Ils ont nourri la bête.

Un retour avant les résultats

Élection fédérale du 2 mai 2011 - au Québec : une « insurrection électorale »

Un bref retour avant les résultats. Quelle campagne? Sur quels enjeux? La guerre? L'environnement? La culture? Le respect des institutions? La participaton citoyenne? La moralité publique? La transparence? Le respect des droits de la personne? Le rayonnement international? Rien de tout cela. Il fut question un peu d'économie, davantage de matières qui ne regardent pas le fédéral (santé, éducation, développement régional, etc) et beaucoup de "vague". Bref, il fut beaucoup question du processus et très peu du contenu.
Comment expliquer qu'une formation sans moyens, sans organisation, sans équipe et sans candidats pour faire campagne puisse se gagner des points dans la faveur populaire sans même que l'on débatte de sa proposition? Pourtant il y a bien eu campagne! Et quelqu'un pour la faire!
Avançons deux hypothèses. Une première qui veut que devant un horizon bouché, des gens, espérant forcer le jeu, jettent dans le trafic des acteurs totalement inconnus "qui tout en ne faisant pas pire que les autres" changeront la donne. Cette première hypothèse postule que le peuple québécois rejette l'immobilisme de la situation qui lui est faite et aspire à son règlement.
La deuxième hypothèse a trait aux mutations intervenues dans les véhicules du débat public. Globalement et plus ouvertement, les grands médias conglomérés sont en mission. Ils portent un projet politique et économique. Au Québec, leur petit nombre exacerbe la très forte concurrence marchande qu'ils se livrent. Sans compter que leurs relais d'information continue les obligent à être alimentés en flux constant. "Nourrir la bête" disent-ils. Alors il leur faut fabriquer eux-mêmes l'information. D'où la multiplication des sondages, des anecdotes, du périphérique et des accessoires au détriment des contenus politiques plus arides et moins maléables et eux-mêmes syncopés au traitement.
Sur le terrain, le NPD faisait une campagne minimaliste. On comptait ses candidats sérieux sur les doigts d'une seule main. Le reste: des noms et visages sur les poteaux. Mais sort le sondage "politique" et douteux de CROP-La Presse sous le titre, "Le NPD en avance". Et pourtant il ne s'était rien passé d'important de son côté. Mais sa campagne était lancée. On connait la suite. Ils ont nourri la bête.


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