CDP est une mesure transitoire. En 2008, personne à la Caisse n'a eu de bonus cette année-là. Un nouveau régime, permanent, sera instauré pour 2010. Les bonus de 2009 proviendront d'un régime extraordinaire, admet M. Chagnon.
«Après des pertes de 40 milliards, personne ne s'attend à autre chose que des changements, que la Caisse aille chercher les meilleurs talents et conserve les meilleurs éléments dans son équipe», a dit M. Chagnon.
Le printemps dernier, le nouveau président, Michael Sabia, avait promis un nouveau régime de bonus à compter de 2010, pour tenir davantage compte du risque dans un monde où le rendement règne sans partage depuis des années. Surtout, il avait indiqué que, de tout temps, les bonus à la Caisse s'appuyaient sur la valeur ajoutée, les rendements.
Dans le passé, les bonus de la Caisse s'appuyaient sur des moyennes de performance sur cinq ans. Il devenait difficile de poursuivre avec ce modèle en intégrant 2008, l'année de la radiation des papiers commerciaux et de la «tempête parfaite» sur les marchés, selon l'expression de l'ex-président Henri-Paul Rousseau.
La Caisse travaille à un programme de bonification «qui encouragera la performance à long terme», a expliqué M. Chagnon. Il sera rendu public au printemps prochain.
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