Un sommet de la honte

France-Québec : fin du "ni-ni"?



Alors, Louise Beaudoin, comment on se sent quand, après avoir tant couru après la France dans l’espoir de recevoir une petite tape dans le dos pour appuyer notre lutte pour l’indépendance, on se fait dire par le prince du moment, Nicolas Sarkozy, que «l’unité canadienne est nécessaire à la refondation du capitalisme à la suite de la crise financière internationale.»
On continue à faire confiance à cette France sarkozienne aux amitiés douteuses ou on ravale sa salive et on cherche ailleurs les appuis nécessaires?
Non content de refroidir les ardeurs de cette cour improvisée autour de sa petite personne, le président Sarkozy, cette figure autoritaire de l’Europe nouvelle rêvée par Bush et Rumsfeld, en a rajouté, comme pour être bien sûr d’être compris: «Franchement, s’il y a quelqu’un qui aimerait dire que le monde aujourd’hui a besoin d’une division supplémentaire, c’est qu’on n’a pas la même lecture du monde.»
Avez-vous applaudi à cette attitude des plus paternaliste et condescendante, mesdames Louise Beaudoin et Pauline Marois, et messieurs Lucien Bouchard et Bernard Landry? Il semble bien que oui, même si, quelques heures plus tard, après la condamnation sans équivoque de Jacques Parizeau, certains d’entre vous ont réajusté le tir.
Quel triste spectacle, tout de même!
N’est-ce pas Jean-François Lizée qui a raison, en qualifiant la prise de position de Sarkozy de «faux pas diplomatique important»? N’est-ce pas Mario Dumont qui a raison et qui voit dans ces propos, tout en s’en réjouissant bêtement, une condamnation de nos luttes, faisant des souverainistes «un parti du passé»?
Mario Dumont, n’avez-vous point honte de vous réjouir ainsi parce que, selon vous, les péquistes se sont fait enfoncer dans la gorge «que leurs obsessions sont du passé»? Hier, vous tentiez un rapprochement avec les conservateurs, ce qui a été loin de vous servir, étant donné leur déconfiture au Québec, et maintenant vous cherchez à faire copain-copain avec celui qui nous fout des gifles en pleine face alors qu’on s’attendait à recevoir un baiser. Le combat pour faire du Québec un pays, ce n’est pas juste l’affaire du PQ.
C’est l’affaire de tous les Québécois, vous devriez le savoir, puisque même nos adversaires ont reconnu que nous formons une nation. Parce que vous vous réjouissez de nos reculs, de nos méprises, de nos défaites, vous ne méritez que notre plus profond mépris.
En effet, on n’a pas la même lecture du monde, M. Sarkozy, vous n’avez jamais si bien dit. Nous venons de deux mondes totalement différents, l’un qui s’est nourri du pillage des nations conquises, l’autre qui cherche à s’affranchir de toutes les tutelles. Et nous ne luttons pas pour les mêmes objectifs. Comment pourrait-il en être autrement, en effet, quand parmi vos amis les plus intimes se trouve un ennemi juré de notre lutte, Paul Desmarais, sans qui vous ne seriez pas à l’Élysée, selon votre propre aveu?
Il est bon de rappeler d’ailleurs que lorsque vous avez remis la Légion d’honneur à votre «ami canadien», en février dernier, il y avait, parmi vos invités, de nombreux hommes d’affaires impliqués dans les négociations pour la gestion et le contrôle de l’eau et le traitement des déchets, de grosses pointures qui brassent de non moins grosses affaires des deux côtés de l’Atlantique, ainsi que le premier ministre du Québec, Jean Charest, «en voyage privé»! Il a applaudi, lui aussi, à vos propos, mais cela n’est pas une grosse surprise.
Voici comment un écrivain africain résumait justement les agissements de la France en Afrique francophone: «Envahir, intimider, manipuler, affronter les peuples, exproprier leurs richesses...»
Rappelons que la France a, en permanence, 12 000 effectifs militaires dans des pays africains, dont Djibouti, le Tchad, la République centrafricaine et la Côte d’Ivoire. Alors, ce genre d’amis «intéressés», on peut s’en passer.
Finalement, quelle honte, ce Sommet de la francophonie, où les dignitaires du monde entier sont placés sous la protection de policiers unilingues anglais dans cette deuxième ville française du Québec, des policiers de la Gendarmerie royale du Canada accoutrés de leur uniforme de bouffon.
Et sous le patronage de l’omniprésente représentante de la Reine d’Angleterre au Canada, madame la gouverneure générale. On en a marre!
Pendant ce temps, à Caracas, au Venezuela, 139 intellectuels provenant de 65 pays ont participé à la VIIIe Rencontre mondiale du Réseau d’intellectuels et d’artistes en défense de l’humanité.
Plutôt que de réclamer, comme l’a fait Sarkozy, une réforme du capitalisme qui ne ferait qu’aggraver la situation des pays pauvres, ils ont plutôt plaidé en faveur d’une autre alternative qui tienne compte des réels besoins des populations, surtout celles du Sud, qui sont les plus vulnérables. On en redemande!


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