Michel Dolbec - Dans un [«point de vue» publié vendredi dans le quotidien Le Monde, Jean-François Lisée s'attaque au président Nicolas Sarkozy->15800] pour sa récente prise de position en faveur de l'unité canadienne.
«Le Québec a donc goûté à la méthode Sarkozy en affaires internationales. Un mélange d'impulsivité et d'opinions nourries par ses amis des milieux d'affaires. Une propension à sacrifier les équilibres stratégiques à long terme au profit du gain tactique immédiat», écrit l'ex-conseiller des premiers ministres Jacques Parizeau et Lucien Bouchard.Le ton de l'article, intitulé «Quand Sarkozy enterre de Gaulle», est cinglant. «C'est plus fort que lui, il ne pouvait pas se taire», lance Lisée, pour expliquer que le chef de l'État français, «lâchant le morceau», se soit ainsi «libéré du carcan diplomatique que lui avaient imposé ses conseillers et son aile gaulliste».
Jean-François Lisée rappelle que «le remplacement du «Vive le Québec libre!» du général de Gaulle par le «non à la division du Canada» de Nicolas Sarkozy» est survenu au moment où le président tentait de convaincre Stephen Harper de soutenir son projet de tenir un sommet mondial pour «refonder» le capitalisme.
«C'était sa tâche du moment. Les états d'âme du Québec ne faisaient pas le poids dans la balance», poursuit-il, en rappelant que le chef de l'État français a rompu avec une «tradition patiemment entretenue depuis quarante ans».
«Mais, l'essentiel, pour le président, n'était pas que le Québec soit «libre» ou plus simplement «libre de ses choix». L'essentiel était que Nicolas Sarkozy soit libre et soulagé de donner son opinion, quelles qu'en soient les conséquences pour le peuple du Québec», conclut Jean-François Lisée, également directeur exécutif du Centre d'études et de recherches internationales de l'Université de Montréal.
Dans son article, M. Lisée révèle aux lecteurs du Monde que le président français «était en colère contre la presse québécoise plutôt que contre son propre écart». Il n'en tenait pourtant qu'à lui, signale l'ancien conseiller souverainiste, de corriger le tir.
Selon Jean-François Lisée, en effet, Nicolas Sarkozy aurait «pu clore le débat en affirmant lui-même, avant de quitter le sol québécois, avoir été mal compris. Il aurait fallu qu'il jette du lest en reprenant la formule de ses prédécesseurs voulant qu'évidemment, la France accompagnerait le Québec dans ses choix».
Car pour le reste, reconnaît Lisée, les indépendantistes se satisfaisaient «à l'avance» d'entendre le président répéter que les Québécois étaient des frères et les Canadiens des amis.
Les souverainistes, explique-t-il, «savaient qu'on atteignait probablement avec cette riche nuance la limite de ce qu'ils pouvaient espérer».
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