Tony Accurso a-t-il placé le maire de Mascouche en situation de conflit d’intérêts en l’invitant sur son bateau et en lui prêtant 300 000 $ ? Voilà selon la Couronne la question que doit se poser le jury au procès de l’homme d’affaires.
Bien que Tony Accurso et Richard Marcotte étaient amis depuis longtemps, a rappelé Me Pascal Grimard, de la Couronne, dans sa plaidoirie, vendredi, à Joliette, les deux hommes savaient que le code d’éthique et de déontologie de l’élu lui interdisait de recevoir des cadeaux des entrepreneurs qui soumissionnent sur les appels d’offres de la Ville.
Cadeaux
Pourtant, entre 2005 et 2010, Tony Accurso a payé trois voyages sur son bateau, le Touch, à Richard Marcotte, plusieurs repas au restaurant, et il lui a fait un prêt personnel de 300 000 $ à partir du compte de son entreprise.
Ces cadeaux ont été offerts à la même période, a rappelé Me Grimard, où la compagnie d’Accurso Simard-Beaudry a obtenu sept contrats de la Ville de Mascouche.
« Tout le monde a le droit d’avoir des amis, mais dans le contexte où l’un était maire et l’autre soumissionnaire sur des appels d’offres de sa ville, Richard Marcotte et Tony Accurso auraient dû s’assurer de ne pas être en conflit d’intérêts. Il y avait un lien d’affaires entre eux, et ils le savaient. »
Aucune preuve ?
Bien que la défense ait dit jeudi dans sa plaidoirie qu’aucune preuve n’avait été faite de l’utilisation des 300 000 $, Me Grimard a rappelé ce qu’avait dit Pascale Boutin, juricomptable. Sur les 270 000 $ déposés dans le compte du maire, 200 000 $ sont allés à un placement fiduciaire et le reste en paiements de cartes de crédit et en virements interbancaires dans différents comptes à l’étranger.
« Où est-ce qu’on voit qu’il y aurait eu une transaction immobilière, tel que Marcotte l’aurait dit en lui demandant le prêt de cet argent, selon la version de M. Accurso ? Nulle part », a demandé Me Grimard.
Le jury devrait commencer à délibérer lundi afin de décider si Tony Accurso est coupable d’avoir aidé l’ex-maire de Mascouche à commettre un abus de confiance.