Pierre Cloutier

Une mauvaise analyse de la situation

Tribune libre 2011

(...)

Monsieur Cloutier,

Votre attitude est non seulement démobilisante, mais démoralisante pour TOUS les militants, les indépendantistes et les péquistes dont les objectifs, aussi éloignés les uns des autres soient-ils, demeurent néanmoins convergents.

Le Parti québécois peut à la rigueur être considéré comme un adversaire, certainement pas comme l’ennemi à abattre.

Il est indéniable que le Parti québécois, dès sa fondation, par sa fondation même marquait le recul de l’indépendantisme. Par son projet de souveraineté-association, cet ultime effet de notre esprit colonisé, il renforçait notre représentation aliénée de nous-mêmes, représentation qui nous consacrait inapte à assumer notre pleine autonomie sans l’aval du Canada, ce pays qui nous dominait et nous exploitait. Il nous ancrait dans la peur de l’indépendance. Depuis 1967 et sans cesse depuis, j’ai déploré la dilution du projet indépendantiste dans celui de souveraineté-association, de souveraineté-partenariat et autre projet de re-Confédération, de même que j’ai sans cesse critiqué l’hégémonie exercée par le Part québécois sur l’ensemble du mouvement indépendantiste.

Cinquante ans plus tard, devant le recul de l’appui populaire à la cause de l’indépendance, devant le rejet du Bloc québécois en faveur du NPD, devant la stagnation du Parti québécois dans les intentions de vote, force est de constater que les positions idéologique, politique et stratégique du PQ sont un échec monumental de sa démarche.

Plus aliéné encore que le peuple, le Parti québécois, sous prétexte de ne pas faire peur à celui-ci, n’a pas su assumer notre aliénation, n’a pas su la transformer en source de dépassement et en appel à la liberté.

Je le constate, je le critique, je le déplore.

Ce qui ne m’empêche pas en juillet 2011 de considérer le Parti québécois comme le principal allié des forces indépendantistes actuellement à l’œuvre, le seul capable de mettre fin à l’entreprise libérale de complète destruction des acquis de notre nation, depuis la fin des années 1950. Or, la réélection du PLQ, avec ou sans Charest, ou, pire, l’arrivée de Legault au pouvoir non seulement ne favorisera pas le combat indépendantiste encore si peu armé, mais l’écrasera pour au moins une nouvelle décennie.

L’acharnement que vous mettez, monsieur Cloutier, à tenter d’abattre le PQ, allié objectif, même s’il ne se reconnaît pas ce rôle, relève d’une mauvaise analyse de la situation que j’essaie encore de croire bien intentionnée.

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Andrée Ferretti124 articles

  • 121 217

"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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17 commentaires

  • Nicodème Camarda Répondre

    12 juillet 2012

    Message à madame Ferretti
    Quand Pierre Cloutier dit qu'il n'en a pas contre le Parti Québécois mais contre le plan Marois je le crois sincère. Pourquoi douter de sa parole?
    Un peu plus loin vous lui demandez d'avoir le courage "de ne pas être politiquement correcte et d'avouer sa "mysogénie"... Qu'est-ce qu'il ne faut pas lire!
    Si Pauline Marois eut été un homme je suis convaincu que Pierre Cloutier lui aurait réservé le même traitement, la même "mysogénie"...
    Avec cette présomption politiquement "mysogéniste" vous tombez - pardonnez la pertinence - dans le tonneau à patates!
    Bien à vous,
    votre dévoué Diogène :)

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2011

    Oui Mme Ferreti je pense comme vous, si Pauline Marois était un homme, il en serait tout autrement dans le traitement qui lui est réservé et par les médias et par ceux qui appellent à l'assassinat du PQ.
    Ne nous trompons pas ici, et le NPD le montre avec ses 59 députés errants, il faut des années parlementaires pour faire un parti qui en soit vraiment un. Ignorer cela, ou feindre que cela n'a pas d'importance, est un leurre qui pourrait bien s'avérer suicidaire. Avons-nous les moyens de prendre ce risque ? Le jeu en vaut la chandelle. Ce n'est pas une petite affaire que l'on tente de nous rentrer dans la gorge via médias interposés... Enterrer le Bloc pis le PQ la même année c'est une aubaine pour le Canada qui sait bien récompenser ses défenseurs...
    Poussons de toutes nos forces sur le PQ pour qu'il aille plus vite encore,la situation presse, et plus loin, une carte d'Électeur le plus vite possible après la prise de pouvoir, pour ne pas qu'on se fasse voler encore comme en 1995.
    Qui parle des conséquences politiques d'éradiquer le PQ à part de faire réélire Charest et de mettre l'Indépendance aux toilettes de l'Histoire, dans la section des ''passé date''?
    Il faut des années pour tuer un parti (Ottawa essaie depuis 40 ans avec le PQ), des années d'énergies perdues et de projection publique d'une bande de tarés qui peuvent pas s'entendre eux et qui veulent un pays... Ce qui fait jouir Ottawa et ses agents.
    Prenons le temps de bien voir et peser les conséquences politiques de l'Assassinat du PQ tel que le souhaite certains esprits douteux.
    C'est l'indépendance que l'on souhaite pas une guerre civile. Certains d'ailleurs ne tireraient pas sur le bon bord... Qui tireraient avec Ottawa. Certains par maladie d'autres par métier. Gagez-vous ?
    Oui Mme Ferreti, vous avez raison de souligner qu'il y a quelque chose de troublant dans ce sursaut pour se défaire de Mme Marois.
    Je fus le plus jeune participant au Congrès de fondation du PQ, premier secrétaire de l'asso de comté, permanent de la Région Montréal-Centre, conseiller du ministre Jacques Couture et Denys Lazure. Ceux qui vous disent que je connais pas le PQ vous mentent.

  • Bruno Deshaies Répondre

    15 juillet 2011

    Le fédéralisme nous ronge jusqu’à l’os.
    2011-07-15 Bruno Deshaies
    Sur cette question, votre erreur d’appréciation de la situation est grave. En plus, nous n’avons même pas une vision claire de la décision collective à prendre irrévocablement. À cet égard, je suggère à vos lecteurs et lectrices de relire très attentivement cet extrait de votre opinion sur le PQ et sa contribution à l’indépendance nationale du Québec.
    Andrée Ferretti dixit :
    « Ce qui ne m’empêche pas en juillet 2011 de considérer le Parti québécois comme le principal allié des forces indépendantistes actuellement à l’œuvre, le seul capable de mettre fin à l’entreprise libérale de complète destruction des acquis de notre nation, depuis la fin des années 1950. Or, la réélection du PLQ, avec ou sans Charest, ou, pire, l’arrivée de Legault au pouvoir non seulement ne favorisera pas le combat indépendantiste encore si peu armé, mais l’écrasera pour au moins une nouvelle décennie. »
    Vous nous dites : « le Parti québécois [est] comme le principal allié des forces indépendantistes actuellement à l’œuvre… ». Est-ce que vous nous dites bien « est comme » ? Pourquoi ne pas dire plutôt : « il est le principal allié des indépendantistes » ? Mais non. Il est « comme », de la même manière que nous sommes « comme un grand peuple » ? Est-ce à dire qu’on est « un grand peuple » ? S’amuser « comme des fous ». Est-ce à dire que ces individus seraient « des fous » ? Pourquoi « comme » ou « être comme ». Ne serait-il pas préférable d’ÊTRE une nation indépendante plutôt qu’être « comme ». Le difficile, c’est qu’on doit le dire explicitement, l’expliquer et le faire comprendre. Le mot indépendance n’est pas une marchandise. Dire le mot explicitement, c’est salvateur. La population comprendrait mieux.
    Le PQ est-il « le principal allié des indépendantistes » ? Ce serait oui, selon vous. Or, ce même parti a maille à partir avec un demi-million d’indépendantistes. Il écoute mais il ne comprend rien, du sommet jusqu’au bas de la pyramide et du bas de la pyramide jusqu’au sommet. C’est une machine électorale. Il faut gagner l’élection. Une fois le parti au pouvoir, il détient l’autorité parce qu’il possède le verdict populaire. Pourquoi se mettrait-il à écouter des factions ou des factieux ? Les purs, les durs, les orignaux, les pressés, etc.
    Et je pourrais continuer comme ça assez longtemps. Le débat que nous voyons sous nos yeux ressemble au jadis Forum *Avant-garde Québec* des années 1996 et suivantes. Aucun progrès dans la discussion. Le statu quo pur et simple.
    Aujourd’hui, Cap sur l’indépendance se colle au PQ. Il vivra les affres des rinistes des années 1967-1968. Il y a maintenant 43 ans, soit approximativement une génération plus tard, et un poids démographique du Québec moins considérable dans la fédération canadienne, sans compter une invasion sournoise de l’anglais dans beaucoup de milieux jadis canadiens-français à Montréal. Le tissu du Québec-Français s’effiloche.
    Bref, j’ai beaucoup de mal à suivre votre raisonnement. Il semble qu’une majorité d’opinions se dégage en ce sens. Les indépendantistes sont d’abord fidèles à l’indépendance nationale du Québec. Et une majorité de Québécois bien organisée et ayant une vision *nationale* claire de l’indépendance nationale du Québec pourrait contraindre l’un quelconque des partis politiques sur la scène nationale québécoise à prendre le véritable chemin de l’indépendance.
    Tous les partis politiques au Québec devraient être sur la corde raide. Il n’aurait plus la chance ou l’occasion de se défiler s’ils veulent prendre le pouvoir à Québec. La population veillerait au grain. (Je ne dis pas l’électorat, mais bien la population, la masse des citoyens et des citoyennes du Québec.) Un choix irrévocable et final serait incontournable. Fini les finasseries, les entourloupettes et la ritournelle politico-partisane-messianique. Il faut dépasser le domaine-des-rivalités-entre-des-partis-politiques-seulement et de mentalité provincialiste, c’est-à-dire fédéraliste inconsciemment. Ce ne sera plus : « À la prochaine fois. » Finiiiiiiiiiiiiiiiii !
    Consulter le commentaire très juste de GV, le 14 juillet, en réponse à Richard Le Hir
    Realpolitik 101 pour les indépendantistes québécois
    Devant la gravité de la situation, le PQ demeure le seul choix réaliste
    Trois enjeux majeurs à court terme : la corruption du régime actuel, la maîtrise de nos richesses naturelles, l’immigration
    Source : http://www.vigile.net/Devant-la-gravite-de-la-situation

  • Jacques Bergeron Répondre

    14 juillet 2011

    Comme Andrée Ferretti a raison.Le plus grand problème vécu par les indépendantistes c'est cette capacité à se détruire tout en détruisant le seul véritable véhicule politique de libération qu'ils et qu'elles aient.Ce n'est certainement pas en se mettant à la remorque de ces gens, ni du «Q Solidaire» et du «PI» que le peuple du Québec pourra crier victoire et vive la liberté dans un pays indépendant de langue française.Et ce n'est certainement pas en ridiculisant Mme Marois par un titre démagogique comme «Le PQMarois» utilisé par un indépendantiste afin de déprécier la chef du PQ que nous ferons avancer notre idéal.Nous n'avons jamais vu quelqu'un nommer le «PQLévesque», même si ce grand politique ne fut jamais indépendantiste,donc incapable de guider le peuple du Québec vers sa libération. Le respect dû à Mme Marois, même si elle ne plait pas à 7% des membres du Parti Québécois et aux démissionnaires du PQ, qui n'ont pas le courage de démissionner de leurs postes de député-e-s «élue-s sous la bannière du PQ», et de se représenter lors d'élections complémentaires comme indépendantistes, ne permet à personne de manquer de respect à celle qui défend notre idéal envers et contre tous les pisse-vinaigre,même si nous ne partageons pas toutes ses opinions. La force du «PLQ» et des partis politiques «fédé» est d'éviter d'étaler sur la place publique leur mauvaise humeur à l'égard de leurs chefs, J.J. Stephan, Jumping Jack et autre chef fédé, alors que les indépendantistes semblent se complaire dans la critique abusive et malsaine de leurs chefs.

  • Jean-Renaud Dubois Répondre

    13 juillet 2011

    Bonsoir Madame,

    ..... « L’acharnement que vous mettez, monsieur Cloutier, à tenter d’abattre le PQ, allié objectif, même s’il ne se reconnaît pas ce rôle, relève d’une mauvaise analyse de la situation que j’essaie encore de croire bien intentionnée. » Andrée Ferretti.
    Vous êtes bien gentille Madame de dire que cela relève surtout "d'une mauvaise analyse".

    Vous avez évidemment raison sur le fond, mais c'est sans compter la forme et le "ton" employé. C'est là surtout que le bât blesse. Sa réponse à votre commentaire pertinent est d'ailleurs du même style !
    J'ai lu dernièrement sa désolante réponse à Mme Hébert ; réponse qui revient toujours sur un passé que l'on ne peut malheureusement changer puisque : le « Parti québécois, dès sa fondation, par sa fondation même marquait le recul de (...)... », dites-vous.

    Moi qui venait me ressourcer sur Vigile ; j'y viens de moins en moins puisque je n'y retrouve plus la modération et le positivisme passé qui caractérisait ce site.
    On préfère trouver des coupables au lieu d'apporter des idées neuves : on semble diviser au lieu de rassembler et bâtir. C'est bien dommage !
    Relisez le texte de Antoine Robitaille où il nous apprend qu'un membre du PI a coupé les jambes de Stéphane Bergeron en lui faisant parvenir un courriel confidentiel ! Si c'est ça le chemin de l'unité tant recherchée...
    Imaginez les jeunes québécois(e)s qui les lisent...vont-ils comprendre cette amertume et ces tirs croisés? Auront-ils le goût de s'investir ? Mission impossible! Ils les font fuir.
    Depuis votre commentaire au Devoir j'ai découvert une femme plein de sagesse et surtout de modération. Voilà enfin un message de construction dont devrait s’inspirer Vigile ; donc, donner la parole aux plus jeunes. Sinon...
    Comment ? Il ne reste qu’à trouver le moyen : facile à dire pour moi, assis derrière un clavier ! Mais c'est la seule clé ou avenue possible pour construire notre Avenir.
    Merci d'être là !

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    oups, fautes corrigées? Pas toutes: mysogénie... on en demande plus de la part des personnes de grand talent. Aux autres, petit rappel. On a en mémoire la graphie du misanthrope (Molière) (haine de l'homme) avec un i et gynéco, du grec gunè, ou gynécée(chambre des dames) (androgyne, mi-homme mi-femme). 'scusez.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    Le mot ci-bas paraît déjà suite à la réponse que me fait Pierre Cloutier.
    Je crois bon de le publier, ici, où mon texte initial semble intéresser de nombreux vigiliens. De plus j'ai corrigé les fautes.
    Je demande à celles et à ceux qui lisent toutes les rubriques de Tribune libre de me pardonner cette répétition.
    Andrée Ferretti
    De vous croire bien intentionné me demande un effort de plus en plus grand, monsieur Cloutier.
    Vous qui prétendez bien connaître l’histoire du Parti québécois, quelle différence fondamentale voyez-vous entre le PQ dirigé par Pauline Marois et celui dirigé par les Lévesque, Bouchard et autres Landry, pour ne parler que de ceux qui ont exercé le pouvoir. S’en sont-ils servis pour promouvoir l’indépendance?
    N’est-ce pas René Lévesque, à l’instigation de Claude Morin qui a adopté la stratégie de l’étapisme, en 1073? Et n’est-ce pas lui qui, en 1976, demandait aux Québécois de voter pour un bon gouvernement? Ce qu’il s’est contenté de réaliser une fois élu. N’est-ce un autre gouvernement Lévesque qui a envisagé de prendre le beau risque du projet Mulroney?
    N’est-ce le gouvernement Bouchard dont le projet de Loi 40 non seulement n’abolissait pas, tel que promis, la Loi 86 votée par le PLQ, une loi qui bien au-delà de la question de l’affichage, avait redonné à l’anglais son statut de langue officielle dans de nombreux processus administratifs et judiciaires et rétabli son égalité juridique avec le français, en plus de valider las clause Canada? Lucien Bouchard ne se reconnaissait-il pas si bien dans cette Loi inique que de seulement envisager son abolition l’empêchait de se regarder dans un Miroir?
    N’est-ce pas Bernard Landry qui à peine cinq minutes après la déclaration de monsieur Parizeau sur « l’argent et les votes ethniques » a été le premier à dénoncer cette prise de position, avant même tous les journalistes du Canada anglais qui couvraient l’événement? Et une fois au pouvoir, malgré la promesse qu’il avait faite de relancer la question nationale, a-t-il pris une seule mesure gouvernementale, législative ou administrative, pour favoriser la promotion de l’indépendance?
    Etc. Etc. Etc.
    Non monsieur Cloutier, Le Parti québécois sous Pauline Marois n’est pas moins ni plus indépendantiste que celui de ses prédécesseurs, des démissionnaires dans tous les sens du terme. Ce que vous ne supportez pas, c’est que le Parti québécois soit dirigé par une femme. Peut-être parce qu’en effet, une femme, au Québec, est la personne susceptible de réaliser l’indépendance. Serait-ce cette perspective qui vous ferait peur?
    Vous donnez à le croire en ne cessant de répéter que vous reviendrez au PQ, quand elle n’en sera plus la chef, sous le faux prétexte qu’il reviendrait alors subitement indépendantiste.
    Ayez donc le courage de n’être pas politiquement correct et avouez votre mysogénie. Cette franchise vous vaudra plus de respect que vos sournoises attaques.
    Andrée Ferretti.

  • Luc Bertrand Répondre

    13 juillet 2011

    Comme plusieurs autres vigiliens, je vous félicite, madame Ferretti, pour votre analyse de l'échec du PQ à réaliser notre indépendance, et même à simplement faire accroître les appuis à cette option.
    La véritable question qui nous divise est la suivante: pour réaliser le plus sûrement et rapidement notre indépendance, vaut-il mieux donner une nouvelle chance au PQMarois (car c'est ça l'option qu'on nous offre) ou tenter de former une coalition indépendantiste et/ou un nouveau parti indépendantiste ou investir l'actuel Parti indépendantiste d'ici la prochaine élection?
    Je m'excuse, madame Ferretti, mais, même s'il est effectivement extrêmement difficile de bâtir un nouveau parti ou une coalition indépendantiste, j'en suis arrivé à la conclusion que le Parti québécois, par son comportement strictement électoraliste et carriériste et son refus de se remettre sérieusement en question, est devenu le principal obstacle à la réussite de notre projet de pays, justement en prenant délibérément les "souverainistes" en otage lorsqu'il est question d'élection et en annihilant, à la racine, toute "autre" alternative sérieuse pour réaliser l'indépendance.
    Comme tente de l'expliquer monsieur Cloutier, nous "boucher le nez" et voter à nouveau pour le PQ actuel (PQMarois) aboutira à une répétition provinciale de l'élection fédérale du 2 mai dernier, le nouveau parti de Legault-Sirois (CAQ) se substituant au NPD, le PQ au BQ et le PLQ au PLC. Même s'ils sont de sources fédéralistes et souvent tendancieux, les résultats des sondages (s'ils comportent au moins 1 000 répondants choisis au hasard dans la population votante québécoise) sont assez fiables pour prédire le résultat d'une élection en temps réel. N'en déplaise aux partisans du "Plan Marois", les projections pessimistes de monsieur Cloutier risquent fortement de se réaliser si Jean Charest décidait de profiter de la situation pour déclencher une élection-surprise cet automne.
    Nous nous retrouverions probablement dans une situation pire qu'au lendemain de la défaite de 2007. Avec le retour des libéraux ou leur remplacement par la CAQ, nous serions quittes pour 4 ans à risquer de voir l'entreprise privée mettre le grappin sur les vaches à lait de l'État québécois, sans davantage - sinon moins - d'espoir que présentement de relancer la marche vers l'indépendance.
    La meilleure contribution que le Parti québécois pourrait faire pour redonner espoir aux indépendantistes, ce serait d'annoncer sa dissolution, dans un geste d'éclat destiné à provoquer un électro-choc à la population québécoise, pour inviter instamment tous les indépendantistes à se regrouper, envisager froidement la situation et créer un nouveau parti essentiellement voué à la promotion et la réalisation de l'indépendance du Québec. S'il trouve le courage d'en arriver à cette conclusion (ce dont je doute fortement), c'est qu'il aura réalisé enfin que sa gouvernance strictement provinciale et que ses atermoiements avec sa stratégie étapiste (référendum) auront davantage nui qu'aidé la cause de l'idée d'indépendance et qu'il convient de se défaire de l'étiquette péquiste pour repartir sur de nouvelles bases et de nouvelles idées. Un choc semblable, qui ne pourrait être escamoté par les médias, serait susceptible d'interpeller la population sur la gravité de la situation dans laquelle se trouve le Québec et que les bases fondamentales de notre démocratie ne nous permettent plus d'adresser les enjeux les plus importants de notre société de manière durable et satisfaisante.
    Reposons donc ainsi la question: voulons-nous entreprendre, dès maintenant, le nécessaire brassage stratégique pour relancer de manière durable et progressive la marche vers l'indépendance ou attendre inutilement encore 4 ans pour faire le même exercice?

  • Marcel Haché Répondre

    13 juillet 2011


    J’ai vu ceux du R.R.Q. l’autre soir, aux nouvelles de R.D.I., aller brasser là où il le fallait. Des jeunes. Des chats de ruelle. Des impatients qui ont du cœur et du nerf. Beau à voir. Réconfortant.
    Mme Marois n’est pas un chat de ruelle. Quand bien même elle essaierait d’en être un, c’est impossible et peine perdue. Mais elle demeure le plus redoutable adversaire des libéraux, nos rats bien québécois.
    Il me semble qu’il y a du chat de ruelle dans les textes de Pierre Cloutier. De l’impatience, cela sans aucun doute. Et puis, le P.Q. a été si souvent un P.Q.-à-marde, que même des chats de salon sortent leurs griffes à l’occasion.
    Je partage totalement votre analyse Andrée Ferretti. Nous sommes présentement condamnés à la patience, après avoir été patients si longtemps…Mais…
    Mais…Décidément, ceux de Mascouche nous ont fait bien plaisir.


  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    
Andrée Ferretti,

    Je l'ai déjà écrit quand vous l'avez exprimée dans une lettre au Devoir: j’approuve votre prise de position.


    Votre appui me réconforte.


    Surtout que vous vous exprimez dans un moment particulier de la vie de Vigile où on a besoin du poids incontestable de votre expérience de militante de l'indépendance.

    Votre engagement vous honore et nous honore.

    Votre jugement politique est sûr.

    A ceux ou celles qui s'opposent à l'élection du Parti québécois aux prochaines élections. je fais le pari qu'ils sont animés de bonnes intentions mais je ne peux m'empêcher de leur citer un proverbe que je les invite à méditer:

    "L'enfer est pavé de bonnes intentions."

    et une pensée du philosophe que je disais à mes élèves trop perfectionnistes:

    Le mieux (inaccessible) est l'ennemi du bien (atteignable).

    Il n’y a aucun doute dans mon esprit que Pierre Cloutier fait une mauvaise analyse de la situation.
    
Avec les conséquences désastreuses que vous décrivez: Jean Charest ou François Legault au pouvoir pendant quatre autres années.


    Robert Barberis-Gervais, 12 juillet, midi trente

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2011

    Mme Ferretti, merci pour cette analyse lucide.
    La situation actuelle me fait penser à un combat de boxe. Dans le coin droit vous avez le grand et puissant Fédéraliste et dans le coin gauche le petit Québécois. Le combat est commencé. Le Fédéraliste se tient bien droit et tranquille dans son coin pendant que le Québécois s'administre des coups de poings à la figure, au ventre, dans les côtes, sur la machoîre. Il est épuisé. La cloche sonne. Le Fédéraliste sourit, toujours en pleine forme. Il contemple le spectacle, assuré d'une belle victoire. Le réel rattrappe les parieurs qui croiyaient que le Québécois gagnerait. Le réel que cela nous tente ou pas, est bien là et c'est lui qui gagnera.

  • Nic Payne Répondre

    12 juillet 2011


    Madame,
    Pour le dire tout simplement : Je ne comprends pas votre raisonnement. Tout en faisant une critique implacable du souverainisme péquiste, vous laissez entendre que ce parti demeure quand même un bon pari pour les indépendantistes.
    Depuis quand nos objectifs se résument-ils à battre, après trois tentatives infructueuses, le parti libéral, sur la promesse de ce péquisme que vous dénoncez sévèrement vous-même ?
    Qu'est-ce qui vous dit qu'un nouveau véhicule indépendantiste, meilleur que ce que nous avons connu jusqu'ici, ne pourrait pas émerger des décombres de ces monuments à la gloire de la procrastination que sont devenus le PQ et le Bloc ?
    Ne sentez-vous pas vibrer sur les médias sociaux l'énergie d'une foule de jeunes indépendantistes motivés et pleins de talent qui trépignent de voir une certaine caste politique leur laisser la place ?
    Ne voyez-vous pas poindre l'espoir de quelque chose de neuf, de décomplexé, notammemt à travers la démarche de quelques récents exilés péquistes, dont certains ne semblent vraiment pas vouloir baisser les bras ?
    Et si l'émancipation d'une dénonciation indépendantiste ferme du péquisme actuel était, contrairement à ce que vous dites, une bonne nouvelle ? S'il s'agissait du signe d'une reprise en main salutaire, d'un sain passage vers une réelle mise-à-jour des perspectives indépendantistes ?
    N'est-ce pas précisément ce qui est en train d'arriver ?
    Combien faudra-t-il que ce parti, dont vous dites qu'il est votre allié, produise de Bouchard, Legault, Charette, Bachand, Johnson, et tant d'autres, pour que vous remettiez en question l'appui -- indépendantiste -- que vous lui accordez ?
    Ce n'est pas la verve de certains intervenants sur Vigile qui discrédite le PQ. Ce parti est parfaitement capable de faire ce travail lui-même. Par ses positions équivoques, il ne parvient pas à rassembler les indépendantistes, mais continue de rebuter ceux qui s'opposent à cette idée. Il professe un souverainisme beige et gris qui tantôt laisse indifférent, tantôt exaspère, mais qui enthousiasme rarement.
    Ce souverainisme ne m'intéresse pas; Je pense qu'il est de nature à retarder l'indépendance, davantage qu'à nous en rapprocher. Dans cette optique, je préfère donner la chance à un nouvel élan indépendantiste de s'organiser sur du solide, même si cela devait entraîner un plus grand risque de prolongement du règne libéral, ce qui par ailleurs n'est absolument pas démontrable. Comme vont actuellement les choses, c'est plutôt le mouvement Legault qui a de bonnes chances de se hisser au pouvoir, et ce, avec une proposition qui, de toute façon, ressemble à celle du PQ sur la question nationale; Legault dit : pas pour l'instant. Le PQ dit : Un jour peut-être. C'est un peu du pareil au même.
    Vous dites que l'appui indépendantiste fléchit, en citant l'affaiblissement du PQ et du Bloc. Je ne suis pas d'accord avec vous là-dessus mais, quoi-qu'il-en-soit, en quoi ce souverainisme dont vous dites qu'il est un échec pourrait-il faire monter cet appui ?
    Vous êtes déprimée ? De plus en plus d'indépendantistes se détachent enfin du souverainisme que vous dénoncez depuis longtemps; Réjouissez-vous !
    N.P.

  • Nicole Hébert Répondre

    12 juillet 2011

    Merci d'exposer ainsi votre point de vue!

  • Gilles Verrier Répondre

    12 juillet 2011

    Nullement aguerri et trempé dans l'action comme se trempe l'épée dans le feu, le PQ au pouvoir pourrait décevoir. Le risque qu'il marche dans les traces du PLQ avec pour seule différence la sculpture de la semelle est bien réel. Un discours ne fait pas une politique et une politique ne fait pas une pratique politique. Jusqu'à présent personne ne sait où irait le PQ une fois élu, mais on s'en doute... Il faudra peut-être une ultime élection du PQ, une ultime déception pour soulever les Québécois, qui sait ?
    Pour ce qui est de la présente opposition entre vous et M. Cloutier, je dirais trop tôt pour conclure. Vous pourriez avoir raison autant que M. Cloutier. Voilà où nous en sommes.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2011

    [1] Je vous répondrai simplement.
    [2]Vous n'avez pas mis les pieds au Parti Québécois depuis fort longtemps et vous ne connaissez ni son histoire, ni son programme, ni ses statuts.
    [3] Je ne suis pas contre le Parti Québécois. Je suis contre le PQMarois. Pas pareil. Exactement comme vous étiez contre la dissolution du RIN au profit du PQ contre Bourgault.
    [4] Parizeau, Landry, Beaudoin, Curzi, Lapointe, Aussant et les autres seraient tous dans l'erreur?
    [5] Ce n'est pas le PQ que je rejette. C'est le PQ avec le plan Marois. Mais semble que c'est assez clair.
    [6] Si le plan Marois est abandonné, je reviendrai au PQ, mais pas avant.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2011

    Chère Andrée,
    Je pense comme vous et je déplore le jeu politique de la roulette russe avec ces stratégies qui, toute réalistes qu'elles soient, requierent une mobilisation, une convergence qui ne peut être que vers une vrai force stratégique qui se trouve essentiellement au PQ.
    Hélas L'ami Cloutier est animé des plus nobles intentions qui sont aussi nôtres, mais quelle impatience quand même!
    Gaëtan Dostie

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juillet 2011

    Madame Ferretti,
    J'espère que votre contribution contribuera à nous sortir, sur Vigile du moins, de cette ambiance machiste qui assombrit la qualité des débats.
    Je réfléchis, je tends des perches, je suggère. D'autres le font, souvent en mieux, mais l'important c'est de contribuer avec honnêteté, sans hargne.
    Nous sommes lus, et ce faisant nous pouvons inspirer. En ces temps difficiles, nous pouvons contribuer à développer une tendance. Il existe des moments de réflexion fort pertinent sur ce site. Mais il y a aussi des egos chargés de fureur qui cherchent à nuire à cette réflexion dont nous avons tant besoin.
    Je partage parfois votre opinion, parfois non. Et vous de même envers ce que j'écris sur Vigile. Mais nous nous rejoignons sur ce fait: le PQ n'est pas un ennemi à abattre. Un adversaire? Pour moi non. Le PQ, expression de notre aliénation plus ou moins consciente? Oui. La nation, elle, a un sapré problème, confinée qu'elle est dans son "confort et l'indifférence".
    Merci madame Ferretti, et puissions-nous grâce à votre intervention quitter ce détestable enclos où des coqs se livrent des combats dont les gagnants ne pourront qu'être des perdants.
    Donc, si je vous ai bien comprise, nous passerions à un autre appel? Je suis d'accord.