Le Parti québécois est-il en train d'exploser ? Que signifie tous ces départs, expulsions, remises en questions, virages ? Se dirige-t-on encore une fois vers un changement à la direction ?
Lucien Bouchard et d'autres ont souvent dit que le PQ était tout simplement « ingouvernable ».
Il est vrai que le PQ est un parti politique torturé depuis qu'il a perdu son référendum de 1980. Aussitôt qu'il a détourné son regard de l'accession à la souveraineté du Québec, il a été en proie à de profondes querelles internes qui tournent toujours autour de la même question : la stratégie référendaire. Certains sont considérés comme pressés, dont ceux que l'on a baptisés les « purs et durs » qui sont en faveur d'une transparence complète de l'objectif premier du parti à toutes les élections : ils croient que tout scrutin doit être un vote référendaire et qu'une victoire du PQ doit signaler la tenue d'un référendum en cours du mandat. Les autres sont les « étapistes », selon une appellation disparue du discours péquiste. Ils s'accommodent de petites victoires par étapes : la formation d'un bon gouvernement pour prouver aux Québécois que si les souverainistes sont de bons gestionnaires de l'État, ils gagneront l'appui et les coeurs d'une majorité au sein de la population.
René Lévesque a été de la première école lors de la victoire de 1976, avant de changer son fusil d'épaule après sa défaite référendaire en 1980. Le rapatriement de la constitution en 1981 sans réaction d'outrage par la population l'a poussé vers la stratégie du « beau risque » proposée par Brian Mulroney et ses progressistes-conservateurs en 1984. Cela a mené aux propositions de Meech et Charlottetown, toutes deux refusées quelques années plus tard.
Jacques Parizeau a toujours été de l'école référendaire et n'a pas tardé à le prouver après son élection en septembre 1994. Treize mois plus tard se tenait le référendum de 1995.
Tous les autres chefs du PQ peuvent tous se classer dans la catégorie des étapistes : Pierre-Marc Johnson, Lucien Bouchard, Bernard Landry, André Boisclair et évidemment, Pauline Marois.
On pouvait croire que Mme Marois avait une poigne ferme sur son caucus et son parti. Dans la décennie qui a précédé son accession à la direction du PQ, en juin 2007, le parti avait digéré trois chefs. Et il s'apprêterait à la liquider elle aussi, à la lumière des récents départs ?
Le Parti québécois, oui, est difficile à mener. Sa structure, la place qu'il fait aux débats d'idées, ses « belles-mères » bavardes et surtout, son article 1 sur la finalité de son oeuvre politique (la souveraineté du Québec) le rend (sic) vulnérable pour tous les chefs qui n'ont pas un charisme à toute épreuve. Deux hommes ont réussi, non sans peine, MM. Lévesque et Bouchard. Non sans une dose d'épuisement après quelques années. Pauline Marois est une femme aux multiples qualités, au parcours d'expérience, mais même tout cela ne semble pas suffire à prévenir les tempêtes.
C'est encore plus vrai que la récente éclosion du Nouveau Parti démocratique au fédéral - et la comète que fut l'Action démocratique du Québec, en 2007 - semble réécrire les fondements de l'action politique au pays. Nul besoin d'une organisation, d'une structure solide, d'une armée de bénévoles : il suffit de quelques bonnes idées - de droite ou de gauche, peu importe ! -, d'un leader avec du potentiel et une campagne pas trop mal rodée pour espérer balayer des élections. Cela donne des ailes à des gens comme François Legault et des petits partis comme Québec Solidaire et l'ADQ qui se disent que tout est possible en cette époque.
Devant cet avenir, des députés comme Pierre Curzi, Lisette Lapointe, Louise Beaudoin et autres Benoît Charette sentent qu'ils ne veulent plus faire les sacrifices de l'inévitable discipline qu'exigent les partis politiques. Chacun a ses raisons mais le résultat a été le même, une désaffection.
L'été à nos portes devrait calmer la donne ; le retour des députés dans leurs circonscriptions les éloignera des tractations de couloir qui nourrissent les doutes. Cette période s'avère évidemment une période éprouvante pour Mme Marois qui ne l'a pas cherché, sauf pour son erreur avouée dans le dossier de l'amphithéâtre de Québec. La pause estivale ne peut arriver assez vite pour elle. Nous verrons bien, cet automne, si ce mouvement a des ailes ou non.
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