Un nouvel égo-trip?

Tribune libre 2011


Bien que je suive régulièrement et attentivement la politique québécoise, notamment les prises de position et les actions du Parti québécois, j’ignorais complètement l’existence de Jean-Martin Aussant jusqu’au 11 juin 2011. Participant, ce jour-là, au colloque des IPSO dont il était un des panélistes, j’ai découvert le « monsieur » qui a livré un bon discours, un très bon discours dont chaque thème, chaque idée, chaque phrase me rappelaient un thème, une idée, une phrase entendus, il y a plus de 40 ans dans la bouche de Pierre Bourgault qu’on peut redécouvrir en lisant Écrits politiques.
Même sans la fougue oratoire de son prédécesseur, Jean-Martin Aussant exposait « ses » opinions de manière convaincante, d’autant plus qu’énoncées dans un discours bien structuré, sur le ton posé de l’universitaire bien documenté, qui plus est, de l’économiste, ce spécialiste qui, à l’égal du météorologue, se distingue par ses analyses et prévisions le plus souvent erronées.
Le hic, c’est que ce colloque des IPSO avait pour objectif de renouveler le discours indépendantiste.

J’apprends aujourd’hui que ce monsieur Aussant songe à créer un nouveau Parti indépendantiste qui répondrait mieux que le Parti québécois aux aspirations actuelles d’indépendance de la nation québécoise. Ce qui n’est pas bien difficile, le Parti québécois n’ayant jamais été indépendantiste. Ce qui est plus ardu, c’est de démontrer pourquoi et comment en 2011, l’indépendance demeure un objectif vital, plus urgent que jamais à réaliser.
Or, même si demeurent fondamentalement inchangées toutes les conditions historiques qui, depuis la conquête anglaise de 1760, la défaite des patriotes en 1837-1838, la perte des référendums de 1980 et de 1995, il n’en demeure pas moins que notre lutte actuelle doit se mener sur des champs de bataille et avec des armes qui ont peu de points en commun avec les discours et les actions des années 1960-1970.
Bref, Je souhaite sincèrement à monsieur Aussant et à la nation québécoise que l’été lui porte conseil, lui révélant entre autres choses que l’indépendance ne sera jamais le résultat d’un égo-trip.
Andrée Ferretti

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Andrée Ferretti124 articles

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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2011

    Andrée Ferretti
    Mme Ferretti, je n'aime pas du tout votre billet sur Jean-Martin Aussant.
    D'abord vous faites à Jean-Martin Aussant le coup du "monsieur" que Lucien Bouchard a fait à Amir Khadir, votre co-chef. Inconsciemment sans doute mais il faut croire que le langage du mépris est universel.
    Vous ne connaissiez pas Aussant avant sa démission! C'est votre problème et ça parle plus de vous (comme c'est souvent le cas, vous qui n'avez pas d'ego) que de Jean-Martin Aussant.
    Aussant c'est le A du groupe ABCD, une série de quatre vidéos qu'on peut voir depuis des mois sur le site du Parti québécois (pq.org), vidéos qui expliquent le bien-fondé de la souveraineté. Aussant c'est le député qui déstabilisait la ministre des finances Monique Jérôme-Forget par ses questions et ses remarques en commission parlementaire. Aussant, c'est le député compétent en économie qui met le ministre des finances Raymond Bachand sur la défensive à la période des questions. Le vidéo de sa prestation au colloque des IPSO est remarquable.
    Ensuite, votre référence à Pierre Bourgault pourrait servir d'éloge pour Aussant. Au contraire, ça sert à le dénigrer.
    Aussant a eu le courage de dire que Pauline Marois pourrait être une bonne première ministre mais qu'elle n'a pas "le tirant" pour nous conduire à l'indépendance. Pourquoi ne pas le dire que c'est ce qui vous dérange au lieu de jouer au chat et à la souris avec une phrase négative suivie d'une phrase positive.
    Les concepts d'ego et d'ego trips ne mènent nulle part. C'est de la psychologie 5-10-15. On m'a déjà fait le coup et j'ai trouvé ça niaiseux.
    En vous lisant, j'ai pensé à une phrase de Chateaubriand:
    "La malveillance et le dénigrement sont deux caractères de l'esprit français". Andrée, vous êtes bien française.
    Pour mieux connaître "ce monsieur" (comme dirait Lucien Bouchard), prière d'aller sur le site web de l'Assemblée nationale: conférences de presse du 7 juin. Cliquez sur "transcription".
    Robert Barberis-Gervais, 22 juin 2011

  • Jacques Bergeron Répondre

    22 juin 2011

    Toutes ces personnes furent élues sous le parapluie du Parti Québécois.Comment,aujourd'hui,peuvent-elles fausser compagnie à leurs électrices et à leurs électeurs qui les ont élu-e-s sans les trahir? Ne devraient-elles pas démissionner comme député-e-s, dans un 1er temps», puis se faire réélire sous leur nouvel imperméable «?» d'indépendantistes indépendant-e-s, ou sous un autre manteau lors d'élections complémentaires? Combien de fois avons-nous dénoncé les transfuges politiques passant d'un parti politique à l'autre sans consulter leurs électrices et leurs électeurs.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    21 juin 2011

    Mme Feretti,
    Je vous trouve bien dure, voire même injuste, envers M. Aussant. Il n'y est pour rien.
    En revanche, vous avez tout à fait raison sur le non renouvellement du discours indépendantiste, et je me suis justement fait cette réflexion à l'issue du colloque, une réflexion que j'ai d'ailleurs partagée avec quelques camarades.
    Quarante ans pour se retrouver au même point, c'est troublant.
    C'est même gênant.
    Richard Le Hir

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    21 juin 2011

    La dernière chose que le mouvement indépendantiste a de besoin, c'est d'un nouveau sauveur sur les épaules duquel nous pourrions nous débarrasser du rôle que nous avons à jouer tous ensemble pour réaliser l'indépendance.