Belle prise du Parti Indépendantiste

Chronique de Patrice Boileau


C’est connu, une formation politique fraîchement créée ne peut être prise au sérieux par l’électorat qu’elle courtise, tant qu’elle ne compte pas de grosses pointures dans ses rangs. Sans vouloir porter ombrage aux fondateurs du Parti indépendantiste, [l’arrivée de l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu à son bord lui servira de catalyseur->12923].
Certes, l’écrivain du Bas-du-fleuve s’est fait remarquer dernièrement par ses nombreux coups de gueule! Il a flirté temporairement avec l’Action démocratique de Mario Dumont et a menacé de brûler tous ses livres! Pas de doute que l’homme est exaspéré de l’immobilisme politique qui nuit à la pérennité de la collectivité québécoise et cherche par tous les moyens à la secouer. Il importe aussi pour lui de parvenir à amener le Parti québécois à sortir de sa torpeur référendaire.
C’est dans la circonscription électorale de Rivière-du-Loup que Victor-Lévy Beaulieu se présentera sous la bannière du PI. Il disputera donc le comté au chef de l’ADQ lui-même : Mario Dumont. Le candidat péïste a déjà été approché par le Parti québécois pour qu’il le représente au même endroit, mais a refusé l’invitation.
Les principaux organisateurs de la nouvelle formation souverainiste se croisent les doigts. Ils espèrent que cette annonce surprise attirera d’autres personnalités publiques dans leurs rangs. La venue de candidats prestigieux ayant œuvré dans des domaines économiques et politiques, voire carrément à l’Assemblée nationale, donnerait un sérieux coup de pouce à la frêle équipe d’Éric Tremblay.
L’absence d’ex-élus au sein du Parti indépendantiste est probablement attribuable au mode d’accession à l’indépendance qu’il préconise. Vouloir déclarer la souveraineté du Québec suite à une victoire électorale, sans avoir obtenu l’aval de 50% + 1 des suffrages exprimés, rebute sûrement plusieurs « grosses pointures. » Voilà sans doute le principal boulet que traîne ce parti politique présentement.
Décidément, le débat touchant la démarche d’accession à l’indépendance du Québec est loin d’être terminé. Plusieurs intervenants sur le site de Vigile, dont le directeur du quotidien virtuel lui-même, expriment leur désaccord face au processus péïste. S’appuyer sur le fait que l’adhésion du Québec, dans l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique de 1867, se fit sans consultation populaire pour justifier sa sortie de la même manière, s’avère un argument qui aura tôt fait d’être condamné par les Québécois eux-mêmes. Influencé par les médias fédéralistes que nous connaissons hélas trop bien, l’électorat accusera le PI d’être tourné vers le passé, alors qu’il faut regarder vers l’avenir! Quel cliché, me direz-vous! Et pourtant; c’est bel et bien ce genre de réplique qui en convaincra plus d’un.
Malheureusement, la mémoire collective d’un peuple ne conserve pas à la surface de ses souvenirs et de ses préoccupations des événements constitutionnels centenaires. Les adversaires de la souveraineté évoqueront les plus récents exemples de pays ayant accédé à leur liberté pour défaire l’argumentaire du Parti indépendantiste. Au contraire, proclamer que la nouvelle formation souverainiste n’ira pas de l’avant sans avoir reçu d’abord l’aval de la majorité absolue des Québécois, procurera un repère rassurant à l’électorat puisque légal. Une fois les gens ainsi rassurés, il sera alors possible d’apporter des modifications au processus d’accession à l’indépendance.
Le recours à la voie électorale devient ainsi moins inquiétant. À condition de bien expliquer à la population que ce choix ne découle pas d’un désir de changer la démarche parce que les tentatives référendaires se sont soldées par des échecs. Il doit être clairement dit que ce sont les agissements frauduleux du gouvernement canadien qui forcent cette modification. Que le vol du résultat de 1995, vol réussi grâce à l’attribution de milliers de certificats de citoyenneté à toute vapeur peu de temps avant le vote, a gonflé le résultat du camp du NON. Probable que plusieurs nouveaux arrivants alors fraîchement débarqués au Québec n’y habitent même plus! Absolument scandaleux! Intenable! Que dire également des sommes faramineuses dépensées par l’État fédéral, montants qui ont évidemment excédé la limite permise par la Loi sur les consultations populaires du Québec!
L’abandon de la pratique étapiste doit se présenter ainsi : elle incarne une réponse légitime à l’impasse qui empoisonne dorénavant le processus référendaire. Qui veut en effet oser une joute suicide, alors qu’une ultime défaite enlèverait ni plus ni moins toute pertinence au combat que livrent les francophones en Amérique du Nord? Personne au Québec ne désire risquer un troisième référendum, à moins d’être persuadé qu’il sera gagnant. Comment peut-il en être autrement, sachant dorénavant de quoi est capable l’adversaire fédéraliste! Ceux qui prétendent que la voie électorale est moins valable que la démarche référendaire parce que l’enjeu de la souveraineté pourrait y être dilué, peuvent se rassurer : ils pourront en effet miser sur les fédéralistes qui hurleront sur tous les toits qu’un vote pour les souverainistes fera naître le pays du Québec. Difficile d’être plus clair que cela…
Les membres du Parti indépendantiste ont tout intérêt à se livrer activement à ce genre de pédagogie. Ils doivent surtout promptement modifier leur procédure menant à l’indépendance. L’obtention de 50% + 1 des votes s’avère incontournable pour ensuite aller de l’avant. À coup sûr, cet ajustement attirera rapidement d’autres personnalités publiques. Voilà qui suscitera inéluctablement la réflexion, chez les autres formations souverainistes. La formation d’un pacte entre ces partis, pacte où l’addition des votes servirait à atteindre la majorité absolue autorisant une déclaration d’indépendance, pourrait alors être sérieusement envisageable.
Patrice Boileau


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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juin 2008

    Et l'indépendance est en hausse dans les sondages ? Vos prises devraient contrôler leur venin. Mais oui tout le monde sait que Michaelle Jean se comporte comme une "reine nègre". Nous comprenons absolument l'expression. Mais SVP il faut trouver un moyen amusant pour insulter sa majesté et lui parler dans le "casque" comme on dit.
    Une belle occasion serait d'accepter le Prix du Gouverneur Général et de lui lancer, elle et à son mari, un joli "Vive le Québec Libre !"
    VLB avec ses stratégies foireuse d'appuyer Mario Dumont, cet hypocrite, nous a donné cette grosse bande de clowns d'incapables et d'ignares de l'ADQ comme opposition officielle ! Une stratégie de cloche qui n'a fait guère augmenter quoi que ce soit. Le meilleur quolibet à administrerr à cette bouffonne c'est l'humour.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2008

    L’attitude irréfléchie peut aveugler l’âme la plus noble
    L’on ne peut être antifédéraliste et laisser que le tandem PLQ/ADQ* inéluctablement fédéraliste empêche le PQ de gagner aux prochaines élections et que le Bloc puisse continuer à être un parti indispensable à Ottawa, afin que le PC et le PLC soient des organisations politiques marginales au Québec.
    Vive le Québec libre de caciques, de tricheurs de la politique, de traîtres et de pilleurs des ressources fiscales et naturelles
    _________________________
    *. Mario Dumont, depuis 1994 et juste avant le référendum de 1995, a comme travail de sape ( ainsi que plusieurs autres traîtres avant lui et ceux qui n’ont pas encore été démasqués ) de diviser les souverainistes afin d’éviter que le Québec devienne un pays parmi tant d’autres. Le résultat des élections de mars 2007 prouve cette afirmation, car les sondages réalisés en 2006 par plusieurs mass media donnaient gagnant le PQ avec 52% d’intention de votes.
    ***
    Pour d'autres informations sur ce personnage, voir : http://www.vigile.net/Demasquer-la-metamorphose

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2008

    M. Boileau,
    Pour obtenir 50% + 1 des votes aux élections générales, c'est utopique dans la condition actuelle :
    - Il faudrait changer carrément le mode d'élection où 1% des votes équivaut à 1 député pour s'assurer que 50% + 1 donnerait aussi la majorité à l'Assemblée Nationale pour pouvoir promulguer la DUI.
    - Le pacte proposé par M. Barriteau se doit d'être supporté par d'autres partis et présentement, le PQ et l'ADQ n'en ont rien à cirer.
    - Dans les partis reconnus qui pourraient faire parti du pacte, il faudrait inclure le Parti Communiste car il se déclare souverainiste? Belle image pour la population avec une telle alliance, non?
    - Vous écrivez aussi qu'on s'est fait voler lors de 1995 et avec raison mais qu'empêcherait le fédéral d'utiliser la même stratégie lors d'une élection générale où un pacte serait présent?
    - Si une telle stratégie est adoptée, on va aller en élection alors qu'on sera minoritaire à l'Assemblée. Qui va détenir les rennes de l'État durant cette campagne électorale? Nos ennemis. Au moins avec la stratégie du référendum sauce Morin, c'est nous qui sommes au pouvoir et ça, c'est un avantage indéniable.
    - Et la possibilité d'obtenir 50% + 1 des voix mais minoritaire en chambre?
    - Et la possibilité d'obtenir moins que 50% + 1 mais majoritaire en chambre, que proposez-vous au peuple une fois au pouvoir? Le programme du Parti A, B ou C (A, B et C faisant parti du pacte)? Vous renoncez au pouvoir et redéclencher les élections?
    - Et la possibilité d'obtenir plus de 50% + 1 mais majoritaire en chambre (avec les Partis A, B et C au pacte) mais que le parti D a remporté plus de sièges et que le Lieutenant-Gouverneur lui donne le mandat de former le gouvernement minoritaire? Si vous faites une motion pour une DUI, ça va être un vote de défiance et le gouvernement va tomber rendant ainsi caduque la DUI. Pensez-vous 2 secondes que le Lieutenant-Gouverneur donnera les rennes du Québec aux 3 partis du pacte dans ce contexte? JAMAIS, il va déclencher les élections.
    Voici maintenant le pourquoi que j'endosse la méthode du PI :
    On veut se séparer d'Ottawa en premier lieu. Doit-on le faire au niveau juridique ou au niveau politique? Analyser comme vous voulez les décisions de la Cour Suprême à cet effet et on en arrive à la conclusion que c'est quasiment impossible d'emprunter la voie juridique. Il reste alors le pouvoir politique. Je fais présentement un certificat en droit, d'autres intervenants ici aussi ont étudié le droit, le chef du PI est avocat aussi et on a tous appris la même chose : le pouvoir politique est au-dessus du pouvoir juridique. Même la décision de la Cour Suprême sur le renvoi de la sécession le stipule : si l'Assemblée Nationale déclare unilatéralement son indépendance, le juridique ne pourrait rien faire. 1867 s'est fait au niveau politique, tous les changements constitutionnels entre 1867 et 1982 s'est fait au niveau politique et pour finaliser, 1982 fut aussi un changement politique. L'étape essentielle pour pouvoir obtenir notre pays est donc d'obtenir le pouvoir à l'Assemblée Nationale.
    La méthode du PI, c'est exactement cela : avec la prise du pouvoir à l'Assemblée Nationale, on se retire du Canada. Le seul moyen possible, c'est d'obtenir une majorité de sièges. Ce qui veut dire qu'on a remporté quand même au moins 63 comtés sur 125. Si on parle du Nous de Parizeau, ça va vouloir nécessairement dire qu'au moins 50% du nous auront voté pour le PI.
    Maintenant qu'on a fouetté notre premier chat, il nous en restera un à fouetter : notre reconnaissance internationale.
    Le PI y a pensé aussi et c'est pourquoi il propose une rédaction d'une constitution soumise au peuple québécois via un référendum national. Au moins, on aura tassé le fédéral du processus référendaire à cette étape et à ce moment la propagande mur-à-mur qu'on connait actuellement dans nos médias sera et de beaucoup amoindri. On obtient 50% + 1 sur ce référendum et la reconnaissance internationale viendra avec.
    Oui, il y aurait de la turbulence mais de toute les manières possibles, il y en aurait aussi.

  • Christian Pelletier Répondre

    16 avril 2008

    M.Frappier,
    Le PI est honnête dans sa démarche. Son programme est clair et transparent. En campagne électorale, tous les Québécois sauront qu'un vote pour le PI sera un vote pour l'indépendance du Québec, si le PI gagnent les élections et réussi à passer un vote pour l'indépendance à l'assemblée nationale, le tout aura été fait dans les normes de la politique démocratique.
    Dans un Québec-pays, je défie jean charest de faire une campagne électorale avec comme programme de défaire le Québec-pays et de retourner dans le canada.
    Je ne voies vraiment pas comment les Québécois appuieraient charest là-dedans.
    D'ailleurs, charest en a déjà fait une comme cela en 2003 avec ses défusions des municipalités...........est-il encore crédible?????????
    De toute façon, si le Québec devient indépendant, je ne donne pas cher pour la tête de charest comme chef du parti libéral......

  • Luc Bertrand Répondre

    16 avril 2008

    Monsieur Frappier, même si le Parti libéral prenait le pouvoir dans un Québec indépendant et s'avisait de nous faire réintégrer la fédération canadian, je doute fortement qu'Ottawa (ou une nouvelle capitale fédérale - sinon deux, puisque, de fait, le "Canada" serait scindé en deux regroupements distincts de provinces) laisserait revenir le Québec sans poser d'abord des conditions à satisfaire. La logique voudrait qu'on veuille éviter toute future nouvelle rupture du pays si les Québécois(e)s s'avisaient encore d'élire un gouvernement indépendantiste. Sur ce point, croyez-moi, les gouvernements des autres provinces ne manqueront certainement pas une telle aubaine pour mettre leur grain de sel!
    Concrètement, le fédéral pourrait exiger la signature, par le gouvernement du Québec, de la constitution de 1982 et même la redéfinition de ses frontières ou la création d'une nouvelle province pour protéger la minorité anglophone de Montréal et de l'Outaouais en plus d'inclure la voie maritime du St-Laurent dans les eaux canadian, l'abandon de toute revendication juridique sur le territoire du Labrador, la cession de territoires fixés unilatéralement par Ottawa pour se laver les mains avec les autochtones, le renoncement au principe de bilinguisme dans la Fonction publique fédérale en dehors du Québec et à servir les francophones hors-Québec dans leur langue, le renoncement à sa représentation internationale distincte de celle du Canada, etc.
    Avec de telles conditions de réadmission, en plus de l'obligation de signifier clairement aux électeurs de ses intentions de renoncer à sa souveraineté (ce qu'aucun autre pays n'aurait fait avant), sans compter jusqu'où il est prêt à concéder pour réintégrer le Canada (ce qui serait très éloquent pour démontrer les gains qu'aura fait le Québec en devenant souverain, ce qui ne manquera pas d'être exploité par les autres partis satisfaits de notre statut de pays), il sera assurément très difficile au PLQ de vendre un projet aussi humiliant, particulièrement à la majorité francophone qui aura eu le temps de goûter au plaisir d'être maîtresse de son propre navire ou même aux communautés ethniques, qui refuseront assurément de se réembarquer dans une telle bataille de loyauté!
    Évidemment, lorsque le PI présentera au peuple la nouvelle constitution québécoise, il est évident que des dispositions spéciales seront prévues pour éviter qu'un tel revirement d'allégeance s'opère d'une manière aussi désinvolte. Il ne faut quand même pas rire du monde et de ses voisins!

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2008

    Bernard, Le PI ne vise pas que la majorité des sièges, il voudra aussi le plus de voix possibles exprimées en sa faveur. Convenons qu'une situation limite serait très délicate à gérer. Mais cela s'appliquerait également à toute formule d'accession à l'indépendance, peu importe laquelle. Il faut donc, dans les limites atteignables, viser une forte majorité de sièges et une forte majorité de voix. La tournure des événements dépendra du rapport des forces en présence. Pour l'instant, le PI n'a rien à gagner à prouver qu'il est plus démocratique que le Canada. Je pense qu'il a, au contraire, tout à gagner à coller à la norme canadienne.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2008

    M. Bernard Frappier pose la bonne question ou, ce qui est bon pour minou doit aussi être bon pour pitou.
    En y pensant bien, le PI et Québec solidaire, en divisant les votes indépendantistes "même si certains pensent que Québec solidaire et le PQ ne sont pas vraiment indépendantistes", pourraient empêcher le PQ de prendre le pouvoir, ce qui serait excellent pour le PQ qui espère, à tort, gouverner la province de Québec dans le Canada en attendant qu'il y ait un assez grand nombre d'indépendantistes pour voter OUI à un référendum sur l'indépendance ou la souveraineté.
    Si le désir du PQ de prendre le pouvoir excède son goût pour l'indépendance du Québec, il devra trouver une nouvelle solution constitutionnelle que l'indépendance pure pour se sortir de la situation actuelle, avec ou sans l'ADQ. Ça laisserait le champ libre au PI pour l'indépendance du Québec si on considère que Québec solidaire est trop à gauche pour la grande majorité de Québécois, selon les sondages.
    On n'est pas sorti du bois avec divers scénarios parce que, à peu près chaque indépendantiste/souverainiste a sa petite idée sur le genre de souveraineté souhaitée et comment y parvenir sans trop s'occuper des chefs indépendantistes qui se font critiquer continuellement par leur base.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2008

    Comment réagirait le PI si, dans un Québec indépendant, le PLQ (revenu au pouvoir avec une "majorité des sièges") votait à l’Assemblée nationale la réintégration du Québec dans la Fédération canadian, sans se soucier le moins du monde de l’appui populaire ? In-out, ping-pong, pays-province... Y aurait de quoi faire tourner les cerveaux québécois en sauce blanche...

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2008

    Il faut mettre au rancart ce qu'il convient d'appeler l'exception indépendantiste. Au Canada, tout se décide par des élections. L'élection sert de moyen d'expression de la démocratie. La surcharge de légimité que le fédéral voudrait nous faire porter et qu'il nous fait d'ailleurs porter par pressions directes et indirectes depuis 1973 est injustifiée. Les Québécois se laissent trop facilement culpabiliser et mettre sur la défensive. Accepter cette obligation de légitimité additionnelle c'est consentir à l'exception indépendantiste. C'est consentir à un traitement qui discrimine notre cause. Il serait mal avisé pour le PI de céder à ces pressions qui ne visent qu'à entraver notre marche vers la liberté. Car, céder une fois, admettre que notre projet manque de légimité aux yeux de la norme canadienne, nous poussera éventuellement dans les câbles. Mieux vaut s'en tenir aux exigences canadiennes habituelles et faire les grandes choses comme le Canada les a toujours faites. Qu'on se le dise, il n'y a aucun précédent de grande décision prise dans le Canada moderne autrement que par la voie électorale.
    Gilles Verrier

  • Luc Bertrand Répondre

    16 avril 2008

    Monsieur Boileau, vous n'êtes pas sans savoir que le peuple québécois n'en a plus pour très longtemps à vivre si nous laissons les choses aller et, surtout, si nous continuons à faire aveuglément confiance au Parti québécois en cherchant à se convaincre qu'il constitue le seul véhicule politique capable de faire l'indépendance du Québec.
    Pourtant, l'actualité politique depuis le référendum volé de 1995 est de plus en plus claire sur les véritables motivations du PQ. Si l'on pouvait, initialement, donner le bénéfice du doute à Lucien Bouchard pour avoir accepté (bien naïvement d'ailleurs) le défi louable, mais voué au chaos social, d'atteindre le déficit zéro avant d'envisager proposer un nouveau référendum aux Québécois(e)s, il y a eu Bernard Landry qui a joué à l'autruche avec la situation de plus en plus alarmante du français à Montréal, qui a refusé de reconnaître les mauvaises décisions de son dernier gouvernement et leur impact sur la mobilisation indépendantiste et de revoir le cadre stratégique pour faire l'indépendance. Il y a eu la fausse course à la direction de 2005 menant à l'élection d'André Boisclair qui a amené une inquiétante dérive du parti vers le néo-libéralisme économique, une fausse image de renouveau, une confusion de plus en plus grande sur l'engagement du PQ envers l'indépendance et une déconnexion du parti avec sa base militante. Non content d'avoir mal interprété les raisons de la nouvelle déconfiture du 26 mars 2007, le PQ a laissé Pauline Marois prendre les rênes du parti sans aucun débat d'idées et, surtout, en cautionnant l'abandon clair du combat direct pour la réalisation de l'indépendance. Après plus de 12 ans de tergiversations stériles qui ont vu les pouvoirs du Québec être réduits sensiblement par Ottawa, la situation du français atteindre le point de non-retour et accroître le scepticisme de la population envers l'option indépendantiste, un groupe de militant(e)s indépendantistes irréductibles et incorruptibles a décidé que c'en était assez, en juillet dernier, et a entrepris de créer un parti politique voué exclusivement à la réalisation de l'indépendance du Québec. Après tout, s'il est vrai, comme les ténors péquistes l'ont souvent martelé dans le passé, que le maintien du régime fédéral actuel condamne l'État québécois à sa marginalisation dans le tout canadian ou à une situation de mendicité sans cesse grandissante, il ne devrait y avoir comme priorité, si l'on est cohérent(e)s avec les valeurs que nous nous sommes données comme Québécois(e)s de langue commune française, que de ROMPRE immédiatement avec le cadre politique qui nous conduit à cette impasse. Le référendum ayant été rendu impraticable par le gouvernement fédéral, celui-ci contrôlant toujours (avec la complaisance de l'actuel gouvernement provincial libéral actuel) l'entrée et la naturalisation des immigrant(e)s, clientèle électorale vulnérable et donc réfractaire à tout changement risquant de compromettre son acceptation par le pays d'accueil (le CANADA) alors que, en contrepartie, la population francophone québécoise peine à se renouveler et est sans cesse plongée dans une culture et une économie anglo-saxonne omniprésentes, il ne reste plus que la voie élective classique comme moyen démocratique de réaliser notre projet de pays libre de langue et de culture françaises.
    Le Parti indépendantiste propose donc aux Québécois(e)s de s'adresser immédiatement à la cause de leur impuissance politique actuelle, celle qui donne, à juste titre, l'impression aux électeurs de tourner en rond, qu'au fond tous les partis politiques, leurs chefs et candidat(e)s sont du pareil au même et que seul le PI a le courage de nommer: la constitution canadienne ILLÉGALE et ODIEUSE de 1982 et sa charte des droits et libertés expressément conçues pour rendre insignifiante la différence québécoise et tuer son mouvement indépendantiste.
    Lorsque vous avancez la nécessité du 50% + 1 des suffrages exprimés pour légitimer l'indépendance du Québec ou que vous laissez entendre qu'une élection générale est une mesure trop ambiguë pour conduire à un changement de statut aussi radical que la création d'un nouveau pays, vous vous faites complice du même système qui nous a lentement conduit vers notre situation de "gagne ou meurs" actuelle. Non seulement les fédéralistes ont usé des pires machinations pour faire dérailler le processus démocratique lors des deux référendums sur la souveraineté-association (des événements passés, bien sûr, mais quand même assez récents si on les situe par rapport avec votre exemple de 1867), ils ne se sont pas gênés pour imposer la loi fondamentale du pays (Canada) au Québec en 1982 sans consulter la population et n'oseraient même pas, ACTUELLEMENT, à employer le référendum comme moyen d'endosser tout changement de cette même constitution qui accorderait plus de pouvoirs au Québec. Les échecs de Meech et de Charlottetown ont clairement démontré que le référendum est un moyen décisionnel trop risqué pour un pays avec une population aussi divisée et présentant autant de clivages socio-économiques dans les enjeux régionaux que le Canada et le Québec.
    C'est le pourquoi du slogan du Parti indépendantiste, qui offre effectivement "le choix électoral de l'indépendance". Un vote pour le PI est un vote pour l'indépendance du Québec. Comme le programme du PI n'a de sens que dans un contexte de pays souverain détenant tous les pouvoirs et impôts, il affiche ouvertement son refus de gouverner dans le régime constitutionnel provincial québécois actuel. Voter pour le PI, c'est donc à toutes fins pratiques voter OUI à un référendum tenu à tous les quatre ans, pour autant que l'électeur prenne la peine de s'informer avant de faire son choix. Il n'y aura donc aucune astuce ou mauvaise surprise pour les Québécois(e)s. Le jour où l'Assemblée nationale comptera une majorité simple de député(e)s s'étant clairement fait(e)s élire avec l'intention de mettre fin au régime constitutionnel dans lequel le Québec se trouve contre son gré et à fonctionner, dorénavant, selon la loi fondamentale du nouvel État québécois qu'il proposera aux électeurs, le pays du Québec deviendra réalité. Pour cela, il faudra que les Québécois(e)s acceptent, individuellement, de s'assumer comme peuple souverain en portant le PI au pouvoir. C'est le peuple québécois qui prendra la décision de rendre officiel le pays du Québec, qui SE choisira devant toutes les autres nations du monde. Pas les Stéphane Dion, Stephen Harper, les provinces d'un autre État qui n'a jamais été le sien, les juges d'une Cour partiale où le peuple québécois est exclu ou des mécènes à la solde d'intérêts financiers opposés aux nôtres.
    Comme le dirait Falardeau, les autres pays du monde ne sont pas des caves. Leurs gouvernements connaissent notre situation d'enclave francophone cherchant à survivre et s'épanouir selon une culture originale distincte d'un continent presque exclusivement anglophone et dominé par une culture mercantile menaçant d'ailleurs les libertés partout dans le monde. Ils connaissent également tous les subterfuges utilisés par le conquérant original britannique et ses descendant(e)s pour tronquer la démocratie et qui ont fait passer notre statut de majorité démographique à minorité impuissante. Ces pays n'attendent qu'un signal de notre part pour nous reconnaître pour ce que nous sommes, ou plutôt pour ce que nous pourrions être. On ne peut reconnaître comme libre une personne qui affectionne ses chaînes.