Bilan de session à Québec - Indécision et cohabitation

8e99c0f091c8f14ceb0a7a293b1b44ff

À lire les résultats du dernier sondage CROP/LaPresse, la population s'accommode plutôt bien de la performance du PQ

Beaucoup de bruit pour rien ? Il est tentant de résumer ainsi l’automne politique qui s’achève. Le gouvernement Marois, un peu plus à son aise qu’à son arrivée au pouvoir un an plus tôt, a osé lancer — ou relancer — des sujets cruciaux pour l’avenir du Québec. Mais au final, peu auront abouti à une décision politique. La responsabilité lui en revient en grande partie puisqu’il a négligé d’agir en gouvernement minoritaire.


Après l’automne 2012 consacré au budget, à la mise sur pied du gouvernement Marois et le printemps suivant à son rodage, septembre 2013 prenait des allures de goulot d’étranglement.

Le Parti québécois n’avait pas été au pouvoir depuis neuf ans, son programme était rempli de projets, dont plusieurs controversés. Les ministres, en raison du statut minoritaire du gouvernement, étaient prompts à vouloir laisser leur marque chacun dans son domaine. À la fin de l’été, il suffisait de dresser la liste des sujets à venir pour avoir le vertige : charte des valeurs, nouvelle loi 101 et peut-être les écoles passerelles, Loi sur les soins de fin de vie, assurance autonomie, Loi sur les mines, etc. Tout cela, sans compter les commissions d’examen : une sur l’assurance-emploi, l’autre sur la crise étudiante. En fond de scène : la commission Charbonneau et les élections municipales.

Après trois mois de ce régime, force est de conclure que les débats ont été intenses, souvent déchirants, les constats graves, multiples ; mais en somme, toute cette agitation n’a pas abouti à des décisions, dont certaines urgent.

Le projet de loi sur les mines, adopté lundi en fin de soirée, est l’exception qui confirme la règle. Et cette exception est éloquente : voilà un « dossier » où l’esprit de cohabitation, qui devrait régner à l’Assemblée nationale, l’a emporté. Cela a de plus impliqué un bâillon parlementaire inutile, visant surtout à embêter les libéraux, le jour où leur chef redevenait un élu. Cela manquait d’élégance. Et cela nous a peut-être donné une loi sur les mines mal rapiécée, les parlementaires n’ayant eu le temps d’étudier sérieusement que le tiers des quelque 130 articles…

Des alliances, le système politique québécois n’a au reste pas la culture. Le bipartisme habituel a relégué le jeu des alliances dans les caucus. Les rapprochements publics sont considérés avec suspicions, voire condamnés. Il fallait entendre, lundi, les libéraux se déchaîner de manière excessive contre l’axe PQ-CAQ. Les élus de la CAQ, pestait Sam Hamad, « ont été achetés par le PQ ». Et maintenant que le Parti québécois « connaît le prix de la CAQ […], j’espère qu’il ne s’en servira pas une autre fois pour le budget ».

Les libéraux brûlent de retourner au pouvoir et craignent comme la peste que les deux partis s’entendent de nouveau lors du budget pour permettre au gouvernement Marois de survivre. Pour l’instant, ce scénario semble très peu probable. François Legault a encore une fois, lors de son bilan de session mardi, placé la barre très haut, répétant que pour accepter un budget péquiste, l’équilibre budgétaire devait être atteint dès l’année qui vient. Il faudrait comprimer de 1,7 milliard les dépenses de l’État. La CAQ a aussi, déjà, retiré la confiance qu’elle pouvait encore avoir dans le ministre Nicolas Marceau, qui, de son propre aveu, n’a pas été « bon » dans ses prédictions.

L’histoire, cependant, est rarement écrite d’avance. Surtout si un certain esprit de cohabitation, de compromis permet d’aboutir à d’autres décisions nécessaires. Sans compter que le budget, annonçait Pauline Marois mardi, pourrait venir aussi tard (trop tard !) que le 20 avril. Quatre autres mois intenses se profilent…


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->