Budget 2011: parole tenue

Budget 2011-2012 - mars 2011



Raymond Bachand est applaudi par ses pairs après avoir présenté le budget du gouvernement Charest pour la prochaine année.
PHOTO: JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE


Yvan Loubier - L'auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National.
Le ministre des Finances du Québec a respecté le plan de match qu'il s'était donné l'année dernière, en dépit du scepticisme général, afin de redresser les finances de l'État québécois. La croissance des dépenses de programme 2010-2011 a été contenue comme prévu à 2,9% et le gouvernement entend maintenir le cap pour un retour de l'équilibre budgétaire en 2013-2014.
Mais plus important encore, le gouvernement a respecté son engagement, du moins pour cette année, de réaliser 62% de l'effort de redressement des finances publiques, à la fois du côté des dépenses et des ressources consenties à la lutte à l'évasion fiscale. C'est un signal que les contribuables québécois attendaient impatiemment pour juger de la réelle volonté politique du gouvernement de procéder à un assainissement de ses finances tout en préservant la qualité des services publics.
La suite du plan, jusqu'à la réalisation du déficit zéro et au-delà, lorsqu'on s'attaquera à la nécessaire réduction de la dette, sera peut-être moins dure à avaler maintenant que nous savons que le gouvernement a livré.
On doit, par ailleurs, saluer plusieurs initiatives contenues dans ce budget, dont celles relatives au maintien de la participation des travailleurs plus âgés sur le marché du travail; les mesures visant une plus grande présence des produits québécois sur les marchés émergents de la Russie, de la Chine, de l'Inde et du Brésil; le fonds d'encouragement à la relève entrepreneuriale; la modernisation des outils pédagogiques pour les écoliers et les professeurs du Québec; la construction de 15 000 nouveaux logements sociaux?; l'élargissement de l'accès à l'internet haute vitesse, une condition à l'amélioration de la productivité; l'accroissement des budgets des universités; les mesures d'encouragement à l'acquisition des véhicules électriques et hybrides.
Mais ce qui frappe d'abord l'imaginaire dans ce budget et l'alimente d'ancrages tout à fait concrets pour la première fois depuis deux ans, c'est la référence au Plan Nord du premier ministre. Le gouvernement prévoit investir 1,6 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années en infrastructures de toutes sortes afin de désenclaver les territoires et d'en découvrir et en valoriser les immenses richesses. Il crée le Fonds Plan Nord qui sera alimenté principalement par une partie des retombées fiscales des activités de développement sur le territoire au nord du 49e parallèle. Les richesses créées sur ce territoire retourneront donc en partie aux communautés d'origine et serviront en mode continu à ouvrir d'autres territoires, à construire de nouvelles infrastructures et à créer d'autres richesses pour ces régions et pour l'ensemble du Québec.
Les exemples de désenclavement du territoire présentés dans ce budget sont déjà fort ambitieux. Ils vont d'un projet de lien terrestre pour relier nos compatriotes Inuits du Nunavik au reste du Québec, en passant par le prolongement de la route 167 vers les monts Otish et de la route 138 jusqu'à Blanc-Sablon (nos autres concitoyens isolés depuis toujours), la création d'un lien terrestre au nord de Radisson et la construction d'un port en eau profonde à Kuujjuarapik, sur les rives de la baie d'Hudson. Jamais auparavant nous n'avions envisagé une telle ouverture de notre territoire, à la fois immense, beau et encore largement inconnu.
Le Plan Nord, vu sous l'angle du décloisonnement du territoire, est plus qu'un plan de développement économique. Ce décloisonnement nous fait réaliser que c'est aussi un plan de construction de nouvelles solidarités avec les communautés éloignées et isolées, québécoises comme autochtones, et un plan d'émergence d'horizons, pour certains encore insoupçonnés, vers le monde. Il fera grandir à coup sûr le Québec.


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