Anglade flotte sur un nuage

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Ce sont les Américains qui bénéficient de l'entente de Bombardier avec Airbus

Avec les nouvelles commandes pour l’avion A220-300 annoncées au Salon aéronautique de Farnborough, la ministre responsable du dossier de la C Series, Dominique Anglade, flotte sur un nuage.


Sur les ondes du 98,5 FM, la ministre Anglade a affirmé que l’investissement de 1,3 milliard de dollars des Québécois dans la Société en commandite Avions C Series (SCACS) avait déjà pris du coffre.


« Ça représente encore plus d’assurance qu’on va rentrer dans l’argent qu’on a investi, a-t-elle déclaré. Aujourd’hui, le 1,3 milliard vaut 1,4 milliard », soit 1,1 milliard $ comme valeur du placement dans la SCACS, plus des bons de souscription d’une valeur de 280 millions $.


Si notre investissement dans la SCACS vaut aujourd’hui 1,1 milliard $ alors que nous détenons 16 % des parts, cela signifie que la valeur actuelle de la SCACS s’élèverait à 6,9 milliards de dollars.


Selon cette évaluation de la ministre Anglade, la valeur de la C Series aurait donc presque triplé (2,65 fois) depuis que le gouvernement Couillard a versé l’argent à l’été 2016. Il y a de la magie dans l’air québécois !


Les calculs de la ministre de l’Économie laissent entendre que la valeur de la C Series aurait ainsi augmenté de 4,3 milliards, passant de 2,6 milliards (valeur initiale établie à l’automne 2015 par Bombardier) à 6,9 milliards aujourd’hui.


Disant se baser sur une évaluation de la firme KPMG, la ministre est-elle réaliste ?


La question mérite d’être posée, car la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, n’avait pas été en mesure d’évaluer le placement.


Elle n’avait pas obtenu de la part d’Investissement Québec « les éléments probants suffisants et appropriés » pour effectuer une évaluation adéquate.


REVENONS SUR TERRE


Ce n’est pas parce qu’on a donné le contrôle (soit 50,01 % des parts) de la Société en commandite de la C Series à Airbus que sa valeur aurait subitement presque triplé.


Je veux bien croire que la grande force de vente du géant Airbus va permettre au carnet de commandes du A220-300 de se remplir plus rapidement. Mais entre remplir le carnet de commandes et rentabiliser la SCACS, cela devrait nécessiter des années de patience...


La ministre Anglade devrait savoir que ce n’est pas en vendant des avions à perte que la SCACS va prendre énormément de la valeur.


La commande ferme de 60 avions A220-300 de la part de JetBlue aurait été négociée à un escompte de 72 % sur le prix de détail, selon un spécialiste de l’agence de notation de crédit Moody’s.


Il y a fort à parier que l’autre commande de 60 avions A220-300 annoncée cette semaine par le fondateur d’une nouvelle compagnie aérienne américaine ait également été conclue au rabais.


ALABAMA


Ce sont les Américains et non les Québécois qui sortiront grandement gagnants des deux commandes décrochées par Airbus. Les avions seront assemblés à la ligne d’assemblage devant être construite aux installations d’Airbus à Mobile, en Alabama.


Que la SCACS devienne un jour rentable, c’est fort plausible. Mais est-ce que ce sera le cas d’ici 2023, moment où la participation de Québec sera rachetée en vertu de l’entente avec Airbus ?