Vigile, un village virtuel gaulois

Astérix et la zizanie*

Chronique de Louis Lapointe

*De tous les albums d’Astérix, c’est celui que je préfère. César ne sachant plus quoi faire contre les méchants Gaulois, décide d’envoyer Détritus pour semer la zizanie. Le jour de l'anniversaire du chef Abraracourcix, Détritus offre un vase à Astérix, qu'il prétend être l'homme le plus important du village. Je vous laisse imaginer la suite. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Goscinny savait caricaturer les pires travers des hommes.
Comme ce petit village où habitaient les plus irréductibles des Gaulois, Vigile est une libre communauté de résistants et n’est pas lui non plus à l’abri de la discorde avec ses bagarreurs impénitents et leurs gros ego. Une mine d’or pour un personnage comme Détritus. Ainsi, la nouvelle façon de dénigrer ceux dont l'opinion est trop tranchée consisterait à les accuser de faire des procès d’intentions aux honnêtes indépendantistes, distribuant récompenses et punitions, en prenant bien soin de nommer tous ceux qu’on estime être dans le droit chemin. Si l'on en croit Goscinny, il s'agirait d'une technique héritée de la lointaine époque de la Guerre des Gaules, aujourd'hui appelée renforcement positif.
Y aurait-il de bons et des méchants indépendantistes sur le site de Vigile ? Des personnes aux opinions répréhensibles qu’on devrait punir aussitôt qu’elles errent, alors que les honnêtes indépendantistes auraient le privilège de prêter de malveillantes intentions à tous ceux dont les opinions divergent un peu trop ; les récalcitrants étant d’abord invités à répondre à des questions précises ou à se taire, puis à suivre l’exemple des bons Gaulois récompensés.

Vigile n’est pas une société d’admiration mutuelle soumise à un conditionnement opérant, c’est un lieu de débat où la divergence foisonne parce qu'elle est provocatrice et créatrice de nouvelles idées, justement ce dont a besoin le mouvement indépendantiste pour progresser, l’inverse de la pensée unique et de la convergence qui sévissent dans les journaux de Gesca et de Québécor.
Comme ce petit village gaulois, Vigile a son druide, son barde, son doyen, son chef, son forgeron, son poissonnier et leurs épouses, avec leurs chicanes, leurs blagues et leurs calembours. Il n'y a pas de bonnes et de mauvaises opinions. Il y a des opinions que chacun défend de son mieux autour de la grande table virtuelle de Vigile, comme à la fin de chacun des albums des aventures d’Astérix. Vigile c’est aussi de bonnes baffes aux envahisseurs et à leurs collaborateurs, le plus souvent possible!
Voilà pourquoi Vigile est stimulant et qu’on y revient toujours. Voilà pourquoi Vigile doit demeurer cette potion magique qui nous aide à résister à l’envahisseur. Ce n’est pas parce que le poisson n’est pas toujours frais qu’il faudrait toujours donner raison à la femme du forgeron et exclure le poissonnier de la bande... Et même si on souhaite parfois le bâillonner, que serait Vigile sans son barde ?

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2009

    @Gébé Tremblay
    Permettez-moi de citer une partie de l'article lié à votre message.
    "Broadly speaking anglos are, we believe, more bilingual than ever - and are clamouring, the Quebec Community Groups Network tells us, for still more and better instruction in French."
    Pour répondre à l'auteur de la Gazette, je dis "Rubbish!" Pour avoir fréquenté un certain nombre d'anglophones sur l'île de Montréal, ce n'est certainement pas une opinion qui est partagée par la majorité, et ce même si certains d'entre-eux peuvent s'exprimer dans un français quasi-impeccable. Peut-être que les mentalités changent, et vous avez raison de dire que ce n'est ni la Presse, ni le PQ qui ont produit ce changement de conscience, mais nous sommes bien loin de ce que cet éditorial affirme. Heureusement que ce n'est qu'une croyance, car elle est, selon mon expérience, non-fondée.
    * * *
    Pour ce qui est de l'article et du village, souvenons-nous que le village des irréductibles Gaulois est reconnu pour ses bagarres sur des pacotilles (Le poisson pas frais d'Ordralphabétix, par exemple) et ses banquets où l'amitié et la joie de vivre règnent. Ce n'est pas parce qu'il y a quelques différents entre certaines personnes que nous sommes automatiquement placés dans une position d'affrontement irréconciliable. Tout comme le village des irréductibles, à la fin de l'album, il y aura un banquet, mais nous n'en sommes pas encore là.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2009

    Et les résultats sont là :
    http://www.vigile.net/Francophones-have-little-reason-to
    C'est ni La Presse ni le PQ qui a produit cette prise de conscience chez les Québécois.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 juin 2009

    Quelle merveilleuse façon de me rappeler pourquoi, même s'il arrive que certaines interventions me hérissent les poils du nez, Vigile continue d'être mon livre de chevet.
    Bien conscient que cela ne changera rien d'autre à votre salaire que d'être une reconnaissance de votre bénévolat comme de celui de toute l'équipe, je vous dis merci à tous et en profite pour déposer ma contribution annuelle ;-)

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2009

    Vous dites :
    (...) «Vigile n’est pas une société d’admiration mutuelle soumise à un conditionnement opérant, c’est un lieu de débat où la divergence foisonne parce qu’elle est provocatrice et créatrice de nouvelles idées, justement ce dont a besoin le mouvement indépendantiste pour progresser, l’inverse de la pensée unique»(...)
    Je dis : Bravo !
    «Du choc des idées jaillit la lumière...»
    Christian Montmarquette
    Québec Solidaire
    .

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2009

    J'allais écrire : «Excellent papier» mais je me ravise pour "Excellente intervention sur nos écrans de Vigile".
    Un peu d'humour bien placé, fait réfléchir, fait du bien à travers tout ce sérieux grave à l'occasion comme la vie, la mort et le fédéralisme canadien.