Les libéraux veulent augmenter les frais de scolarité dans les cégeps et les universités.

Une autre belle connerie !

Nos revenus servent donc à la guerre plutôt qu’à la santé et l’éducation.

Tribune libre - 2007



Depuis des mois, les médias conditionnent la population à l’idée d’augmenter les droits de scolarité au Québec. On présente la hausse des frais de scolarité comme étant quelque chose de raisonnable, inévitable et souhaitable. Dans une unanimité suspecte, les médias s’entendent aussi pour affirmer d’une part que le Québec a un rattrapage à faire par rapport à la moyenne canadienne et d’autre part, que l’Ontario et les Etats-Unis sont beaucoup plus cher que chez nous. Comme on le voit, il s’agit là de très beaux points de comparaison. Mais avouez-le ! Il faut quand même être VACHEMENT CULOTTÉ pour venir donner des leçons d’économie et prôner des hausses de frais de scolarité quand on vit dans la ouate. Après tout, ce sont des politiciens, des recteurs et des éditorialistes, tous à gros salaires, qui tapissent le paysage médiatique de leurs opinions sur le sujet.
Parmi les arguments invoqués, notons, entre autres, la fausse perception selon laquelle les étudiants, ayant peu à payer, n’offriraient ainsi que peu ou pas d’efforts pour se diplômer. Disons d’entrée de jeu qu’à l’exception de quelques « études » patentées de l’Institut économique de Montréal, de l’ÉNAP ou des HEC, rien au moment où l’on se parle ne permet d’étayer cette affirmation. L’argument de la responsabilité scolaire est faux ! D’abord, parce que les étudiants paient déjà des frais afférents galopants depuis plusieurs années. Ces frais ne font l’objet d’aucune règlementation et sont augmentés régulièrement. Cette façon scandaleuse d’aller chercher de l’argent dans les poches des étudiants est, de manière évidente, un stratagème pour percevoir d’une autre façon ce que la loi interdit, en nommant ces ponctions autrement que par le vocable de « frais de scolarité ». Mais c’est tout de même d’argent dont on parle ! Ensuite, parce qu’en comparaison des revenus moyens, le niveau d’endettement des étudiants est tout de même très élevé, ce qui les pousse vers les diplômes ou… le décrochage.
Bien sûr, nos économistes du dimanche n’ont pas pensé à inclure ces frais afférents dans leurs savants calculs comparatifs avec nos États voisins. Pas plus d’ailleurs que nos éditorialistes n’aient songé à poser quelque question que ce soit sur le sujet, se contentant plutôt de suivre le gouvernement Charest comme des moutons de Panurge.
Curieux ! Personne non plus pour parler des États européens qui offrent la gratuité scolaire ? C’est pourtant vers cela qu’il faut tendre à l’âge d’or du décrochage scolaire que nous vivons présentement et au moment même où certaines spécialisations sont en grave pénurie de main-d’œuvre dues essentiellement au déclin démographique. C’est le cas entre autres en psychiatrie et en médecine légale.
Par contre, ce qui est absolument certain et ce que nous savons, c’est que toute hausse de tarif quelle qu’elle soit entraîne une restriction de l’accessibilité. Cela est une règle comptable incontestable. Et là sera l’effet direct de cette hausse proposée par les libéraux. Un geste irresponsable qui entraînera de graves conséquences, autant que les mises à la retraite massives du gouvernement de Lucien Bouchard.
De plus, ce gouvernement, qui prétend avoir de multiples problèmes de revenu, n’a pas le courage de rapatrier ceux qui nous sont volés par le gouvernement central d’Ottawa. Monsieur Charest préfère écumer les poches des étudiants québécois et aller faire le « rack à bécique » devant monsieur Harper plutôt que de faire montre d’un minimum de dignité. Nos revenus servent donc à la guerre plutôt qu’à la santé et l’éducation.
Deuxièmement. La perception populaire veut aussi que les argents mis en l’éducation soient perçus comme des dépenses et non comme des investissements. Pourtant des État beaucoup moins riches que le nôtre ont compris l’importance de donner l’accès libre et gratuit aux écoles. Cuba est un de ceux-là par exemple, où l’on forme les meilleurs médecins, alors que ce minuscule pays ne dispose que d’une infime fraction de la richesse du Québec. Ne trouvez-vous pas cela gênant ?
Troisièmement. Chez nous, les entreprises privées sont prêtes à investir en éducation pour autant qu’on leur laisse le droit de s’afficher et surtout de mettre leur grain de sel dans les protocoles de recherche. Autrement, elles préfèrent garder leur argent pour elles et sont réfractaires à toute demande d’implication supplémentaire de leur part. Autrement dit, elles sont prêtes à donner pourvu que ça rapporte. Pourtant, ne sont-elles pas les premières bénéficiaires des compétences des diplômés qui sortent de nos écoles ? Si l’on faisait le même calcul coûts-bénéfices que l’on fait pour les étudiants et qu’on appliquait ce même calcul à l’entreprise privée, on se rendrait compte que l’École est chez nous une subvention directe aux entreprises et surtout que la part payée par celles-ci est insignifiante. Mais ça, pas un mot non plus là-dessus. Pas question bien sûr de frais de scolarité pour les entreprises que l’on soulage plutôt des taxes sur le capital.
En terminant, depuis quand les étudiants sont riches au Québec ? N’est-ce pas ce gouvernement qui avait promis de réduire le fardeau sur les épaules des plus petits ? Et bien au contraire, il n’en finit plus de nous inonder de hausses de tarifs de toutes sortes, comme si les revenus avaient suivi cette tendance ascensionnelle. Eh bien je regrette mais ce n’est pas le cas. De deux choses l’une, pour croire que la réponse au sous-financement en éducation se trouve dans les poches des étudiants, ou bien il faut avoir fumé ou sniffé je ne sais quoi, ou bien donc le gouvernement Charest fait montre d’un cruel manque de jugement. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Dorénavant, quand ce gouvernement attaquera André Boisclair sur son jugement, vous saurez quoi répondre…
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Daniel Lévesque


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