Une conquête salutaire ou la libération d'un piètre colonisateur...

Ainsi, une évidence historique s'impose. Jamais, nous n'aurions le niveau de vie actuel si nous avions vécu sous le joug colonial français jusqu'au 19e ou 20e siècle.

"À l'évidence"... un historien fabuliste...

Avant de traiter des conséquences de la Conquête anglaise de 1763 en termes positifs, voire salutaires, j'ose inviter certains à mettre de côté leurs oeillières de colonisé face à la France. Car il existe dans l'inconscient collectif québécois, un sentiment affectif qui semble rendre incapable la compréhension de certaines évidences historiques de ce temps.

Une des premières évidences historiques se vérifie dans tout le mépris de la noblesse française face à la Nouvelle-France. Quand on effectue des recherches historiques sur le sujet, on ne peut passer outre de ce qui se dégage de la noblesse française de ce temps, c'est-à-dire un dédain ouvert face à ce pays dit de sauvages et de barbares. Tout historien objectif pourrait ici en conclure que le pire ennemi de la Nouvelle-France aura été la noblesse française. D'ailleurs cette noblesse est elle-même tellement honnie en terre de France, que cette haine résultera en l'abolition de la monarchie quelques décennies plus tard avec la Révolution...

Ce caractère hautain, voire dédaigneux, de l'esprit français se retrouvera jusque sur les champs de bataille où les généraux français imposeront leur stratégie à l'européenne (bataille rangée) face aux conceptions canadiennes d'ici qui préfèreraient une guerre d'embuscades.
Catastrophe? Non, gains importants!
Il m'apparaît inconcevable aujourd'hui que l'on puisse pleurer de la sorte sur le sort de la France en Amérique quand on considère à la fois l'attitude pitoyable de la France, et les gains apportés par la Conquête anglaise. Mais historiquement, la propagande nationaliste et ultramontaine catholique, toute imprégné d'anglophobie, aura réussi à faire passer la Conquête anglaise pour une catastrophe. Or, je crois que la colonisation britannique de l'Amérique est un des plus grands succès historiques.
En effet, de cette colonisation émergent deux pays (États-Unis et Canada) qui sont aujourd'hui parmi les plus puissants de cette planète. L'Empire britannique a su miser sur la primauté du droit et de l'entrepreneurship pour bâtir une nation, alors que la France se vautrera dans une mentalité de privilèges qui la mènera à une Révolution chaotique dont elle se relèvera douloureusement...
Cette affreuse propagande nationaliste et ultramontaine catholique aura réussi à occulter deux évidences historiques: la noblesse française aura été un obstacle au développement de la Nouvelle-France, de la même façon que l'Église catholique aura été un obstacle du même ordre pour le développement du peuple canadien-français. Et cela n'est pas la faute des «Anglais»... Au contraire, les Anglais auront tout fait pour développer l'Amérique par leur mentalité entrepreneuriale et leur notion de la primauté du droit. Mais l'anglophobie a été tellement forte au Québec qu'elle en aura conditionnée des grands pans de notre histoire.

Contraints à l'émancipation
Aussi, il faut considérer que si la Conquête anglaise n'avait pas eu lieu, il aurait fallu un jour prendre les armes à notre tour pour accéder à l'indépendance, exactement comme les Haïtiens l'ont fait face à la France au début du 19e siècle. Faut-il préciser que les sujets français n'avaient aucun droit en Nouvelle-France? Il aurait donc fallu à notre tour s'émanciper de ce pitoyable colonisateur que fut la France. Oui, ce pitoyable colonisateur dont les colonies devaient servir essentiellement à l'enrichissement de la métropole, peu importe les conditions de vie dans les colonies... Ainsi, une évidence historique s'impose. Jamais, nous n'aurions le niveau de vie actuel si nous avions vécu sous le joug colonial français jusqu'au 19e ou 20e siècle.

Je suis de ceux qui remercie la Providence de nous avoir débarrassés d'un colonisateur si méprisant, hautain, dominateur, et sans vision que fut la monarchie française et sa noblesse...
Michel Gaudette, historien


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