Feu de paille et coup de foudre

Élection fédérale du 2 mai 2011 - au Québec : une « insurrection électorale »


Depuis le débat télévisé des chefs en français, le Québec s'est amouraché de Jack Layton, un gars qu'on vient de découvrir et qui posséderait -tout à coup -toutes les vertus nécessaires à bien représenter les intérêts du Québec. Feu de paille ou coup de foudre ?
Le Québec et les «faiseux» d'images aiment créer des phénomènes éphémères. La récente fièvre en faveur de Jack Layton n'est pas sans rappeler celle envers Mario Dumont. On voyait Mario partout. Mario était devenu l'homme de la situation. Puis, on a commencé à fouiller au sein de l'équipe pour s'apercevoir que Dumont n'était qu'un rêve -comme la fameuse chanson de Céline Dion. Une équipe inexistante, et des squelettes plein la garde-robe et surtout une faiblesse marquée dans un programme politique complètement bidon. L'ADQ était devenue le parking des frustrations politiques des Québécois, et Mario Dumont ne faisait qu'en incarner ce triste spectacle désolant.
L'engouement récent pour Jack Layton comporte des similitudes. Bien que l'envergure de Jack Layton n'ait rien à voir avec la faiblesse de Dumont, il n'en demeure pas moins que le programme du NPD et le leadership de Layton demeurent tous les deux assez méconnus de la population. De plus, on ne connaît pas grand-chose de l'équipe de Layton au Québec. Beaucoup de candidats ont été choisis sur le tard. Bien peu ont l'expérience du pouvoir et l'implication au sein des communautés qu'ils prétendent vouloir représenter. Combien de candidats du NPD peuvent réellement s'exprimer en fonction des préoccupations locales et régionales du Québec ? Combien d'électeurs pourraient nommer le candidat du NPD de leur propre circonscription ?
Oui, certaines personnes peuvent être lasses de voter pour le Bloc. Mais ce sentiment n'est-il pas le propre de cette campagne au niveau national ? Harper n'inspire rien d'autre qu'un
temps gris et froid d'automne alors qu'Ignatieff brille par son amateurisme et son n'importe-quoi. Rien dans cette campagne n'est au menu pour inspirer les débats. Le seul argument de Harper pour justifier sa réélection est basé sur la «nécessaire stabilité» afin de poursuivre les efforts de la reprise économique. Harper, c'est comme l'hiver qui n'en finit plus de finir. On est tous écoeuré de cette formation politique meublée d'hypocrites de la droite religieuse sous de nobles couverts économiques.
Dans cette atmosphère de déjà-vu, il n'est pas étonnant d'entendre à nouveau les mêmes arguments, y incluant ceux du NPD qui n'apportent rien de nouveau dans le débat. Certains diront que Jack a une bouille sympathique. Qu'il est Québécois -lui aussi. Et puis après ? Jack est beau bonhomme. Jack parle bien français. Jack a servi le café chez Tim Horton. Jack a annoncé le premier but des Canadiens. Malgré toutes ces belles impressions, qu'est-ce que Jack a à offrir de plus que ma candidate du Bloc dans la circonscription de Beauharnois ? Qui a fait le boulot au cours des trois dernières années, et qui a mené de front les dossiers afin de faire cheminer nos revendications et nos gains vis-à-vis la machine fédérale ?
Avant de voter le 2 mai, il faut faire le bilan de nos candidats locaux. Comme c'est le cas dans un couple qui prend de l'âge, on peut toujours être tenté par l'aventure d'un soir avec la belle sirène au corps ferme et savoureux. Les lendemains de veille sont malheureusement bien différents. Mieux vaut rester avec le Bloc encore une fois.


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